Une enquête est ouverte pour faire la lumière sur les causes du drame de Bordj Bou-Arréridj et son lourd bilan humain. Cet accident qui a fait plusieurs victimes et des blessés rappelle que le pays vit au rythme fréquent et macabre des accidents provoqués par des fuites de gaz. La multiplication de ces sinistres interpelle fortement sur les responsabilités et les précautions à prendre en matière de sécurité et de respect des règles à prévenir le danger pour l’éviter. Pourquoi tant de dégâts et de pertes de vies humaines ? Si la sensibilisation doit être au cœur du débat sur les risques, la responsabilité des ménages à bien utiliser leur équipement, l’agression consciente ou inconsciente des installations demeurent de vrais problèmes à résoudre aussi.

Par Nadir Kadi
Au lendemain de la tragique explosion ayant causé la mort de toute une famille suite à l’effondrement de leur habitation, située à la cité 5-Juillet, au centre-ville de Bordj Bou-Arréridj, le ministre de l’Intérieur, des Collectivités locales et de l’Aménagement du territoire, Kamel Beldjoud, a fait savoir, vendredi, que les instances compétentes ont «ouvert une enquête par le biais du procureur de la République» en vue de faire la lumière sur «les causes de l’explosion de gaz dans une habitation familiale». Une enquête approfondie, d’autant plus attendue que le ministre promet que «les conclusions de l’enquête seront communiquées à l’opinion publique». L’accident de Bordj Bou-Arréridj survient, pour rappel, après une série de drames similaires ; notamment à Aïn Oulmène (Sétif) et El-Bayadh, en causant la mort de quatorze personnes. Explosion à Bordj Bou-Arréridj causée, selon toute vraisemblance, par une «fuite de gaz», le dernier bilan communiqué vendredi indiquait la mort de 10 personnes en plus de 17 blessés à des degrés divers, dont 2 sous surveillance médicale à l’hôpital Lakhdar-Bouzidi. Le ministre de l’Intérieur, à la tête d’une délégation ministérielle ayant fait le déplacement à Bordj Bou-Arréridj, «pour présenter les condoléances au nom du président de la République, Abdelmadjid Tebboune, et du Premier ministre, Aïmene Benabderrahmane», a également déclaré à propos des résultats de l’enquête : «Chacun assumera ses responsabilités, qu’il soit responsable ou citoyen, pour éviter que ce genre d’incidents ne se renouvelle».
Une marque de fermeté du ministre qui apparaît également comme une réponse aux préoccupations du voisinage du lieu de l’explosion. Des habitants ont, en effet, fait part, selon l’APS, de «craintes de l’effondrement de leurs habitations suite aux dégâts occasionnés par la puissante explosion», en plus de «la nécessité d’exiger des comptes aux responsables de ce tragique incident». Délégation ministérielle, également composée des ministres de la Santé, Abderrahmane Benbouzid, et de la Solidarité nationale, Kaouther Krikou, les responsables ont en ce sens affirmé, selon la même source, que «les services techniques détermineront l’ampleur des dégâts subis» par les habitations voisines, mais aussi que «l’Etat algérien n’abandonnera jamais ses citoyens et prendra en charge les sinistrés comme il l’a déjà fait dans des accidents analogues». Nouveau drame causé par une fuite de gaz, la commune d’Aïn Oulmène à Sétif avait, pour rappel, enregistré un fait similaire en février dernier. L’explosion dans «deux garages», suivie de l’incendie «d’une grande quantité de produits dangereux inflammables» avait fait 15 blessés et causé la mort de 8 personnes. Le sinistre avait été attribué par les enquêteurs à «l’exploitation sans autorisation d’une structure», et trois personnes avaient en ce sens été poursuivies par la justice pour «homicide involontaire», «blessures involontaires» mais aussi «exposition de la vie d’autrui et son intégrité physique directement au danger par la violation d’une des obligations de sécurité imposées par la loi et la réglementation».
Par ailleurs, il est à rappeler que ce type d’explosion de gaz cause généralement d’importants dommages dans un large périmètre, la ville d’El Bayadh avait, en ce sens, enregistré des dégâts à pas moins d’une cinquantaine d’habitations lors d’une explosion de gaz en octobre 2020. Le drame, qui avait causé la mort de six personnes et blessé 17 autres, avait causé la destruction totale de trois habitations et des dommages de 46 maisons voisines, selon les constatations faites à l’époque par les services de la wilaya, de l’APC et de la daïra.