A un mois du mois sacré, l’Exécutif semble vouloir préparer la parade et éviter que les prix s’enflamment
à nouveau. Certains produits agricoles frais sont déjà à des niveaux de prix très élevés, dont les fruits de saison, les viandes blanches et rouges ainsi que certains légumes, malgré une offre saisonnière abondante
ne justifiant point leurs prix actuels. Le ministère du Commerce et celui de l’Agriculture sont engagés
dans une course contre la montre pour trouver une solution opérationnelle.

Par Hakim Ould Mohamed
Le Président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a présidé, hier, une réunion du Conseil des ministres consacrée au projet de loi sur l’industrie cinématographique, à des exposés sur les mesures prises pour le mois sacré du Ramadan, le développement de grands projets industriels structurant pour le secteur de l’énergie et des mines, et des projets de développement du réseau ferroviaire, lit-on dans un communiqué diffusé par les services de la Présidence de la république. L’exposé des mesures prises pour le mois sacré du Ramadan devrait porter sur les actions que prépare le ministère du Commerce afin de rendre accessible l’offre en produits alimentaires aussi bien quantitativement qu’au niveau tarifaire. Ce n’est un secret pour personne, le mois du Ramadan s’accompagne souvent d’une augmentation injustifiée des prix, quand bien même la demande est habituellement en hausse, sans pour autant rompre son équilibre avec l’offre. A un mois du mois sacré, l’Exécutif semble vouloir préparer la parade et éviter que les prix s’enflamment à nouveau.
Certains produits agricoles frais sont déjà à des niveaux de prix très élevés, dont les fruits de saison, les viandes blanches et rouges ainsi que certains légumes, malgré une offre saisonnière abondante ne justifiant point leurs prix actuels. Le poulet est cédé à 420 dinars le kg, la viande bovine à 1700, voire 1900 dinars/kg, les haricots verts à 350 dinars, la tomate à 140 dinars, courgette (180 dinars), l’orange (200 dinars), la fraise (300 dinars). Le ministère du Commerce et celui de l’Agriculture, engagés dans une course contre la montre pour trouver une solution opérationnelle face à l’augmentation des prix de certains produits, tentent de mettre en place des mesures anti-inflation, en plafonnant les prix de la volaille au niveau des points de vente de l’ONAB, en autorisant des importations d’appoint en viandes rouges et l’ouverture de marchés de proximité durant le mois sacrés pour un meilleur contrôle des prix et une meilleure traçabilité de l’approvisionnement. Les prix des denrées alimentaires ont connu d’importantes augmentations en 2021 et 2022, aussi bien pour les produits alimentaires industriels, dont les intrants ont été marqués par un renchérissement sans précédent, que pour les produits agricoles frais. Les deux postes ont été à la source directe d’une inflation exceptionnelle qui a marqué les deux années 2021-2022, laquelle était à son tour à l’origine d’une forte érosion du pouvoir d’achat des petites et moyennes bourses.

Inflation persistante
L’Exécutif se saisit à nouveau de ce dossier, à quatre semaines seulement du mois sacré du Ramadan, afin de préparer le terrain à un repli de l’inflation. Celle-ci continue d’avoir un effet significatif en raison des prix toujours élevés des produits agroalimentaires et agricoles frais. Dans son dernier bulletin statistique pour décembre, l’ONS a indiqué que durant le dernier mois de 2022, et par rapport au même mois de l’année 2021, des hausses de prix importantes sont relevées. Les produits agricoles frais accusent un taux de +17,4%, avec des variations sensibles pour la viande et abats de mouton (+39,7%) ainsi que pour les fruits (+28,1%). Les produits alimentaires industriels affichent un taux de +9,8% avec +21,0% pour le lait fromage dérivés, +18,0% pour le café thé infusion et +5,2% pour les pains et céréales. Les produits manufacturés et les services observent des évolutions de +6,9% et +3,3% respectivement. En moyenne annuelle, l’exercice 2022, comparé à 2021, a été marqué par une tendance à la hausse de l’ensemble des catégories de produits, en inscrivant une variation de +10,1% en 2021 à +13,4% en 2022 pour les biens alimentaires. Ces évolutions ont considérablement contribué à l’augmentation du rythme global d’inflation qui passe de +7,2% en 2021 à +9,3% en 2022. Pour enrayer cette pression inflationniste et soutenir le pouvoir d’achat des Algériens, plusieurs mesures ont été prises, tant salariales que monétaires et commerciales. Les nouvelles mesures en prévision du mois du Ramadan devraient porter essentiellement sur la disponibilité des produits en quantités suffisantes et à des prix accessibles à l’ensemble des bourses, de muscler le dispositif de lutte contre la spéculation et de veiller au respect des conditions d’hygiène et de sécurité sanitaire des aliments. Dans un précédent conseil des ministres tenu début janvier, le chef de l’Etat, Abdelmadjid Tebboune, a ordonné au gouvernement de fournir toutes les conditions appropriées pendant le mois de Ramadan 2023 afin d’assurer la disponibilité des produits de consommation. Le président Tebboune a également instruit le gouvernement de continuer à lutter contre la spéculation tout au long de l’année et de prendre les dispositions nécessaires contre les spéculateurs, tout en encourageant les agriculteurs à vendre directement leurs produits et à allouer des sites pour leurs activités pendant le mois de Ramadan 2023. n