Depuis samedi dernier, l’Algérie enregistre plus de 2000 cas de Covid-19 par jour. Ce qui a mis en alerte le gouvernement qui, se basant sur ces chiffres record, dépassant ceux de la troisième vague, reconnait «la gravité» de la situation. Hier encore, l’Algérie a enregistré un nouveau pic historique avec 2215 nouveaux cas.
PAR INES DALI
Le ministère de la Santé a pris toutes les dispositions nécessaires depuis plusieurs semaines, selon son premier responsable, Abderrahmane Benbouzid, qui a déclaré, dans ce sens, tenir des réunions périodiques avec les responsables du secteur au niveau local et régional afin d’éviter d’avoir les défaillances des vagues précédentes. «On a préparé les lits, l’oxygène et le personnel», a-t-il indiqué à la télévision nationale, faisant le point sur la situation épidémique que vit le pays, soulignant que «la 4e vague ne nous a pas foudroyés comme la troisième. Elle montre très lentement». Au niveau des hôpitaux, il y a 5200 malades alors que la 4e vague a commencé il a environ quatre semaines avec quelques 2000 hospitalisations. Un chiffre qui a commencé à augmenter progressivement, contrairement à la 3e vague où il y avait 4000 malades hospitalisés par semaine jusqu’à avoir atteint 17.000 hospitalisés, selon le ministre. La directive donnée aux directeurs des hôpitaux est de ne pas libérer les lits inutilement et de maintenir certains services ouverts, comme la maternité et la pédiatrie.
Reconnaissant qu’il y «quelques dysfonctionnements se comptant sur le bout des doigts», à «Alger qui compte 19 hôpitaux», il soutient que «globalement, il n’y a pas du tout de panique, les lits d’hospitalisation et l’oxygène étant disponibles, l’Omicron n’étant pas oxygénovore». Commentant les chiffres des derniers jours, il a estimé que «plus les chiffres sont élevés, plus il y a d’hospitalisations et plus il y a de préoccupation». D’ailleurs, c’est pour cela que le gouvernement a décidé de prolonger les mesures anti-Covid-19 pour une période de 10 jours à compter de mardi, soulignant que le nombre de contaminations enregistré ces derniers jours dépasse celui enregistré au pic de la troisième vague, ce qui témoigne, a-t-il écrit dans son communiqué, de «la gravité de la situation qui risque de mettre en grande difficulté nos structures hospitalières, lesquelles pourraient atteindre un seuil de saturation. De même que ce rythme de propagation pourrait induire un fort impact sur notre population et chez les personnes les plus vulnérables, particulièrement les personnes non encore vaccinées».
Le ministre a souligné qu’il y a beaucoup de contaminés parmi les soignants, ce qui l’a amené à demander aux directeurs des hôpitaux de garder les résidents afin qu’ils prêtent main forte au personnel présent. Il a, par ailleurs, rassuré sur la disponibilité des médicaments, indiquant que le stock constitué peut durer trois mois.
29.39% de taux de vaccination
Abordant le sensible volet de la vaccination, le Pr Benbouzid a déclaré qu’«on n’arrive pas à comprendre pourquoi les gens sont si réfractaires et si réticents à la vaccination», donnant par la suite des exemples de pays dont la population a accepté de se faire vacciner et qui sont arrivés à des taux très élevés, contrairement à l’Algérie alors que le pays dispose de millions de quantités d’anti-Covid-19. «Nous sommes maintenant à un taux national de vaccination d’un peu plus de 29%. Mais je précise que c’est 29% pour nous et 13% pour l’Organisation mondiale de la santé (OMS)», a indiqué le ministre. L’explication de cette différence se trouve dans le fait que l’Algérie fait ses comptes pour «la population vaccinée à partir de 18 ans, c’est-à-dire la population cible depuis le début, alors que dans d’autres pays elle a touché même les enfants, comme l’Equateur où la vaccination est obligatoire pour les enfants à partir de deux ans et l’Autriche qui a rendu la vaccination obligatoire». Donc «pour nous, les personnes vaccinées en Algérie à partir de 18 ans représentent 29% de la population cible qui est de 20 millions de personnes», a encore expliqué le Pr Benbouzid. Le dernier taux de vaccination est de «29,39% pour ceux qui ont reçu les deux doses, alors que ceux qui ont reçu la troisième dose ne représentent que 1%», a-t-il dit, regrettant que la progression de la vaccination soit aussi lente et disant même que c’est absolument décevant comparativement à la troisième vague où le pays était arrivé à vacciner plus de 250.000 personnes en une seule journée. Le ministre, évoquant les campagnes dissuasives de vacciner, a tenu à souligner qu’«qu’on doit fournir plus d’efforts pour convaincre quelqu’un que ce qui a été fait pour faire le mal».
L’Algérie compte maintenant sur la nouvelle campagne nationale de vaccination, la quatrième lancée au profit du personnel de l’éducation nationale et celle au profit de personnel de l’enseignement, pour faire augmenter le taux national. C’est à ce titre que le gouvernement a, dans communiqué, lancé un énième appel à l’ensemble de la population réticente à aller recevoir l’anti-Covid-19, notamment en cette période où l’Omicron continue de se propager et où l’Organisation mondiale de la santé a mis en garde en indiquant qu’il ne faut pas se méprendre sur ce variant qui pourrait faire apparaitre un sous-variant ou un autre variant. «La majorité des cas d’hospitalisation et de décès sont observés chez les sujets non vaccinés», a écrit le gouvernement, exhortant, ainsi, «les citoyennes et les citoyens à participer massivement aux campagnes de vaccinations lancées au niveau de l’ensemble du territoire national».