Avec l’investiture du Président Abdelmajid Tebboune, le développement des start-up, ces micro-entreprises spécialisées dans les technologies de l’information et de la communication, figure parmi les actions prioritaires de la feuille de route du chef de l’Etat.
Outre un département ministériel dédié à ce dossier, la création d’une banque pour les start-up fait également partie des engagements du premier magistrat du pays. Car le système bancaire actuel propose une offre de produits inadaptés aux besoins de ces petites entreprises.
Au point que le problème de financement est devenu l’un des premiers freins au développement des start-ups en Algérie.
L’Algérie dans sa stratégie doit cibler des secteurs à fort potentiel de croissance. Citons l’’exemple des nouvelles technologies. Aujourd’hui, elles représentent 4 % du PIB sachant que la moyenne régionale est de 8% alors que l’Algérie a un potentiel d’atteindre 10% du PIB.
Du coup, l’Algérie enregistre un nombre très insuffisant de start-up, alors qu’elle a besoin de ces PME pour introduire les nouvelles technologies de l’information et de la communication, développer une industrie du contenu dans le domaine de l’internet, impliquer ces entreprises dans la quête d’une croissance économique élevée et la création d’un grand nombre d’emplois à travers un développement important du tissu des PME, améliorer les services destinés à la population. En clair, les start-up en Algérie constituent une part très négligeable du tissu de PME.
Dans une communication intitulée
« Modernisation et développement du secteur bancaire : produits et solutions bancaires », présentée lors d’une rencontre sur la réforme du système bancaire, organisée récemment par Care, Nazim Bessaieh, banquier et expert financier, relève que l’objectif de 1 million de PME (petites et moyennes entreprises) a été atteint fin 2017 : 1 022 611. Mais la population globale des PME est à 97% constituée de TPE (moins de 10 salariés). Le nombre de start-up dans cette catégorie de PME est insignifiant. La petite entreprise représente 2,53% et la moyenne entreprise 0,31%. Nazim Bessaih observe que le secteur de la PME est bon qualitativement, mais faible quantitativement. Ces PME (personnes morales) activent principalement dans les services (52,52%), le BTPH 30,34%, les industries manufacturières 15,52%. Il en ressort implicitement de ces chiffres que les start-ups n’ont pas la taille critique pour figurer en bonne place dans ces statistiques.
Le tissu PME algérien reste très dépendant de la commande publique et n’offre pas les critères de bancabilité et accès au financement au vu de leur faible structure capitalistique, il y a lieu de faire évoluer le secteur vers la croissance par le marché et de l’écosystème. L’orateur explique qu’il ne peut y avoir de développement de l’écosystème de start-up et PME sans les instruments de financement adéquats en citant la formule de financement approprié pour ces sociétés, notamment le factoring.
Ce dernier est une technique de gestion financière pour laquelle une société financière (le factor) gère dans le cadre d’un contrat (contrat de factoring) le poste client d’une entreprise en finançant ses factures clients, en recouvrant ses créances, en garantissant les créances. En clair, avec cette solution, la start-up évite le risque de ne pas être payée par les clients et donc d’avoir des difficultés financières entre la période où la société effectue une prestation et la période où le bénéficiaire paie le service (retards dans le paiement). Nazim Bessaih souligne que le factoring est une solution de financement à court terme. Il suggère d’autoriser au sein de l’article 543 bis du code du commerce et du Décret exécutif numéro 95, relatif aux conditions d’habilitation des sociétés pratiquant le factoring, le factor exerçant à titre de professionnels sous forme de société commerciale régie par la législation et la réglementation applicables aux sociétés commerciales. En termes plus simples, il s’agit de parachever la législation sur le factoring pour rendre applicable cette formule de financement. Nazim Bessaih signale que depuis 1995, nous constatons la non-émergence des sociétés de factoring, alors que la réglementation algérienne prévoit cette technique de financement. L’expert recommande de faire évoluer la législation actuelle sur le factoring pour permettre aux banques de s’approprier ce mode de financement sous forme de filiales ou de produits internes, tels que pratiqué dans d’autres pays. En attendant de faire émerger cette activité bancaire au profit des start-up et de manière générale au bénéfice des PME.
Le spécialiste relève que dans de nombreux pays, le factoring, le rachat et vente de créances sont pratiqués. Il a ajouté que ces solutions permettront d’accompagner le développement des PME, en particulier, des start-up, malgré la faiblesse des niveaux de leurs fonds propres (montant du capital initial très modeste).
Sur la modernisation du secteur bancaire et l’introduction des technologies de l’information dans cette branche d’activité, le spécialiste préconise la généralisation des solutions de la banque digitale.
Cette dernière contribuera significativement à l’inclusion financière d’une large part de la population, c’est-à-dire une amélioration de la collecte des ressources financières de la part de particuliers, notamment ceux dont l’argent circule hors des circuits bancaires. La banque digitale, que ce soit via l’Internet, le mobile banking ainsi que la monétique peuvent être, suggère-t-il, un élément structurant de la réforme bancaire, notamment en termes de réduction de l’informel. La banque permettra en outre de réduire la prépondérance des paiements en espèce.