«Le risque du discours de haine et de violence sur les valeurs sociales et le rapport médiatique», était le thème d’une rencontre animée au siège du Haut-conseil islamique, jeudi. Plusieurs enseignants, anciens ministres et imams ont été conviés à l’occasion pour débattre d’un «sujet complexe», tel que présenté par la quasi-majorité des intervenant.
Pour le Pr Laïd Zoughlami, la violence qui se répand sur les réseaux sociaux «est le fruit de la maîtrise de tout ce discours par les patrons de ces technologies», dont l’usage «n’est fait que pour engager de nouvelles guerres», expliquant que les guerres actuelles ne sont pas celles du passé. Il considère que les multinationales détentrices de cette technologie de communication et d’information, sont en guerre contre «tout le monde, mais une guerre médiatique», à travers les réseaux sociaux (Facebook, Twitter, Amazon, Google etc). Le Pr Aïssa Merah, de l’université de Béjaïa, a regretté, pour sa part, l’inexistence d’études sur la violence en Algérie. Pour le Pr Merah «la violence diffusée par les médias reflète celle existante au sein de la société», dénonçant, au passage, «une normalisation et une banalisation de la violence». Le Dr Larbi Amama, de l’université de Mostaganem, a abondé dans le même sens pour expliquer qu’un média ne fait que refléter une réalité et si celle-ci ne s’accommode pas avec la société, elle sera rejetée. Kamel Chekkat, membre fondateur de la Ligue des oulémas du Sahel et représentant de l’Algérie au sein de cette instance, a estimé que «le problème du discours haineux et violent est complexe». Pour lui, l’indigence scientifique «pousse à la violence», considérant qu’elle peut être le résultat «d’une transmission trans-générationnelle». «Peut-on trouver une solution spécifique à ce problème ? », s’est-il interrogé, avant de préciser qu’en l’état actuel des choses et vu les effets de la décennie noire, «on produit de la violence quotidiennement ». Kamel Chekkat est convaincu que la solution à la violence ne peut émaner du seul pôle religieux, mais «d’un travail collégial», car «le problème est profond». Dans son plaidoyer pour la lutte contre la violence, il a souligné l’absence et la démission des élites. Cette absence provoque, selon lui, la violence, surtout lorsque des sujets aussi importants que ceux qui engagent l’avenir de toute une société «sont débattus par des personnes sans formation et non qualifiées». Sur un autre volet, les présents ont mis en avant la violence diffusée sur les chaînes de télévision privées. Pour eux, l’Autorité de régulation de l’audiovisuel (Arav) doit jouer son rôle en s’appuyant sur les textes régissant cette activité. Ils considèrent que les médias «sont obligés de se conformer aux textes éthiques et déontologiques» pour éviter que se reproduise «ce genre de dérapage».