Le Conseil des ministres présidé par le chef de l’Etat, dimanche 13 février, a été, une nouvelle fois, marqué fortement par les questions sociales et socioéconomiques et les réponses aux difficultés du quotidien des Algériens.
par Lyes Sakhi
Le Médiateur de la République a, de nouveau, fait le point sur ce qui est devenu son dossier phare depuis le mois décembre 2021 : le dégel des projets d’investissement suspendus pour différentes raisons juridiques et réglementaires. Ainsi, Brahim Merad a présenté un exposé faisant état d’une «levée d’obstacles» sur 15 nouveaux projets d’investissement et de l’entrée en exploitation de 44 autres ayant bénéficié d’une procédure de libération des contraintes juridico-administratives. D’après les estimations contenues dans le communiqué du Conseil des ministres, cette opération de facilitation de l’investissement a permis «la création de 2 680 nouveaux emplois dans les secteurs de l’industrie, l’agriculture, le tourisme et les services». Selon la même source, «le nombre de postes devrait atteindre 43 000 après la levée des obstacles sur 647 projets».
Initiative encore plus forte, qui suscite naturellement les interrogations des milieux économistes, la décision du chef de l’Etat de procéder au gel «jusqu’à nouvel ordre» des dispositions fiscales prévues dans la loi de finances 2022 sur certains produits alimentaires. L’objectif recherché, comprend-on, est de préserver le pouvoir d’achat des ménages dans le contexte de la poussée inflationniste actuelle, un phénomène qui pourrait s’aggraver sous l’effet de la spéculation et à l’approche de ramadan, période habituelle de flambée des prix à la consommation. «L’Etat se chargera de prendre en charge la différence des prix des produits destinés aux citoyens par l’Office algérien interprofessionnel des céréales (OAIC) compte tenu de l’augmentation des prix à l’international». Il veillera au renforcement du «contrôle sur les subventions dans le secteur de l’agriculture et de l’élevage de bétail pour une stabilité des prix au service des citoyens». «Le chef de l’Etat a ordonné au Gouvernement de prendre toutes les mesures et procédures visant à éviter aux citoyens l’impact de la flambée vertigineuse des prix dans les marchés internationaux durant l’année en cours jusqu’à leur stabilisation». Il a également «ordonné l’organisation d’une réunion de coordination entre les services du ministre du Commerce et les représentants des corps sécuritaires en vue d’élaborer une stratégie efficace visant à mettre fin à la contrebande des produits alimentaires de large consommation à travers les frontières du pays». Autre mesure en rapport avec la fiscalité, la suppression de «tous les impôts et taxes sur le e-commerce, les téléphones portables, les matériels informatiques à usage personnel et les startups en se contentant des tarifications réglementées». Une décision qui répond favorablement aux doléances des acteurs du secteur et aux opérateurs du Groupement algérien des acteurs du numérique (GAAN) qui, dans un communiqué publié avant la tenue du Conseil des ministres, s’était inquiété des retombées de ces taxes sur l’effort de numérisation en cours dans le pays et de la «contradiction» entre le discours présidentiel sur cet effort de numérisation et la réalité du terrain.
Pour la ressource en eau, autre dossier examiné en Conseil des ministres, il a été décidé de «procéder à un examen, une évaluation et une définition du véritable volume de consommation quotidienne de l’eau potable». L’étude doit se faire «durant un mois au niveau des wilayas d’Alger, Oran et Constantine dans le but de revoir le plafond de production et de distribution, car le véritable chiffre indiciaire actuel est exagéré et atteint dans la capitale 1,250 million mètres cubes pour 4 millions de citoyens», lit-on dans le communiqué du Conseil des ministres. Au sujet du projet des cinq nouvelles stations de dessalement d’eau de mer, dont la réalisation a été programmée lors des précédents Conseils des ministres, le chef de l’Etat a «ordonné d’œuvrer le plus rapidement possible pour fournir» à ces sites «toutes les capacités foncières et les conditions appropriées». Il a instruit la mise en place d’un «nouveau plan de distribution de l’eau garantissant un approvisionnement régulier, à partir du mois de ramadan et en prévision de la saison estivale». Dans le domaine de l’industrie, le Président a instruit le ministre chargé du dossier d’«engager immédiatement un recensement des producteurs dans les wilayas connaissant une importante dynamique industrielle, en coordination avec les walis et de procéder à un inventaire national de toutes les spécialités, catégories et nature des produits électriques en Algérie, en vue d’interdire l’importation de ceux fabriqués localement et ce, en l’espace d’un mois». Il s’agit, explique-t-on, de «travailler conformément à une politique industrielle, à même de couvrir les besoins du marché national en premier lieu et de l’exportation en second lieu». Il est question également d’«assurer une coordination permanente entre les secteurs de l’Industrie, de l’Energie et du Commerce pour élaborer une stratégie nationale intégrée pour la relance de l’industrie électrique». Le Conseil des ministres a décidé de l’«arrêt définitif de l’exportation des déchets ferreux, à partir de la fin mars prochain, et l’orientation de ces produits vers le marché national pour appuyer l’industrie, en attendant la régulation du marché, conformément à une étude approfondie des exportations et des importations dans ce domaine». Il a approuvé «un mémorandum d’entente entre l’Algérie et la Mauritanie pour la réalisation d’une route reliant Tindouf et Zouerate (Mauritanie), signé à Alger le 28 décembre 2021.