Des augmentations de prix de produits manufacturés de consommation courante ont fait leur apparition sur les étals des détaillants. Des hausses qui se situent entre 10 et 20 DA, voire plus.
Et pourtant, le président de l’Association de protection et d’orientation des consommateurs et son environnement (Apoce), le Docteur Mustapha Zebdi, rapporte que «les industriels n’ont décidé que d’une infime augmentation ne dépassant pas 1 dinar tout au plus. Ces derniers se justifiant par le fait de la revue à la hausse de la taxe sur l’activité professionnelle (TAP) introduite par la loi des finances 2020 ».
Devant un tel constat, M. Zebdi, qui se prononçait lors d’une conférence sous le thème « La production nationale et les défis », tenue hier au siège de l’Association nationale des commerçants et artisans algériens (ANCAA), appelle les industriels à rendre publiques les augmentations qu’ils ont opérées «afin d’annihiler les augmentations effrénées décidées par les détaillants ». Comme il a lancé : « Les pouvoirs publics se doivent d’intervenir sur le terrain pour forcer les grossistes ainsi que les détaillants à ne pas décider d’augmentation des prix qui ne saurait pas en commune mesure avec les nouveaux prix sortie d’usines de production ». L’invité de l’ANCAA s’est aussi prononcé sur la production nationale.
Il a commencé par relever les cris de détresse lancés ces derniers jours par les producteurs de pomme de terre et les éleveurs de poulets de chair en raison de la forte baisse des prix sur le marché de l’offre. Pour Mustapha Zebdi, «les surproductions de pommes de terre ne trouvent pas d’autre débouchés, faute d’unités de transformation et de perspectives d’exportation». Sur ce dernier point, il a précisé que «les contrôles bactériologiques et phytosanitaires opérés ici même ne suffisent plus. Il faudra donc disposer d’autre outils de contrôle plus performants si l’on ne veut pas que nos expéditions soient refoulées vers leur point de départ ».
Une série de recommandations remise au ministère du Commerce
Concernant la production nationale dans sa globalité, le patron de l’Apoce ne s’est pas empêché de dire que sans coordination entre toutes les parties prenantes, « le circuit de la distribution va continuer d’être perturbé et le facteur qualité des produits mis en vente sous-estimé ». Toujours dans ce même registre, le conférencier a estimé que le Conseil de la concurrence continue d’être inefficace. «Je me demande d’ailleurs s’il est vraiment utile tant nous assistons à tous ces dépassements. Et pourquoi donc, il ne s’autosaisit pas ?», s’est-il interrogé. Et de révéler au passage la position dominante dans de nombreux secteurs de productions.
« Du coup, cela fait de l’ombre aux petites unités de production. Et pourtant, leur production est d’excellente qualité. Mais ils n’arrivent pas à gagner des parts de marché conséquentes faute de moyens financiers qui puissent leur permettre de payer des campagnes publicitaires à même de se faire connaître du grand public », a-t-il enfin souligné. Notons que le président de l’ANCAA, Hadj Boulenouar a, lors de sa prise de parole, fait savoir que son association a remis au ministère du Commerce une série de recommandations portant sur les contraintes que rencontrent les acteurs du secteur et les priorités d’actions à mener. « Ces points seront débattus avec la tutelle dans les prochains jours », a conclu le président de l’ANCAA.