Voilà un quart de siècle que l’un des monuments du quatrième art algérien Azzedine Medjoubi a tragiquement disparu, laissant en héritage pour les nouvelles générations des œuvres qui resteront immortelles.
A l’occasion de la commémoration des vingt-cinq ans de son assassinat par l’hydre terroriste, le Théâtre national algérien Mahieddine Bechtarzi lui a rendu, avant-hier, un vibrant hommage en présence de sa veuve Amina Medjoubi et de quelques figures du théâtre algérien. Cette commémoration a débuté par une cérémonie de recueillement, présidée par le directeur du TNA, Mohamed Yahiaoui, et organisée par sa veuve sur le lieu, hautement symbolique où Azzedine Medjoubi a perdu la vie, devant l’enceinte même du TNA. Les nombreux présents ont déposé des gerbes de fleurs sur cette place tragique, afin d’honorer cet homme qui a tant donné à la culture algérienne. Lors de cette émouvante cérémonie, Hamid Rabia a pris la parole en rappelant dans un beau texte poétique le riche parcours de Azzedine Medjoubi, passant en revue sa carrière artistique prolixe. L’orateur ajoute que cette commémoration est aussi un devoir de mémoire et l’occasion de faire connaître son parcours à la nouvelle génération. De son côté, Amina Medjoubi a prononcé un discours dans lequel elle a remercié les participants et a confié que «cela fait 25 ans déjà qu’il nous a quittés, je suis là parmi vous, pour être debout avec tous ceux qui sont là pour lui et pour tous ceux qui sont tombés pour leur art et leurs idées ». Elle ajoute que «Azzedine était toujours une source de joie et de gaité pour sa famille et ses amis. C’est important de ne pas l’oublier. Mais, il faut aussi penser à l’avenir des artistes d’aujourd’hui et de demain». Elle ajoutera, en s’adressant aux jeunes présents, que « c’est à vous les jeunes de faire bon usage de l’héritage que vous ont légué les anciens ».
Tarek Nasseri dans la continuité de l’œuvre de Medjoubi
Le public a ensuite assisté au monodrame inspiré de « Hafila Tassir », « Hafila Tassir 2 », écrit et interprété par Tarek Nasseri et produit par « l’Association de théâtre des artistes libres » d’Azzaba, la ville qui a vu grandir Azzedine Medjoubi. Dans un espace scénique ouvert et dénué de décor, Tarek Nasseri joue le fils de Cherif Zaouali, personnage incarné par Azzedine Medjoubi dans les années 1990, qui lui aussi se retrouve devant le juge pour avoir détourné un autobus vers l’hôpital où son épouse enceinte lutte contre la mort.
Le jeune homme raconte son histoire d’amour avec Wafa, sa modeste condition, comme celle de son père, et son refus de voir son épouse mourir dans un hôpital comme sa mère Djamila, incarnée dans la pièce originale par Dalila Hellilou. Si le contexte de la pièce reste inchangé, Tarek Nasseri propose une actualisation du quotidien du citoyen de modeste condition qui « peine à accéder à son droit aux soins, au travail ou au logement » et qui finit par « connaître le même sort que ses parents » trente ans plus tôt. En plus d’avoir repris des répliques du dialogue de cette pièce, mise en scène par Ziani Cherif Ayad et adaptée du roman « le Voleur d’autobus » de l’Egyptien Ihsan Abd Al Quddous, « El Hafila Tassir ». Cette nouvelle version intègre également des passages audios de la version de Azzedine Medjoubi.
Assassiné par des terroristes le 13 février 1995 à Alger, à la porte du Théâtre national Mahieddine-Bachtarzi, dont il était directeur, Azzedine Medjoubi avait marqué les planches par sa présence et ses brillantes prestations en tant que comédien et metteur en scène, contribuant pendant trente ans à l’épanouissement de la culture et au développement du théâtre algérien. Assassiné à lâge de 49 ans, Azzedine Medjoubi, qui compte à son actif de grandes oeuvres, avait campé des rôles dans plusieurs pièces comme « Bab El Foutouh » et « Galou Laârab Galou » en plus d’avoir mis en scène « Ghabou Lefkar » et « Aâlem el Baouch » primée au Festival de Carthage en Tunisie. Il avait aussi tenté l
expérience du théâtre indépendant en créant, en 1990, la compagnie « Masrah El-Qalâa » avec des compagnons de route comme Sonia, Sakina Mekkiou, de son vrai nom, M’hamed Benguettaf, et Ziani Cherif Ayad. En plus de ce riche parcours sur les planches, Azzedine Medjoubi avait investi le grand écran dans des productions comme « Journal d`un jeune travailleur » de Mohamed Iftissane, « Automne 1983 » de Malik Lakhdar Hamina ou encore «Youcef ou la légende des sept dormants » de Mohamed Chouikh.