Par Mohamed Touileb
Médaillable en force pour avoir compilé 3 podiums lors des deux dernières éditions des Jeux Olympiques à Londres en 2012 et à Rio de Janeiro en 2016, il a décidé, en raison de méforme, de ne pas concourir pour la séquence 2020 à Tokyo. Il y a 5 ans, Taoufik Makhloufi n’avait pas hésité à charger fortement les responsables du sport en Algérie après ces deux médailles d’argent décrochées au Brésil. Le diagnostic établi par le demi-fondiste reste valable 5 ans après. C’est pour dire que le mal a perduré sans être soigné.
Tel un dégoût venu se mêler à l’allégresse d’avoir pu décrocher deux podiums olympiques sur 800 et 1500m, Makhloufi n’avait pas pu contenir sa colère. En tant que champion, il a pris la parole à la place de tous ses compatriotes sportifs qui s’étaient rendus pour les joutes brésiliennes. L’axe principal du réquisitoire était cette incompétence endémique au niveau de la gestion des affaires du sport algérien. «Certains responsables du sport en Algérie à tous les niveaux n’ont pas été à la hauteur de la mission qui leur a été confiée. Ils ont déçu le peuple algérien et les pouvoirs publics», avait tempêté le natif de Souk-Ahras en ajoutant que «ces personnes utilisent leurs postes de responsabilité pour réaliser leurs intérêts personnels contre celui des sportifs. Le gouvernement a alloué de gros moyens pour aider les athlètes algériens, mais ces personnes ne pensent qu’à leurs intérêts et le résultat, on le constate lors de ces jeux Olympiques.»

Le Budget de l’Etat en dividendes
En effet, le vice-champion du monde 2019 du 1500m a su cibler la responsabilité. L’enveloppe dédiée pour préparer une manifestation universelle est conséquente. Elle représente une grosse partie des 400 milliards de centimes que l’Etat a consacrés pour les JO2020 et le Jeux Méditerranéens 2022 qu’abritera Oran l’été prochain. C’est pour dire que ce n’est pas un problème d’injection, mais d’administration. Il faut aussi savoir que les Fédérations ont des parts diverses. Il est un peu normal qu’on accorde plus d’argent à l’athlétisme, la boxe et le judo qui sont les seuls à avoir ramené des médailles à travers l’histoire de ce rendez-vous quadriennal. Cependant, c’est aussi au niveau des ces dernières qu’il y a plus de détournements et de malversations avec des athlètes qui se plaignent de la mauvaise prise en charge et une situation sociale peu confortable.
On comprend donc qu’il ne suffit pas de mettre le paquet pour pouvoir conquérir les devants de la scène mondiale. La mise en place d’une véritable politique par des personnes compétentes, qui ne doivent pas être des intrus à la discipline, est recommandée. En gros, les médailles ne s’achètent pas. On les façonne avec un travail de longue haleine de la part de l’athlète, son entourage et tous les dirigeants du «sport circus» du MJS à la Fédération en passant par le Comité Olympique algérien (COA). Un processus qu’on ne connaît hélas pas chez nous. n