Cette formule émise en guise de témoignage par une de ses amies lors de l’hommage qui lui a été rendu, hier, à la cinémathèque de Tizi Ouzou, résume la dimension humaniste de Nabila Djahnine, militante féministe et fondatrice, en 1990, de l’association Tighri n’tmetut (cri de femme) et victime d’un assassinat terroriste, le 25 février 1995, à Tizi Ouzou.

Organisée à l’initiative d’un collectif d’associations, cette rencontre commémorative marquant le 25e anniversaire de l’assassinat de la présidente de Tighri n’tmetut, s’est tenue en présence de membres de la famille de la défunte et d’une nombreuse assistance, où il y avait ses ami-(e)-s de combat pour les droits de l’homme et pour la promotion des droits des femmes ainsi que d’anciens militants au sein du PST, parti qu’elle rejoint, alors qu’elle était jeune étudiante à l’université de Tizi Ouzou. Nabila Djahnine a été décrite comme une femme à l’engagement pluriel et entier. Militante pour la promotion des droits de la femme et de l’émancipation de cette dernière réduite, dans notre société, à un statut de mineure, Nabila Djahnine militait aussi pour une société égalitaire où les disparités sociales doivent être bannies. Une conviction qui a inspiré son engagement dans le PST, un parti prônant l’égalitarisme. Nabila Djahnine était une farouche opposante au pouvoir en place et militait aussi pour la démocratie et la reconnaissance de la dimension amazighe de l’Algérie. Connue pour ses positions tranchées contre l’islamisme et l’idéologie intégriste, la fondatrice de Tighri n’tmetut se savait condamnée comme de nombreux autres militants progressistes qui ont refusé le dictat idéologique du courant obscurantiste, mais a refusé d’abdiquer ses convictions. Elle en est, malheureusement, morte. Elle sera la cible d’un attentat terroriste le 15 février 1995. Une rafale tirée par des individus qui ont pris la fuite ne lui laissera guère le choix de poursuivre le combat dans lequel elle s’était investie très jeune. « Mais le flambeau de son combat et de ses idées est aujourd’hui repris par la nouvelle génération », se félicite sa soeur Habiba, qui lui a consacré un film biographique.