Le nombre de personnes fuyant le conflit en Ukraine a dépassé la barre de 1,5 million, constituant la crise de réfugiés la plus rapide en Europe depuis la Seconde Guerre mondiale, a alerté hier l’ONU.

«Plus de 1,5 million de réfugiés venant d’Ukraine ont traversé vers les pays voisins en dix jours. Il s’agit de la crise des réfugiés qui connaît la croissance la plus rapide en Europe depuis la Seconde Guerre mondiale», a indiqué dans un tweet le Haut Commissaire aux réfugiés Filippo Grandi. Le Haut Commissariat de l’ONU pour les réfugiés faisait état samedi de près de 1,37 million de réfugiés. Les autorités et l’ONU s’attendent à ce que le flot s’intensifie encore, l’armée russe poursuivant son offensive, notamment à Kiev, la capitale ukrainienne. Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS) à Genève, les signalements d’attaques contre les centres de santé en Ukraine sont en augmentation. «L’OMS a authentifié plusieurs attaques contre des soins de santé en Ukraine, faisant plusieurs morts et des blessés. D’autres informations sont en cours de vérification», a indiqué le chef de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, dans un tweet dimanche. «Les attaques contre les installations médicales ou les travailleurs de la santé violent la neutralité médicale et constituent des violations du droit humanitaire international», a-t-il rappelé. La Pologne est le principal pays d’accueil du flot de réfugiés, qui a suivi les premières hostilités. Depuis le 24 février, date du début de l’invasion russe de l’Ukraine, 922.400 personnes fuyant le conflit sont entrées en Pologne, ont annoncé dimanche matin les garde-frontières polonais. La veille, samedi, les arrivées ont atteint un niveau record avec 129.000 voyageurs, en grande majorité des citoyens de l’Ukraine, mais aussi de plusieurs autres pays dont la Pologne, l’Ouzbékistan, le Belarus, l’Inde, le Nigeria, l’Algérie, le Maroc, l’Afghanistan, le Pakistan, les Etats-Unis et la Russie, selon la même source. Selon l’ONU, ce sont 4 millions de personnes qui pourraient vouloir quitter le pays pour échapper à la guerre. Selon le premier rapport de situation de l’OMS publié samedi soir, 18 millions de personnes sont touchées par le conflit en Ukraine. L’OMS a déployé du personnel en Moldavie, en Roumanie et en Pologne afin d’accroître ses capacités d’intervention. L’agence sanitaire de l’ONU a également mobilisé des experts en logistique en Pologne pour mettre en place un centre opérationnel et aider à sécuriser les couloirs terrestres, afin de faciliter l’acheminement rapide de l’assistance aux populations touchées. Le 4 mars, l’OMS a expédié son premier lot de fournitures médicales en Pologne, qui sont arrivées en Ukraine par voie terrestre. Cette assistance doit permettre notamment de répondre aux besoins en santé de 150.000 personnes, dont 1.000 personnes nécessitant des soins chirurgicaux. Une deuxième cargaison était samedi en cours d’acheminement.

Londres se défend face aux critiques françaises
Le gouvernement britannique a indiqué hier qu’il ne pouvait pas «simplement» ouvrir les portes du Royaume-Uni, après avoir été critiqué par Paris pour son «manque d’humanité» à l’égard des réfugiés ukrainiens refoulés à Calais. «Si nous ouvrons simplement la porte, nous n’avantagerons pas les personnes que nous devons avantager, les véritables réfugiés, mais je pense que nous minerons aussi le soutien populaire», a déclaré le ministre de la Justice, Dominic Raab, sur la BBC. «Nous devons veiller à agir pour ceux qui ont besoin de notre soutien», a-t-il ajouté. Le ministre français de l’Intérieur, Gérald Darmanin, avait critiqué samedi la «réponse totalement inadaptée» et le «manque d’humanité» du Royaume-Uni à l’égard des réfugiés ukrainiens refoulés à Calais, dans une lettre adressée à son homologue britannique Priti Patel. Cherchant à rejoindre leurs familles outre-Manche, quelque 150 Ukrainiens fuyant leur pays envahi par la Russie ont été invités ces derniers jours par des représentants britanniques «à faire demi-tour» et à «se rendre à Paris ou Bruxelles» pour obtenir leurs visas dans les consulats, a-t-il affirmé dans ce courrier consulté par l’AFP. Depuis plusieurs jours, leur situation est source de frictions entre Londres et Paris, dont les rapports sont déjà tendus par la question des traversées illégales de migrants. Le gouvernement français avait annoncé jeudi que le Royaume-Uni allait installer «une sorte de consulat» à Calais pour y délivrer directement des visas sur place aux Ukrainiens. Mais «pour l’instant, c’est +on va voir, on va voir+, ça fait maintenant quatre jours», a déploré dimanche Gérald Darmanin à la radio (Europe 1) et la télévision (Cnews) françaises. «J’ai de très bonnes relations avec Mme Patel», a-t-il poursuivi. «Je suis sûr que c’est une femme de bien. Elle va résoudre ce problème, mais il faut qu’elle le résolve vite». Sollicité par l’AFP, le ministère britannique de l’Intérieur n’a pas réagi dans l’immédiat. Critiqué au Royaume-Uni également pour son manque de générosité envers les réfugiés, le gouvernement britannique a assoupli cette semaine les conditions d’octroi des visas pour les Ukrainiens ayant des proches dans le pays. Britanniques et résidents au Royaume-Uni peuvent faire venir les membres de leur famille vivant en Ukraine, lesquels peuvent obtenir un titre de séjour de trois ans, après des vérifications sécuritaires. (AFP)