Par Bouzid Chalabi
En matière de fret maritime, il a été constaté ces dernières années une pratique qui coûte cher à l’économie du pays. Les surestaries, c’est d’elles dont il s’agit, ou indemnités aux consignataires de conteneurs et leurs expansions effrénées, vont faire l’objet de mesures à même de réduire la facture induite à ce mode opératoire. C’est ce qu’a révélé le ministre des Transports, Lazhar Hani. Ce dernier, qui s’exprimait lors d’un point de presse en marge de la tenue, hier à Alger, de la première édition du Forum du transport, dédié au transport maritime des marchandises, a fait savoir qu’une amende devra être mise en œuvre à l’encontre des opérateurs économiques ayant leur conteneurs retenus au niveau des infrastructures portuaires du pays, ce qui engendre des frais supplémentaires en devises sur l’opération d’importation. Il a ainsi précisé dans ce sens, qu’en 2019, le coût des frais supplémentaires dus aux «surestaries» a représenté près de 9,7 milliards de dinars «alors que les importations étaient faibles». Une hémorragie de devises qui grève les recettes extérieures du pays en net recul ces dernières années. C’est pourquoi, le ministre plaide pour une réduction rapide de la facture. Pour ce faire, Hani appelle toutes les parties prenantes à s’impliquer dans cette démarche. Arguant dans ce sens, lors de son allocution à l’occasion de cette rencontre, «les frais d’immobilisation des conteneurs, née des lenteurs observées lors du passage portuaire et de leur restitution tardive par les importateurs, alourdit la facture du transport». Soulignant au passage : «Il est vrai que ces pratiques sont essentiellement dues au retard de modernisation de notre infrastructure portuaire existante, auxquelles s’ajoutent des équipements d’exploitation inadaptés expliquant la faiblesse des rendements et les longs séjours des navires à quai.» Le ministre a en outre confié que «les faiblesses dans la chaîne logistique font du transport de marchandise vers l’Algérie le plus coûteux du bassin méditerranéen.» Et de lâcher : «Ajouter à cela, les opérateurs nationaux du commerce extérieur ont la fâcheuse habitude de ne pas restituer les conteneurs dans des délais raisonnables.» Non sans relever «les lenteurs observées lors de l’accomplissement des formalités administratives du contrôle transfrontalier». Déplorant que «toutes ces contraintes conduisent à des immobilisations exagérées des conteneurs qui donnent lieu à d’importants transferts de devises à l’étranger». Devant cet état des lieux, le ministre a annoncé que les conteneurs retenus au niveau des infrastructures portuaires du pays feront l’objet d’amendes graduelles au-delà de trente jours afin de réduire la facture de devises liée à l’activité logistique des opérations d’importation.
Un conseil national de facilitation des échanges économiques
Notons que les différents acteurs de la chaîne logistique et du fret maritime, présents à cette rencontre, ont pour leur part mis en exergue le manque de synergie entre les acteurs du commerce extérieur. Pour parer à cette difficulté, ils prônent de créer un conseil national de facilitation des échanges économiques muni de «mécanismes formels et contraignants». Dans ce sillage, le PDG du port de Béjaïa, Halim Kasmi, a dans son intervention appuyé qu’«à travers cette initiative, cela va permettre d’encourager le dépotage des conteneurs au niveau de zones logistiques ou de ports secs, voire même le dépotage direct au niveau des usines avec un contrôle a posteriori». Citant en exemple son port, où «il a été expérimenté la réservation de fenêtres d’accostage dédiées aux conteneurs». «Ce qui a permis de réduire le séjour en rade des porte-conteneurs», a-t-il fait observer. Pour sa part, le président de l’Association nationale des exportateurs algériens (Anexam), Ali Bey-Nasri, a relevé la nécessité de mieux contrôler les frais de manutention portuaire à travers les ports nationaux. D’autres participants ont fait savoir que certains opérateurs économiques activant dans le secteur de l’importation ne maîtrisent pas les différentes procédures liées à l’activité, rallongeant les délais pour apporter la documentation nécessaire. Selon eux, les établissements bancaires doivent également contribuer à réduire les délais administratifs du commerce extérieur. Les participants au Forum sont d’avis à se rencontrer autant que possible pour évaluer sur le terrain les décisions prises lors du Forum. <