Par Milina Kouaci
Depuis l’enregistrement des premiers cas de coronavirus en Algérie, aucun jour ne passe sans recenser de nouveaux morts. Pis encore, la pandémie continue de progresser et de faucher de nouvelles âmes. Le coronavirus a fait plus de 4 500 victimes depuis son apparition. Cette pandémie n’a pas, seulement, bouleversé notre mode de vie, mais aussi le processus de deuil, que ce soit pour les familles des victimes emportées par le coronavirus ou celles des personnes décédées d’une autre maladie ou de mort naturelle.
Les conditions particulières engendrées par la pandémie rendent les obsèques contraignantes par le confinement. En effet, toutes les familles sont touchées par le confinement et ses impacts et l’autorité sanitaire a pris, pour sa part, des mesures strictes concernant le processus d’inhumation des victimes du coronavirus. Les dépouilles sont directement transférées de la morgue au cimetière, deux membres de la famille du défunt sont autorisés à effectuer l’inhumation. Pour les dépouilles rapatriées de l’étranger, elles sont envoyées sans leurs familles et avant la reprise du trafic aérien, le pays avait suspendu, en mars dernier, les autorisations spéciales de voyage. Les familles des personnes décédées concernées par cette décision se sont trouvées dans l’incapacité de se déplacer en Algérie pour accompagner leur proche à leur dernière demeure. «Les familles algériennes vivent très mal cette situation. Elles ont besoin d’orientations et d’accompagnement psychologique», indique Khaled Keddad, président du Syndicat national des psychologues algériens. Il explique que les funérailles à l’heure du Coronavirus ont changé et augmentent l’affliction et la douleur des familles. La douleur que vit la famille d’une victime est exacerbée par la mort elle-même suite à une maladie contagieuse, mais aussi parce qu’elle ne peut pas faire un deuil comme en temps normal. Pour notre interlocuteur, le «deuil en période de Covid aura des conséquences plus graves et à plus long terme qui implique un suivi psychologique à tout individu souffrant de la perte d’un proche ou ami».
Outre les familles des décédés, les malades de la Covid-19 et leurs familles vivent des situations difficiles et ne sachant comment agir avec la maladie. En plus de vivre le confinement et ses impacts, les malades et leurs familles sont dans une détresse psychologique induite par le coronavirus. «Les personnes infectées par le coronavirus ont besoin d’un accompagnement psychologique, même à leur guérison», ajoute M. Keddad.
Ce dernier reproche à la tutelle de ne pas associer les psychologues dans le plan anti-Covid-19. «Il me semble que l’Autorité sanitaire n’a pas de vision claire sur la profession de psychologue et du rôle que ce professionnel de santé peut accomplir en cette période de crise sanitaire». Il dénonce le fait de faire des psychologues «des agents administratifs au lieu de bénéficier de leurs compétences comme cela se fait ailleurs dans le monde», renchérit le psychologue.
S’agissant de la vaccination, notre interlocuteur pense qu’elle est «nécessaire mais non obligatoire». Le rôle des psychologues est d’informer, de sensibiliser et d’aider les personnes hésitantes à prendre la bonne décision», conclut M. Keddad.