Par Feriel Nourine
Sujet d’actualité au quotidien ces derniers jours, le projet de renforcement des capacités énergétiques de l’Algérie s’est invité au Conseil des ministres, tenu dimanche.
Une occasion pour Abdelmadjid Tebboune de renouveler ses instructions de sorte à porter la production gazière du pays à des volumes qui préservent la consommation nationale tout en renforçant l’exportation en la matière.
En effet, le président de la République «a enjoint le ministre de l’Energie et des Mines d’œuvrer à hisser le niveau de production de gaz, en vue de préserver la moyenne nationale de consommation, d’une part, et de renforcer l’exportation, d’autre part, en exécution des engagements pris par l’Algérie vis-à-vis de ses partenaires étrangers», indique un communiqué de la Présidence de la République.
Le chef de l’Etat est également revenu sur la diversification des sources d’énergie sur laquelle le cap est en train d’être mis dans la cadre de la transition énergétique par voie d’énergies renouvelables. Il a, à ce propos, évoqué le dossier du développement de l’hydrogène en Algérie et la stratégie mise en place dans cette perspective. M. Tebboune a souligné «l’impératif d’une bonne préparation et étude des projets prévus dans cette stratégie», selon la même source. Le Président a, dans ce cadre, «enjoint les secteurs concernés par cette stratégie de recourir aux stations de dessalement d’eau de mer pour développer l’hydrogène», précise le communiqué.
S’imposant de plus en plus comme un passage obligé, tracé par la crise énergétique mondiale, mais aussi l’orientation vers les énergies propres, le renforcement des capacités énergétiques de l’Algérie peut compter sur un potentiel de gaz et sources non conventionnelles convertibles en forts dividendes financières pour le pays et également moyen d’assurer au pays le statut d’acteur ayant son mot à dire dans le secteur sur la scène internationale.
Dans le cas de la production gazière, M. Tebboune vise l’objectif d’atteindre le double de la production actuelle, afin de satisfaire la demande en hausse que manifeste les clients de l’Algérie. C’est ce qu’il a indiqué, il y a quelques jours lors de l’inauguration de la 30e Foire de la production algérienne.
«Nous produisons actuellement environ 102 milliards de mètres cubes de gaz, dont près de la moitié est consommée localement. J’espère qu’en 2023, nous atteindrons une production de 100 milliards de mètres cubes de gaz destinés exclusivement à l’exportation», a-t-il dit alors qu’il visitait le stand de Sonatrach.
Le Président a de nouveau abordé cette question lors de sa récente entrevue avec des représentants des médias nationaux, mettant en avant la nécessité de multiplier les découvertes dans ce domaine afin de porter le volume des exportations d’environ 53 Mds m3 actuellement à près de 100 Mds m3.
Des volumes dont profitera en premier lieu un marché européen qui subit de plein fouet la crise énergétique provoquée par la guerre en Ukraine, incitant les clients de Sonatrach issus du Vieux Continent à se redéployer en vue d’obtenir plus de volumes de cette énergie, afin de pallier au manque de gaz russe.
Dans cette perspective, l’Italie, en sa qualité de partenaire énergétique historique de l’Algérie, est placée en pole position pour devenir un hub desservant l’Europe en gaz algérien, en comptant sur ses connexions avec l’Algérie que sont le Transmed ainsi que le Galsi que l’Algérie veut relancer.
«Nous sommes aussi attentifs aux besoins de nos clients et disposés à relancer et à réactualiser les études du gazoduc Galsi, reliant l’Algérie à la Sardaigne», a déclaré le ministre de l’Energie, Mohamed Arkab, au début du mois en cours à Rome où il s’exprimait à l’occasion de la 8e édition du Forum de haut niveau pour le dialogue en Méditerranée (ROME-MED). Ce second gazoduc «permettra à l’Italie de renforcer son rôle de hub gazier européen», a-t-il fait remarquer. Concernant la production de l’hydrogène, une feuille de route a été mise en place dans le cadre de la stratégie nationale de développement de cette énergie qui passe par des investissements d’opérateurs nationaux, et surtout par des investissements étrangers.
Dans ce domaine, les Allemands se sont manifestés la semaine dernière, à travers un protocole signé entre la société gazière allemande VNG AG avec le groupe énergétique national Sonatrach relatif à la coopération dans la filière hydrogène.
Cet accord devrait permettre de lancer «le premier projet pilote» de production de l’hydrogène vert en Algérie d’une capacité de 50 MW, avec comme objectif principal de maîtriser les technologies relatives à ce domaine, a relevé M. Arkab, expliquant que ce projet permettra ainsi le transfert de technologies et d’expertise allemandes au profit des cadres algériens, afin de pouvoir passer à l’étape de production commerciale de quantité importante d’hydrogène vert à partir de l’année 2030. n