Le livre blanc sur l’entreprise et le développement économique en Algérie a été rendu public, hier, en présence d’un parterre étoffé d’opérateurs et d’experts en économie. Préparé depuis plusieurs mois, le document est une somme de réflexions-propositions sur la mise en orbite de nos entreprises et pour un démarrage conséquent de l’économie nationale.

Par Bouzid Chalabi
Le Patron de la CAPC, Sami Agli, s’est évertué, hier à Alger, devant un parterre riche d’hommes d’affaires et d’industriels de différents secteurs d’activités économiques à exposer les grands axes de ce livre blanc. «Nous le rendons public aujourd’hui pour exprimer notre contribution à l’objectif du chef de l’Etat de faire de 2022 une année charnière de notre économie par excellence», a indiqué Sami Agli dès l’entame de son allocution. Rappelant également : «Les questions économiques du pays ont toujours eu une place centrale dans les débats organisés par notre confédération. C’est d’ailleurs un principe cardinal de la CAPC.» Ajoutant dans ce sens : «Notre livre blanc s’inscrit dans cet esprit. En clair, à travers ce document, nous aspirons à nous projeter dans un avenir de croissance car nous restons tous convaincus que le projet économique du pays est quelque chose de sérieux.» Comme le conférencier a fait savoir que le libre blanc « va servir entre autres à mettre à plat tous les problèmes que rencontrent les chefs d’entreprise et où l’on peut déceler que toutes les parties prenantes de l’activité économique ont une importance majeure, dont les diagnostics de chacune sont très souvent partagées».
Il dira aussi, avant de retracer les grands axes du document, que les questions et les visées du gouvernement ont pris place dans le livre blanc.

Quinze propositions pour un démarrage concret de l’économie
«C’est sur la base qu’une entreprise forte est le moteur de tout développement économique et social du pays que le livre blanc a été rédigé par nos experts en matière d’analyses», a souligné le patron de la CAPC. Révélant également : «Notre démarche de rédiger un livre blanc sur l’entreprise et le développement économique procède d’une évaluation du contexte actuel et de la conjoncture qui entoure la vie des entreprises, pour sortir au plus vite de la crise sanitaire et de se projeter dans un avenir de croissance dans une sérénité et un esprit de collaboration et de partage».
Abondant dans ce sens, «le développement économique est une affaire sérieuse pour ne pas la laisser à une catégorie d’acteurs, elle est l’affaire de tous, pouvoirs publics, entrepreneurs, société civile, partenaires sociaux, consommateurs, universitaires et experts. Comme nous avons le droit de récolter les fruits de la croissance, nous avons le devoir aussi de partager ces fruits, les efforts et les coûts de la sortie de crise». Non sans faire remarquer que le livre blanc «n’est pas un catalogue de revendications ni un plaidoyer d’une corporation et, encore moins, une recherche d’un positionnement pour un accès à une ressource ou à un avantage quelconque ». Arguant dans ce sens : «Nous avons voulu, à travers ce livre blanc, mettre à plat tous les problèmes que rencontre l’entreprise, mais aussi la situation de nos comptes publics, la conjoncture des marchés financiers et des matières premières et, in fine, les perspectives de sortie de crise. Nous avons aussi cherché à trouver les équilibres entre les attentes, les efforts et les conditions de mise en œuvre des propositions de sortie de crise. Autant de questions qui, selon Samy Agli, trouvent réponses à travers les 7 parties qui composent le livre blanc.
Pour le détail, le document exprime une analyse de la situation présente de l’entreprise et de l’économie nationale dans un contexte de crise, ensuite, les conditions préalables à un redressement suivies des ambitions de l’organisation patronale, de ses engagements et de ses valeurs, s’ensuit une série de 15 propositions et non des moindres. La sixième et dernière partie ayant trait respectivement aux attentes du CAPC et aux défis de l’économie et de l’entreprise. Le premier responsable de l’organisation patronale a toutefois fait remarquer que «toutes les parties ont leur importance particulière et singulière, mais nous avons donné une importance majeure à la partie 5». «Les diagnostics sont aujourd’hui largement partagés et il n’y a plus de temps pour spéculer sur ces derniers qui se terminent souvent par ‘il n’y a qu’à’. Nous avons argumenté nos propositions, mais nous n’avons pas été exhaustifs, nous avons plutôt été sélectifs des thèmes pour montrer le caractère urgent de certaines actions et leurs impacts sur le reste des secteurs et des activités». Toujours dans ce même sillage, Samy Agli a rapporté qu’une prépondérante a été accordée à quatre domaines. Ce sont «la sauvegarde des entreprises en difficulté, la promotion de l’investissement, la transition énergétique, l’économie numérique, le tourisme, la promotion des exportations», a-t-il détaillé. Il finira son exposé en mettant en exergue les défis de l’Etat, c’est-à-dire les secteurs névralgiques de l’économie du pays, à savoir la sécurité alimentaire, la transition énergétique et, enfin, le digital ou numérique. «Des documents consacrés à chacun de ses thèmes sont en voie d’élaboration par notre organisation patronale. Nous comptons, à l’occasion du Ramadhan, rendre public le document relatif à la sécurité alimentaire du pays étant donné que ce mois est synonyme de forte demande», a-t-il enfin annoncé en guise de fin d’exposé.

Ryad Boudjemad, expert en transition énergétique
n«Aujourd’hui, le pays consomme 50 % de sa production annuelle de gaz naturel. Ce qui veut dire que si nous continuons avec cette consommation de gaz exponentiel, nous allons nous retrouver, à l’horizon 2030, face à ce dur dilemme : soit consommer ce que nous produisons, soit l’exporter. C’est pourquoi, il devient urgent de réduire nos volumes de consommation de gaz naturel. Dans cette optique, il s’agira de mener des actions consistant à des mesures d’efficacité énergétique touchant tous les niveaux de la société. En premier lieu, tous les bâtiments administratifs. Et aussi sensibiliser la population pour qu’elle adopte des gestes civiques, c’est-à-dire procéder à des gains économiques dans leur niveau de consommation de l’énergie électrique. En résumé, il faudra améliorer notre sécurité énergétique avec l’intégration optimisée des énergies renouvelables afin de réduire la consommation de gaz.»

Souhil Guessoum, expert en numérique
n«Le numérique est le catalyseur du développement économique dès lors où il a un impact direct et indirect sur tous les secteurs et permet d’accélérer les transformations de manière très rapide. Le numérique recèle de nombreuses opportunités de création et de développement des entreprises et d’amélioration de la compétitivité des entreprises déjà opérationnelles. C’est pour dire tout l’enjeu du numérique dans l’avenir économique du pays.»