Le chef de l’Etat a dévoilé le montant de l’allocation chômage, les catégories des jeunes concernées, la nature de son financement et l’institution d’un contrôle au cas par cas pour vérifier l’éligibilité ou non du bénéficiaire de cette aide de l’Etat.

Par Khaled Remouche
Le chef de l’Etat a annoncé, avant-hier, lors d’une entrevue accordée à des représentants de la presse nationale, qu’une loi de finances complémentaire 2022 (LFC 2022) sera élaborée et mise en oeuvre prochainement pour entériner les mesures prises en Conseil des ministres de dimanche dernier, appliquer l’allocation chômage et réduire la charge fiscale qui pèse sur les boulangers en vue de stopper toute augmentation du prix de la baguette de pain. A propos de ce filet social, le Président de la République, lors de ses réponses aux représentants de médias, a indiqué que le montant de cette pension est fixé à 13 000 dinars.
«L’Algérie sera le premier pays en dehors de l’Europe à instituer une allocation chômage sous forme de présalaire comme pour tout fonctionnaire bénéficiant de la carte Chifa. Cette allocation instituée dans le cadre de la loi de finances 2022 vise, a-t-il ajouté, à préserver la dignité des jeunes. Le financement de cette allocation chômage est déjà pris en charge, a-t-il précisé, dans le cadre du budget de l’année en cours. Elle concerne les primo demandeurs d’emploi et est accordée à tout chômeur jusqu’à ce qu’il trouve un emploi. Il a indiqué que 620 000 chômeurs sont inscrits et que l’Etat va procéder au contrôle au cas par cas. D’autres catégories de jeunes citoyens sont concernées par cette allocation chômage, a-t-il précisé. Il s’agit des jeunes qui travaillent dans le cadre de la solidarité nationale, soit dans les établissements scolaires et autres avec augmentation de leur salaire. Nous disposons d’une liste de 180 000 jeunes en attente d’intégration. Le chef de l’Etat a indiqué que ces jeunes ne vont pas perdre leur emploi et qu’ils bénéficieront d’un contrat à durée indéterminée (CDI).
Les détails concernant cette allocation chômage seront sans doute contenus dans la LFC 2022. Même topo pour la baisse des charges fiscales qui pèsent sur les boulangers. Le chef de l’Etat a également indiqué que l’impôt sur l’activité des boulangers concernera uniquement les bénéfices.
Ce qui veut dire que les boulangers seront exonérés notamment de l’impôt forfaitaire unique ou impôt sur le chiffre d’affaires. Ils ne paieront que l’impôt sur le bénéfice, a précisé le chef de l’Etat. Le Président de la République a justifié cette mesure par la nécessité de réduire la charge fiscale des boulangers en vue de garantir la stabilité des prix du pain. Il a ajouté que cette décision sera officialisée dans la prochaine loi de finances complémentaire.
Il convient de rappeler que les boulangers sont montés au créneau pour interpeller le gouvernement sur la nécessité de baisser les charges des boulangers. Ils ont menacé d’augmenter le prix du pain actuellement subventionné. Cette nouvelle mesure répond ainsi à la revendication des boulangers.

LFC 2022 : donner un cadre légal aux décisions
La loi de finances complémentaire 2022 vient donner un cadre légal aux décisions, particulièrement celles prises en Conseil des ministres, qui annulent des dispositions de la loi de finances 2022, notamment hausses des taxes sur certains produits agricoles, suppression des taxes sur les produits informatiques, tablettes et Smartphones à usage personnel.
Ce pack de mesures est destiné à assurer la paix sociale et à atténuer l’impact de la flambée des prix des produits de base sur les marchés internationaux, en clair réduire les effets de l’inflation importée sur le pouvoir d’achat des ménages. Mais la hausse de l’inflation ou hausse des prix, en termes simples, si elle est due en bonne partie à des facteurs exogènes, elle est également causé par les glissements progressifs de la valeur du dinar ainsi qu’à l’anarchie qui caractérise le marché intérieur, visible à travers la fréquence de pénuries de produits de large consommation, la réduction de l’offre en matière agricole en raison de la sécheresse qui sévit depuis plusieurs mois, l’incapacité à réguler le marché.
En raison de ces baisses de taxes, le budget de l’Etat enregistrera sans doute un manque à gagner fiscal qu’il faudra compenser.
La hausse des recettes fiscales pétrolières, favorisée par un prix du baril actuellement à plus de 90 dollars, a rendu possible toutes ces mesures destinées à préserver le pouvoir d’achat, explique le chef de l’Etat.
Le recours à des mécanismes monétaires pourrait également, nous semble-t-il, contribuer à financer ces mesures. Mais la question est de savoir si cette croissance des dépenses et ce manque à gagner fiscal n’auront pas, faute de réponses structurelles, d’effet au déséquilibre budgétaire et ne risquent-ils pas d’alimenter l’inflation, faute de contreparties particulièrement productives. <