En dépit d’une légère baisse observée hier, en raison des informations sur la probabilité d’un accord sur le nucléaire iranien et le retour de Téhéran sur le marché avec un niveau de production accru, les cours mondiaux du brut devraient se maintenir à un niveau positif pour les pays producteurs – autour des 95 dollars le baril. La banque d’investissement Goldman Sachs, qui a publié le 7 août dernier une note prévisionnelle de baisse des prix, considère que les arguments pour des transactions haussières demeurent solides.

Par Kahina Sidhoum
Hier, mardi 9 août, les cours du pétrole ont enregistré une baisse sur les marchés européen et américain. En début de matinée, le Brent, pour livraison en octobre prochain, a perdu 1,08% pour atteindre le prix de 95,60 dollars le baril. Le West Texas Intermediate (WTI), pour livraison en septembre, a quant à lui baissé de 1,30%, pour être vendu à 89,58 dollars le baril. Pour les observateurs du marché mondial du Brut, ce léger recul des prix est expliqué par la finalisation de l’accord des négociations sur le nucléaire iranien entre Téhéran, les cinq pays membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU, l’Allemagne, l’Union européenne, les Etats-Unis revenus au banc des discussions avec l’élection de l’administration Biden, et l’Agence internationale de l’énergie atomique. Un texte rédigé à Vienne en 2015 et dont l’objectif est la levée progressive des sanctions économiques infligées à l’Iran qui s’engage à abandonner son programme d’enrichissement de l’uranium dans ses centrales et à renoncer à l’usage militaire de l’atome. La baisse des prix est expliquée surtout par la probabilité que ce texte, finalisé par les pays de l’UE, redonne vie à l’entente qui a vu le jour dans la capitale autrichienne, siège de l’Agence atomique, en 2015. «La négociation est finie, c’est le texte final (…) et il ne sera pas renégocié», a déclaré un responsable européen à la presse sous couvert d’anonymat. Le grand concerné par ce dossier, l’Iran, qui cherche à placer sa production de pétrole sur le marché international pour soulager une économie essoufflée et à l’origine de heurts sociaux récemment recensés, n’a pas encore réagi à l’annonce européenne. On ne sait pas quelle attitude il aura par rapport au texte final. Mais la simple annonce de son existence- après quatre ans de négociations- a suffi à faire bouger les marchés. «Un accord pourrait atténuer la pression sur les prix du pétrole», a estimé un expert du cabinet Oanda, Craig Erlam. «Son ampleur dépendra de la rapidité avec laquelle le pays pourra alors inonder le marché de brut supplémentaire», ajoute ce spécialiste qui demeure, cependant, prudent sur l’optimisme des investisseurs. Cela, «compte tenu du temps qu’il a fallu pour en arriver là et du fait qu’il y aurait encore des points de désaccord». Une prudence que ne semble pas avoir un autre expert du cabinet PVM Energy, Tamas Varga, interrogé par l’AFP. «Les craintes de contraintes d’approvisionnement ont pratiquement disparu», considère-t-il, indiquant au passage qu’un retour en puissance de la production iranienne sur le marché dans le contexte actuel de la guerre de la Russie en Ukraine n’est pas une garantie, au point de vue des pays consommateurs, d’une baisse des prix continuelle.
La raison, selon lui, est que «lorsque les sanctions de l’UE battront leur plein dans quelques mois, un volume considérable de brut et de produits russes devra être remplacé, ce qui entraînera une nouvelle hausse des prix». «La question est de savoir dans quelle mesure un pétrole à 90 dollars est viable alors que le marché reste très tendu», s’interroge également son collègue Craig Erlam du cabinet Oanda. Ce dernier rappelle à juste titre que la dernière réunion de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole et de leurs alliés (Opep+) a montré que l’alliance ne compte pas inonder le marché de brut.

Les prévisions de Goldman Sachs
Quid de l’avenir prochain ? Un début de réponse a été fourni, dimanche 7 août 2022, par la banque d’investissement Goldman Sachs qui, sans remettre en cause les arguments pour le maintien de cours pétroliers élevés, a révisé à la baisse ses prévisions de prix du Brent pour ce trimestre à 110 dollars le baril, contre une projection précédente de 140 dollars le baril. Durant ces dernières semaines, les prix du pétrole ont été entraînés à la baisse par la faible liquidité commerciale et «un mur d’inquiétudes qui monte», a déclaré Goldman dans sa note publiée par Bloomberg, lundi 8 août. Ces inquiétudes incluent les craintes de récession, la libération supplémentaire des réserves pétrolières des Etats-Unis (20 millions de barils), le rebond de la production de pétrole brut russe et les verrouillages instantanés liés à la Covid en Chine, ont noté les stratèges de la banque. Goldman Sachs a également révisé à la baisse ses prévisions de prix du Brent au quatrième trimestre à 125 dollars le baril, contre 130 dollars le baril précédemment attendus. La projection de 2023, cependant, est restée inchangée à 125 dollars le baril. «Nous pensons que les arguments en faveur d’une hausse des prix du pétrole restent solides, même en supposant que tous ces chocs négatifs se produisent, le marché restant dans un déficit plus important que prévu ces derniers mois », lit-on dans la note de Goldman Sachs. n