PAR MILINA KOUACI

A l’approche du mois de Ramadan, les distributeurs de viandes rouges demandent d’autoriser, à titre exceptionnel, les opérateurs privés d’importer l’aliment de bétail, lever le gel sur l’importation des viandes rouges et de renforcer le contrôle des abattoirs illicites qui échappent au contrôle des vétérinaires. La Commission nationale des distributeurs de viandes demande, par ailleurs, à être exonérée des taxes fiscales.
Lors de la conférence, organisée hier au siège de l’Association nationale des commerçants et d’artisans algériens (ANCA) à Alger, la Commission nationale des distributeurs de viande a formulé des propositions à l’Etat afin de remédier à l’instabilité des prix des viandes.
Son président, Khiar Merouane, a indiqué que la production est « largement inférieure » à la demande, précisant qu’habituellement « la demande pendant le Ramadan augmente de plus de 100% », indiquant que les prix ont augmenté depuis plus d’un mois. « La consommation s’élève au Ramadan de 120 à 130 000 tonnes de viande. Si on n’autorise pas l’importation, elle sera de 100 000 à 110 000 tonnes », a-t-il précisé.
Il demande à ce propos, aux hautes autorités, de lever le gel sur l’importation de viandes rouges à titre exceptionnel, pendant le Ramadan, pour assurer l’équilibre entre l’offre et la demande. «  La production nationale ne dépasse pas 1 million de tonnes tandis que la demande dépasse 1 200 000 tonnes », indique le président de l’ANCA, El Hadj Tahar Boulenouar. Le président de la Commission nationale des distributeurs de viande plaide pour que l’Etat autorise des opérateurs privés à importer les viandes rouges afin d’approvisionner le marché national en quantités suffisantes. « L’Etat autorise des opérateurs privés d’importer des veaux destinés à la consommation. Nous demandons que l’Etat autorise d’autres opérateurs d’importer la viande rouge pour ne pas permettre à une partie de monopoliser ce marché», exige-t-il.
Face à la « pénurie » de l’aliment de bétail, Khiar Merouane demande au président de la République d’autoriser des opérateurs privés d’importer «  temporairement et à titre exceptionnel » l’aliment de bétail, afin d’éviter la spéculation et d’approvisionner le marché national et les éleveurs en quantités suffisantes. « Nous savons que l’Etat a monopolisé l’importation pour diminuer la facture. Cependant, on ne peut interdire l’importation quand la production nationale ne couvre pas les besoins du marché national. Si la situation persiste, les prix ne baisseront pas et ne se stabiliseront jamais. » Pour lui, « la concurrence entre le secteur privé et l’Office national des aliments de bétails (Onab) contribuera au règlement des problèmes d’approvisionnements ». Il estime qu’il n’est pas possible de résoudre le problème de l’indisponibilité de l’aliment de bétail, sauf « si l’on ouvre la voie à la compétition », insiste M. Khiar.
Le conférencier rappelle que l’Etat « permet actuellement d’importer des veaux, mais sans permettre d’importer les aliments de bétail. Une situation qui crée « l’anarchie et aggrave » la crise de pénurie des aliments. D’ailleurs, il renvoie la hausse des prix des viandes à l’augmentation des prix de l’aliment de bétail, qui ont atteint les 7 000 DA le quintal. Il a, dans un autre volet, plaidé pour le renforcement de la production nationale céréalière et de la culture fourragère au vu des potentialités qui permettent au pays de relever le défi et d’aider les professionnels à exploiter les superficies agricoles. Il a souligné que les éleveurs de bétail n’ont bradé et délesté leurs cheptels qu’en raison de la cherté de leurs aliments.
Dans un autre contexte, M. Khiar Merouane a mis l’accent sur la nécessité de réaliser un nouvel abattoir doté d’équipements et de moyens sophistiqués devant permettre d’exercer l’activité dans de bonnes conditions, relevant que l’actuel abattoir, à El-Harrach, remonte à l’époque coloniale et ne dispose pas des moyens nécessaires en matière d’équipements et de main-d’œuvre. Il a aussi appelé les autorités à se presser pour la construction de l’abattoir et du marché de gros des viandes rouges à Ouled Chbel. Il a en outre appelé à renforcer le contrôle sur les abattoirs illicites où s’effectuent « l’abattage des brebis » et qui échappent au contrôle vétérinaire et ne remplissent pas les conditions d’hygiène.
Il a, enfin, demandé d’exonérer les producteurs de viandes des taxes fiscales.