Pendant que la grande majorité des Algériens est distraite par l’excellent CHAN-2022 qu’organise notre pays, l’équipe nationale de handball, septuple championne d’Afrique, coulait lors du Championnat du Monde-2023 co-abrité par la Pologne et la Suède du 11 au 29 janvier derniers. L’idéal pour faire passer ce énième fiasco sous silence.
Par Mohamed Touileb
L’humiliation suprême (parce qu’il y avait déjà une humiliation) a été évitée de justesse. L’Algérie a pu gagner l’ultime match contre l’Uruguay pour ne pas avoir la cuillère en bois lors du Mondial-2023 et éviter la dernière place. Mais ce succès ne pouvait clairement pas cacher la faillite totale de notre Sept National qui paie naturellement et inévitablement la situation désastreuse que vit notre handball depuis presque une décennie.
Le coup d’éclat et la victoire finale à la CAN-2014, tenue sur nos terres, à part, la petite balle Dz paie la gestion catastrophique, le bricolage et la déchéance qui fait froid dans le dos d’un sport qui faisait même de l’ombre au football à un moment donné. Aujourd’hui, le handball ne réserve que des désillusions à la pelle et le fatalisme. Absolument rien ne va. Et cela se voit et se paie au prix fort lors des rendez-vous importants.
Contraintes, Gherbi et limites
Le lustre est perdu. Même sur le plan continental, l’EN a été reléguée à la seconde catégorie où elle se retrouve à jouer avec la boule au ventre contre des sélections qu’on dominait en mode « simple formalité ». Même la RD Congo, le Cap-Vert, le Gabon ou l’Angola envisagent la victoire quand elles nous affrontent. Quant à battre l’Egypte et la Tunisie, cela relève du miracle. L’écart avec les Egyptiens ressemble désormais à un sacré gouffre.
Face à cette décrépitude, le sélectionneur Rabah Gherbi, même s’il a une carrière de footballeur riche, n’a pas pu faire grand-chose. Il a même montré une incapacité manifeste à aider l’EN à se relever et regagner de la confiance. Il détient la deuxième plus longue série sans victoire dans l’histoire de la sélection avec 10 revers entre le 28 décembre 2022 et le 23 janvier 2023. Un véritable trou d’air.
Clairement, il ne peut pas être l’homme de la situation compte tenu de ce qu’on a vu lors du tournoi planétaire. Que ce soit tactiquement ou dans le rendement, les difficultés étaient manifestes. D’accord, la préparation n’était pas à la hauteur pour un rendez-vous de cette importance et ce niveau, oui on ne peut pas faire de miracle en si peu de temps et dans un climat aussi toxique dans une Fédération algérienne de handball (FAHB) devenue presque fantoche à un moment donné, mais il fallait au moins mettre en place quelque chose. Et ce pour prouver qu’il y avait du léger mieux. Malheureusement, même ce « léger mieux », on ne l’a pas vu.
Les autorités doivent intervenir
Somme toute, on ne va pas dire que la situation est alarmante puisque les signaux de détresse sont là depuis quelques années maintenant. A partir du moment où les « Verts » ne pouvaient plus figurer dans le dernier carré de la CAN (1 seule médaille, et elle était en bronze, sur les 4 dernières éditions) et échouaient à se qualifier au Mondial (absents en 2017 et 2019), l’analyse présentait des anomalies très inquiétantes.
Et on ne pourra pas dire que la campagne au Championnat du Monde viendra rassurer les amoureux de la discipline. Les autorités, à leur tête le Ministère de la Jeunesse et des Sports (MJS), doivent absolument aider ce sport à se redresser et retrouver de sa superbe. Certes, cela dépendra du travail à l’instance mais aussi dans les clubs. L’arrêt total qu’a connu la discipline a beaucoup impacté sur l’équipe nationale sous la présidence de Habib Labane, inculpé pour 5 ans de prison en raison de mauvaise gestion et de dilapidation de bien public. Loin du pénal, mettre en place un vrai plan de sauvetage pour notre handball serait primordial. Ça relève même du vital. Et ce avant la CAN-2024 en Egypte et -éventuellement- le Mondial-2023 qui se tiendra en Norvège-Croatie-Danemark.