Par Rouchdi BERRAHMA
Dans Fatum, Sylvie Callet nous dresse le portrait sans concession d’un quartier populaire en proie à la violence et à la montée de l’intégrisme. L’on suit alternativement les histoires de Samia et Abby, deux jeunes adolescentes, mais aussi celles de Sohan et Kévin-Younes, deux amis bien décidés à faire le Djihad. Ce roman noir, sombre et réaliste, dépeint avec force cette misère sociale et tous ces personnages. L’autrice fait un constat bien amer d’une société dans laquelle la justice et les parents semblent absents. Des thèmes délicats et ombreux sont abordés : viol, violence, extrémisme… L’écriture travaillée sied à cette ambiance sombre et c’est important de le dire, pour un roman noir. Les personnages et leurs psychologies finement analysées rendent la lecture encore plus agréable. La trame de l’intrigue est originale mais le final est prévisible, ce qui n’est pas grave car le tout se lit très facilement. A n’en pas douter, Sylvie Callet est une valeur sûre du polar. « Fatum » est magistral. Pour moi, c’est un coup de cœur, que je vais conseiller à tous ceux qui aiment les romans noirs, ou ceux qui aiment les retournements de situation. Issue des quartiers, Samia, une lycéenne de 15 ans, rêve en secret de devenir écrivaine. Depuis qu’Amar, son père, est parti au bled, sa mère Sabine peine à joindre les deux bouts, son frère Sohan se radicalise, sa petite sœur Myriam devient ingérable. Abby, sa meilleure amie, submergée par un drame familial, part elle aussi à la dérive. Samia trouve du réconfort dans les ouvrages qu’elle emprunte chaque semaine à son étrange voisine, madame Henry, surnommée « la femme aux livres ». Un jour la jeune fille trouve celle-ci sur le carrelage de sa cuisine en train de se vider de son sang. Une enquête est ouverte pour agression. Samia l’ignore, mais sa vie vient de basculer. Inexorablement.
Sylvie Callet est écrivaine, conceptrice-animatrice d’ateliers d’écriture et formatrice. D’origine toulonnaise, elle vit avec son mari sculpteur à Villefranche-sur-Saône, où elle a créé l’association Écriture & Papyrus. Ses goûts littéraires sont éclectiques mais elle affectionne tout particulièrement les genres du polar et du roman noir, ces miroirs du social qui mettent en scène des gens ordinaires.