Jeudi, il a débarqué à Yas Marina entièrement vêtu de violet avec, floqué dans son dos, un message on ne peut plus explicite : « Fuck off ». Lewis Hamilton n’est pourtant pas le Joker ; dans la grande histoire de cette fin de saison, il a plutôt endossé le rôle du gentil, par opposition au « méchant » Max Verstappen. Libre à chacun d’apprécier l’un ou l’autre – ou même les deux – mais le pilote britannique, lui, a choisi son camp.
Face au prodige néerlandais, pilote dont l’agressivité fait partie de l’ADN, puisque c’est ainsi qu’il a été formé dès ses plus jeunes années – il le revendique bien volontiers – le septuple champion du monde a opposé la méthode douce. Elle n’a pourtant pas toujours été son approche préférentielle, de ses débuts en Formule 1 à la saison 2016, où sa rivalité avec Nico Rosberg ne fut pas franchement très saine en piste.
DEVOIR D’EXEMPLARITÉ
Mais aujourd’hui, alors que son propre patron, Toto Wolff, imagine depuis des semaines une issue à la Prost – Senna, que le directeur de course Michael Masi a jugé utile de rappeler les risques encourus par les prétendants au titre en cas de manœuvre « illicite », «King Lewis» reste droit dans ses bottes. Lui veut « gagner le titre proprement », comme il l’a rappelé la semaine dernière avant même le cirque de Jeddah.
Il n’empêche, le comportement d’Hamilton en piste découle aussi d’un processus plus large dépassant le simple cadre de la course. Ces dernières années, le septuple champion du monde s’est considérablement recentré autour de son devoir d’exemplarité et de l’influence qui est la sienne.
HAMILTON, L’ANCIENNE ÉCOLE
« J’ai toujours voulu avoir un impact positif, je ne veux pas simplement prendre », disait-il en 2018. « Je veux juste être moi, a-t-il rappelé au micro de Sky Sports jeudi. C’est ma plus grande force, avec mon expérience, mon approche et ce que vous avez vu ces dernières semaines. » Peut-être est-ce la sagesse d’un homme qui, dans moins d’un mois, fêtera ses 37 ans. Ou bien la quête d’un pilote qui figure déjà au sommet de son sport d’un point de vue statistique, dont l’héritage ne se construit donc plus sur les chiffres, mais sur les actes.
Ne pas outrepasser les limites est aussi, pour lui, une manière de se démarquer de la nouvelle génération de «baby drivers», très talentueux mais aussi réputés pour leur agressivité en piste. « Il faut faire très attention, plus que jamais, expliquait fin novembre dans des propos relayés par Auto Motor und Sport. Il faut toujours être prêt à éviter une collision, même si cela implique de quitter la piste. » Ce qu’il avait fait au Brésil, après une première tentative de dépassement sur Max Verstappen.