PAR MILINA KOUACI
Le gel des taxes sur certains produits alimentaires, décidé lors du Conseil des ministres de dimanche dernier et qui visait, selon toute vraisemblance, à freiner l’érosion du pouvoir d’achat des ménages, a eu un accueil plutôt contrasté chez les organisations syndicales.
Ces dernières, si elles estiment «bonne» cette annulation en ce qu’elle peut «atténuer» les souffrances de la classe ouvrière devant la hausse des prix à la consommation, n’énumère pas moins des critiques quant à ce qu’elles considèrent comme des «calculs de conjoncture» de la part de l’Exécutif. «Elles sont conjoncturelles afin de calmer le front social et de contenir la colère des travailleurs», est l’appréciation qui revient chez les syndicats autonomes.
Le Conseil des ministres a gelé de nouvelles taxes touchant notamment les produits alimentaires et les équipements des nouvelles technologies de la communication et annoncé la prise en charge par l’Etat du différentiel des prix des céréales qui connaissent une flambée sur les marchés mondiaux. «Ces décisions interviennent à l’approche du mois de Ramadan. Un timing qui laisse croire que le but est d’acheter la paix sociale», dit Boualem Amoura, secrétaire général du Syndicat autonome des travailleurs de l’éducation et de la formation (Satef).
En outre, poursuit notre interlocuteur, ces mesures remettent en cause les «réformes» entamées par le gouvernement. De son côté, Messaoud Boudiba, porte-parole du Conseil national autonome du personnel enseignant du secteur ternaire (Cnapeste) estime que les décisions annoncées sont plutôt révélatrices de «l’ampleur du malaise social qui pèse sur les citoyens». «Quand l’Etat s’engage à prendre en charge le différentiel des prix des céréales et gèle les nouvelles taxes, cela démontre que le vécu et la réalité du terrain sont inquiétants», dit M. Boudiba, qui tient à dénoncer «la baisse du pouvoir d’achat et l’ampleur du nombre d’Algériens exposés à la pauvreté». «La situation sociale exige des autorités d’instituer des mesures pérennes pour soulager le citoyen», estime M. Boudiba pour qui les mesures annoncées restent «insuffisantes» et doivent être «accompagnées par d’autres» afin d’améliorer la situation sociale. A ce propos, il indique que la réaction et les actions de la Confédération des syndicats algériens (CSA), qui devrait se réunir cette semaine, ne dépendent pas des décisions ayant sanctionné la dernière réunion du Conseil des ministres.
«Le pouvoir d’achat est en chute libre. Ce que nous demandons, c’est de réviser les salaires, revoir le régime indemnitaire et relever le point indiciaire dans l’immédiat afin de consolider le pouvoir d’achat», insiste le porte-parole du Cnapeste.
Dans ce registre de propositions, le Satef propose, lui, d’élaborer une «étude approfondie et de mettre en place un plan à long terme» pour remédier à la situation socioéconomique. «Nous demandons une révision de la politique salariale et un partage équitable des richesses du pays», plaide M. Amoura.
Il y a lieu de préciser que le président de la République a ordonné au Gouvernement de prendre toutes les mesures et procédures visant à éviter aux citoyens l’impact de la flambée vertigineuse des prix dans les marchés internationaux durant l’année en cours jusqu’à leur stabilisation.
CAPC : des mesures à encourager
Du côté de l’organisation patronale, la Confédération algérienne du patronat citoyen (CAPC), les mesures ont été favorablement accueillies. C’est ce qu’a indiqué, hier, son président Samy Agli, repris par l’APS. «Ces décisions qui visent le soutien au pouvoir d’achat doivent être saluées, encouragées et soutenues. Elles vont permettre d’alléger en ces temps difficiles le pouvoir d’achat du citoyen. Elles reflètent aussi la question centrale de concertation avec les acteurs économiques et la communauté économique dans l’élaboration des lois et textes», a souligné le président de la CAPC. Ce dernier a également insisté sur «l’importance de la concertation afin de promulguer des textes reflétant la réalité et répondent aux préoccupations des acteurs économiques».