Le Président Tebboune, dans un geste inédit, vient remettre en cause, du moins temporairement, l’ensemble des taxes de la loi de finances 2022 appliquées aux produits alimentaires et autres consommables non alimentaires. Ces taxes ont fait couler beaucoup d’encre et font avaler des poires d’angoisse aux Algériens, pris dans l’étau d’une érosion historique du pouvoir d’achat et d’une hausse généralisée des prix.

Par Hakim Ould Mohamed
C’est un véritable bouclier anti-inflation que l’Exécutif a actionné, dimanche, lors de la tenue de la réunion du Conseil des ministres. Face à une fièvre inflationniste qui ne retombe pas, alimentée particulièrement par la flambée des cours mondiaux des produits alimentaires de base, le Président de la République a carrément pris le taureau par les cornes en décidant de geler l’ensemble des taxes appliquées aux produits alimentaires importés.
«Le président a ordonné le gel, à compter d’aujourd’hui et jusqu’à nouvel ordre, de tous les impôts et les taxes, notamment les taxes contenues dans la loi de finances 2022 sur certains produits alimentaires», a indiqué la Présidence à l’issue de la réunion du Conseil des ministres. Mais pas que. Le chef de l’Etat a demandé au gouvernement également de procéder à la «suppression de tous les impôts et taxes sur le e-commerce, les téléphones portables, les matériels informatiques à usage personnel et les startups en se contentant des tarifications réglementées». Dans cette nouvelle tentative de stabiliser les prix des produits alimentaires, le chef de l’Etat a ordonné au gouvernement de «prendre toutes les mesures et procédures visant à faire éviter aux citoyens l’impact de la flambée vertigineuse des prix dans les marchés internationaux durant l’année en cours jusqu’à leur stabilisation». En outre, l’Etat a pris engagement en faveur de la prise en charge la différence des prix des produits destinés aux citoyens par l’Office algérien interprofessionnel des céréales (OAIC). Cela tout en renforçant davantage le «contrôle sur les subventions dans le secteur de l’Agriculture et de l’élevage de bétail pour une stabilité des prix au service des citoyens». Ainsi, face à la flambée historique des prix des produits alimentaires sur le marché mondiale, combinée à une fonte du pouvoir de vivre des Algériens, particulièrement des moyennes et petites bourses, l’Exécutif vient de muscler son bouclier, dont les premières mesures ont été prises en charge dans la loi budgétaire de l’actuel exercice. Il s’agit, entre autres, de la baisse du taux de l’IRG appliqué aux salaires et la hausse du point indiciaire dans la Fonction publique. Compte tenu de la violence de la vague inflationniste, ces mesures seraient plutôt insuffisantes pour permettre aux ménages d’y faire face.
Contexte exceptionnel, mesures exceptionnelles
Ce pourquoi, le chef de l’Etat, dans un geste inédit, vient remettre en cause, du moins temporairement, l’ensemble des taxes de la loi de finances 2022 appliquées aux produits alimentaires et autres consommables non alimentaires, à l’instar des produits informatiques et électroniques, dont le barème fixé par les Douanes va de 60 à plus de 133%. Ces taxes ont fait couler beaucoup d’encre et fait avaler des poires d’angoisse aux Algériens, pris dans l’étau d’une érosion historique du pouvoir d’achat et d’une hausse généralisée des prix, dont le taux a grimpé à 9,2% en octobre dernier, en moyenne annuelle. Eviter aux Algériens de payer plus cher leurs produits alimentaires de base. C’est le but des mesures prises, dimanche, en Conseil des ministres, par le Président Tebboune, alors que les dispositions relatives aux salaires, contenues dans la LF 2022 sont destinées plutôt à améliorer un tant soit peu des salaires qui n’ont pas bougé d’un iota depuis maintenant plusieurs années. L’Exécutif vient ainsi d’engager des mesures exceptionnelles pour tenter de faire retomber la fièvre inflationniste à laquelle sont confrontés les Algériens.
Remise à plus tard du projet de révision des subventions
A situation exceptionnelle, mesures exceptionnelles ; cela fait des années qu’une telle situation de hausse généralisée des prix n’a pas été observée, sur fond d’une érosion importante du pouvoir de vivre des petites et moyennes bourses. Ces mesures suggèrent également une remise à plus tard du projet de révision du dispositif des subventions, laquelle devait intervenir courant 2022, puisque la loi de finances de l’actuel exercice prévoit un début de rabotage dans la perspective d’un travail que devait accomplir le CNESE en association avec plusieurs acteurs. Il est ainsi peu probable que la réforme des subventions puisse intervenir dans un contexte de soutien de l’Etat aux prix et au pouvoir d’achat ainsi que de «contrôle des subventions dans le secteur de l’Agriculture et de l’élevage de bétail pour une stabilité des prix au service des citoyens». En tout cas, du point de vue pratique, il serait inopportun de lever des subventions dans un contexte de hausse des prix et peu efficace du point de vue budget de raboter des subventions par-ci et d’en accorder par-là. En tout cas, ce bouclier anti-inflation est provisoire et reste de vigueur jusqu’à la stabilisation des prix et des marchés qui devrait se traduire par une baisse de l’inflation et des prix à la consommation. <