Quatorze wilayas du nord du pays ravagées par les flammes et sept personnes ont perdu la vie en moins de 24 heures, selon un bilan provisoire.

Par Nadir Kadi
Alors qu’une véritable «vague» de départs de feu et d’incendies ravage, depuis lundi, le couvert végétal de 14 wilayas du pays, principalement à Tizi-Ouzou et Sétif, le bilan, déjà tragique, dénombre la mort de 7 personnes et plusieurs blessés. La Direction générale des Forêts (DGF) a précisé, dans la journée d’hier, avoir enregistré pas moins de «72 incendies» en 24 heures, dont «41 n’ont pas été circonscrits». Les autorités politiques, par la voie du ministre de l’Intérieur, ont quant à elles pointé l’origine «criminelle» de ces départs de feux simultanés : «Cinquante départs de feu en même temps, c’est impossible. Ces incendies sont d’origine criminelle», a en ce sens affirmé M. Beldjoud depuis Tizi-Ouzou. Des propos qui rejoignent ceux du Directeur général des Forêts (DGF) Ali Mahmoudi, pour qui «la hausse des températures ne peut pas être l’unique cause de ces feux de forêt».
Incendies dont les images, largement partagées sur les réseaux sociaux, démontrent à elles seules la gravité de la situation et l’étendue de la tragédie pour la population et le couvert végétal déjà très faible. La wilaya la plus «touchée», Tizi-Ouzou, aurait initialement enregistré une trentaine d’incendies au niveau de 13 communes, selon le responsable de la communication à la Protection civile, le capitaine Nassim Bernanoui. Le nombre de départs de feu a toutefois doublé dans la journée d’hier selon d’autres sources. Quant au bilan humain, toujours provisoire, il fait état de 6 victimes, notamment une jeune femme de 23 ans, selon le ministre de l’Intérieur, pour qui la «priorité actuellement est de protéger les populations et préserver les vies». En ce sens, il a été rapporté que l’intervention de la Protection civile, qui a déployé «900 agents, 12 colonnes mobiles et 200 camions-citernes» a permis d’épargner un certain nombre de localités et d’infrastructures, notamment l’hôpital d’Aïn El Hammam, «un temps» cerné par les flammes.
Plan Orsec déclenché
Et dans cette même optique, on apprenait, hier, en milieu de journée, qu’un plan Orsec a été déclenché, l’objectif serait d’organiser les secours et renforcer en moyens de lutte, au niveau des trois zones «les plus affectées», à savoir Ouacifs (Ath Yenni), Larbaa n’Ath Irathen et Aïn El Hammam. D’importants moyens de lutte étaient en route, hier, selon le directeur local de la Protection civile, le lieutenant-colonel Abdelhakim Chabour, notamment 90 engins d’intervention, 2 hélicoptères et 60 camions ravitailleurs en eau…
Incendies qui ravagent également la wilaya de Sétif, où la mort d’un octogénaire du douar El Khelafa a été rapportée par l’APS. La victime tentait visiblement, selon les services de la Protection civile, de protéger ses biens et son cheptel avant d’être intoxiquée par la fumée. La wilaya, simultanément touchée depuis lundi, enregistre également, selon un premier bilan, la perte de «dizaines d’hectares de broussailles, d’arbres forestiers et de vergers». La lutte contre les flammes serait rendue difficile par la rapidité de leur propagation. Le chargé de la communication local de la Protection civile, le capitaine Ahmed Lamamra, explique en ce sens que les «flammes se sont déclarées à mechta Laadhama, dans la commune d’Aïn Sebt, et se sont propagées aux mechtas voisines, à l’instar de Nouidra, Zengrout, El Kef Lahmar et El Khelafa». Une situation qui a nécessité le déploiement des moyens de la Protection civile et l’intervention des équipes des communes de Beni Aziz et Babor, appuyées par la colonne mobile de la wilaya de Sétif et une brigade de renfort, relevant de la colonne mobile de la wilaya de M’sila. Par ailleurs, un second déploiement a été signalé pour éteindre un incendie qui se serait déclaré dans une forêt de pins d’Alep au niveau de Djebel Youcef dans la commune de Guidjel au sud de la wilaya de Sétif.
Situation comparable, mais à des degrés de gravité divers, au niveau des wilayas de Tébessa, Oum el Bouaghi, Jijel, Médéa, Béjaïa, Blida, Khenchela, Bouira, Guelma, Bordj Bou-Arréridj, Boumerdès, Tiaret et Skikda… Plusieurs communiqués de presse expliquaient dans la journée d’hier que les incendies se propagent, entre autres, à Béjaïa où 10 feux «importants» ont été recensés dont 5 «toujours en cours».
Quant à la wilaya de Blida, elle enregistrait durant la même période «un grand incendie» entre les localités de Tesli et Tizarine dans la commune de Bouguerra. L’intervention de l’unité locale de la Protection civile, appuyée par celles des communes avoisinantes, aurait néanmoins permis de maîtriser 90% de l’incendie, une «cellule de crise» supervisée par la wilaya a été mise en place.
Quant aux causes de ces incendies, encore alimentées par les fortes chaleurs et le vent qui favorise la propagation des flammes, elles seraient avant tout «humaines», selon les premières déclarations des responsables politiques et aussi de gestion du patrimoine forestier.
Ainsi le ministre de l’Intérieur, Kamel Beldjoud, a affirmé dans une déclaration à la presse que «des mains criminelles nourries de haine contre notre pays et voulant nuire à l’Algérie sont derrière les incendies». Le ministre qui fait le rapprochement avec les derniers incendies de Khenchela, où les photos satellites montraient des départs de feu systématiquement proches des zones de passages, selon la DGF, a par ailleurs promis que des enquêtes «seront ouvertes» par les services de sécurité pour élucider les circonstances de ce sinistre et identifier et punir les coupables.
Et sur un tout autre plan, le ministre de l’Intérieur a annoncé qu’une «délégation de 130 à 140 experts se rendra samedi à Tizi-Ouzou afin d’évaluer sur le terrain, dans les communes touchées par les incendies, l’ampleur exacte des dégâts et des pertes» avant de «rassurer» les familles sinistrées de la solidarité de l’Etat, en annonçant qu’elles seront indemnisées pour les pertes qu’elles ont subies. n