De plus en plus d’opérateurs économiques s’impliquent dans la promotion des exportations hors hydrocarbures pour contribuer à leur impulser une véritable dynamique.

PAR INES DALI
C’est dans ce contexte que débute dimanche prochain une importante mission de plusieurs jours de la Confédération algérienne du patronat citoyen (CAPC) à Abidjan, en Côte d’Ivoire, en réponse à une visite à Alger du grand patronat ivoirien, en juillet dernier. C’est dans ce climat, également, que se tient aujourd’hui, à Alger, le Forum de l’export, organisé à l’initiative du Conseil du renouveau économique algérien (CREA) que préside Kamel Moula, le patron des Laboratoires Vénus. Un test pour cette nouvelle organisation patronale, créée il y a quelques mois, en février 2022, avec l’ambition d’être un acteur important sur la scène patronale algérienne et une force de proposition dans la recherche par l’entreprise algérienne d’une alternative à la seule rente pétrolière et de nouveaux marchés à l’export. Ce rendez-vous, le premier du genre pour le CREA, verra la présence et l’intervention du Premier ministre, Aïmene Benabderrahmane, qui prononcera une allocution à l’ouverture des travaux. Un signal important, selon les observateurs, qui suivent la relation entre le Conseil et le gouvernement. Mais aussi, généralement, un geste d’encouragement de l’Exécutif à l’entreprise publique et privée qui cherche à se déployer à l’international. Une ambition affichée par Kamel Moula et les patrons qui se sont engagés à ses côtés pour « reconfigurer » le champ associatif patronal dans notre pays y compris sur le plan de « la diplomatie d’entrepris et des affaires ». Pour la rencontre d’aujourd’hui à laquelle prend part également le ministre du Commerce Kamel Rezig, la place sera au débat.
Dans ce cadre, deux panels sont prévus lors de cette rencontre, le premier portant sur la «Stratégie opérationnelle pour le développement des exportations» et le second sur la «Dynamique des réformes pour une Algérie exportatrice». Si l’ensemble des secteurs de production hors hydrocarbures pourraient être éligibles à l’exportation, il y en a cependant trois sur lesquels l’Algérie peut fortement miser, à commencer par le secteur minier qui peut rapporter plus que les hydrocarbures, de l’avis de Ali Bey Nasri, consultant en commerce international et ex-président de l’Anexal (Association nationale des exportateurs algériens) qui a ajouté que ce secteur «peut rapporter selon des experts jusqu’à 50 milliards de dollars par an». Affirmant que les exportations réalisées jusqu’à présent sont dues aux investissements des douze dernières années, il enchaine que l’Algérie peut devenir un pays exportateur grâce à ces investissements. Mais pour exporter, le pays doit d’abord «déterminer quels sont les secteurs pour lesquels il y a une demande mondiale, et identifier quels sont les marchés émergents exprimant une demande, dans quel continent…». Selon M. Nasri, «la stratégie à l’export de l’Algérie doit s’appuyer sur les métiers futurs».
«L’exportation doit s’appuyer sur la valorisation des ressources naturelles»
L’Algérie doit miser sur ses «nombreuses ressources, notamment dans les minerais dont elle dispose de grandes richesses dans le Sud. Il y a des métaux rares très précieux, comme le manganèse, le lithium, etc. C’est dire que le secteur minier est l’un qui nous permet de tirer des avantages très importants. La valorisation des ressources minières algériennes est encore inexploitée», a-t-il souligné, notant la richesse de l’Algérie en terres rares. Le plus important qui peut faire augmenter les exportations hors hydrocarbures, insiste-t-il, c’est de «ne plus exporter les ressources naturelles à l’état brut». Ce qui est valable également pour la pétrochimie qui peut être développée pour de nombreuses productions en utilisant la matière première qu’est le gaz. En outre, l’Algérie est «en train d’émerger en tant que puissance dans le domaine des fertilisants avec sa production des engrais azotés et des engrais phosphatés. Nous exportons environ 2 millions de tonnes de phosphate à l’état brut, alors sa valorisation par la transformation peut multiplier son prix par dix», a relevé l’expert en export. L’Algérie qui s’est assignée l’objectif d’atteindre le seuil de 7 milliards de dollars d’exportations hors hydrocarbures à fin 2022, a déjà réalisé un montant dépassant les 4 milliards de dollars actuellement. Ce qui reste une performance reconnue également par les institutions internationales. La Banque mondiale n’a pas manqué de le souligner dans son rapport de suivi sur de la situation économique algérienne, relevant que la tendance à la hausse des exportations globales du pays au premier semestre a été «renforcée par la hausse des exportations hors-hydrocarbures». Selon les données statistiques des Douanes algériennes, les exportations hors hydrocarbures (hors énergie et lubrifiants) ont atteint 3,507 milliards de dollars au premier semestre 2022, contre 2,047 milliards de dollars au premier semestre 2021, soit environ la moitié de l’objectif de l’année 2022 qui est de 7 milliards de dollars. Les Douanes ont tenu à préciser que le montant des exportations hors hydrocarbures publié ne contient pas les produits dérivés des hydrocarbures, contrairement à l’année dernière. n