La sortie du conseiller du PDG de Sonelgaz Yacine Réda Rédouane, selon lequel le groupe énergéticien public va se lancer dans la réalisation de 15000 MW à partir du solaire photovoltaïque, n’a pas manqué de susciter les interrogations sur la stratégie que le gouvernement compte suivre pour la production d’électricité à partir de la ressource renouvelable. Va-t-il abandonner le projet Solar 1000 et opter pour un autre modèle d’investissent qui serait confié exclusivement à Sonelgaz ? Va-t-il se passer de Shaems, la société mixte chargée de la conduite de Solar 1000, ou va-t-il l’orienter vers des projets moins ambitieux ? Autant de questions qui méritent une clarification et des assurances que l’Algérie dispose de la bonne stratégie pour atteindre l’objectif de diversifier son modèle énergétique.
Par Hakim Ould Mohamed
Un conseiller du PDG de Sonelgaz, en l’occurrence Yacine Réda Rédouane, a annoncé, lundi, que le groupe a été chargé «officiellement » par les pouvoir publics de réaliser 15.000 mégawatts en énergies renouvelables et qu’un appel d’offres national et international sera lancé, à cet effet, avant la fin du premier trimestre 2023 pour la réalisation de 2.000 MW d’EnR comme première phase. «Sonelgaz vient d’être chargée officiellement par les pouvoirs publics pour la réalisation du programme du président de la République qui consiste à réaliser 15.000 MW en EnR », a-t-il déclaré sur les ondes de la radio chaîne 3, soulignant sur sa lancée que «le cahier des charges national et international est prêt et il porte sur la réalisation en 2023 de 2000 MW comme première phase ». Ce n’est un secret pour personne, cela fait des années que le groupe Sonelgaz a dédié un de ses plans d’investissement aux énergies renouvelables avec, comme projets concrets, la mise en place d’une unité dédiée à la fabrication des panneaux photovoltaïques et la participation dans plusieurs projets de production d’électricité d’origine renouvelable. Cependant, l’annonce faite par le conseiller du PDG de Sonelgaz fait planer plusieurs interrogations sur l’avenir du projet Solar1000, dont l’appel d’offres international pour la réalisation de plusieurs stations photovoltaïques d’une capacité cumulée de 1000 mégawatts a été lancé voici plusieurs mois.
Après avoir prolongé les délais de souscription au projet Solar1000, Shaems n’a plus donné aucune nouvelle quant aux dates prévues pour l’ouverture des offres techniques et financières. Les investisseurs sont ainsi restés sur leur faim, dont certains attendaient l’ouverture des plis, tandis que d’autres étaient plutôt dans l’attente d’une décision quant au mode de financement retenu. Certains poids lourds mondiaux du photovoltaïque avaient émis le vœu de mobiliser des fonds sur les marchés internationaux, mais leur souhait était tributaire de l’inscription de Solar1000 sur la liste des projets stratégiques, conformément à l’instruction publiée par la Banque d’Algérie fixant les conditions de mobilisation de financements extérieurs aux fins de financer les projets d’investissement en Algérie. Les retards accusés par le projet Solar1000, du moins dans sa partie procédurale, fait dire à certains acteurs nationaux du renouvelable qu’il serait abandonné ou du moins remis aux calendes grecques.
L’annonce du conseiller du PDG de Sonelgaz est venue rajouter une couche à cette incertitude ambiante, d’autant plus qu’aucune explication n’est fournie jusqu’ici quant aux retards accusés. L’appel d’offres pour la réalisation du projet Solar1000 a été lancé fin décembre 2021 par le ministère de la Transition énergétique et des Energies renouvelables. Les conditions de souscription à ce projet et le cahier des charges n’ont été publiés que quelques semaines plus tard. Ce premier retard a laissé les investisseurs potentiels dans le flou le plus que parfait notamment sur les conditions de souscription au projet. Après que les premiers délais de souscription soient arrivés à expiration, Shaems, maitre d’ouvrage du projet, avait annoncé à mi-juin la prorogation du délai de remise des offres et le report de l’ouverture des plis prévue initialement le 30 avril 2022. Ce report a été justifié alors par le souci de permettre à certaines grosses cylindrées mondiales d’être de la partie.
Depuis, plus aucune nouvelle n’a été communiquée sur le projet, même après la publication de la nouvelle loi sur l’investissement qui a esquissé la nature des projets pouvant être déclarés comme stratégiques, et donc de nature à permettre la mobilisation des financements extérieurs. Quoi qu’il en soit, confier au groupe Sonelgaz un projet de même ampleur que le Solar1000 doit passer par le même cheminement procédural étant donné les capacités techniques et financières limitées de Sonelgaz, même si ses ambitions dans le domaine du renouvelable sont importantes. D’autant plus que Solar1000 nécessitait un financement d’un milliard de dollars, ce qui signifie que le projet attribué à Sonelgaz, d’une capacité de 15000 mégawatts exigerait un financement d’environ 1,5 milliard de dollars. La différence par rapport au projet Solar1000 est que le groupe Sonelgaz peut facilement mobiliser un milliard de dollars à travers des crédits syndiqués attribués par les banques publiques, garantis par l’Etat, ou même via une levée de fonds sur le marché obligataire, alors que lorsqu’il s’agit d’investisseurs privés et/ou étrangers, les banques rechignent à octroyer de gros crédits en l’absence de garanties de l’Etat. Cela laisse penser que le projet de 15.000 mégawatts attribué à Sonelgaz est né dans le souci de mobiliser les financements intérieurs et d’éviter le recours aux financements extérieurs. n