23,72% seulement du corps électoral national se sont exprimés. 66,80% des électeurs qui se sont rendus aux urnes ont voté en faveur de la révision constitutionnelle.
Au lendemain du référendum sur le projet de révision de la Constitution, le président de l’Autorité nationale indépendante des élections (ANIE), Mohamed Charfi, a présenté les résultats préliminaires de cette consultation populaire qui, selon toute vraisemblance, n’a pas connu l’engouement souhaité au vu du taux de participation national de 23,72% annoncé tard dans la soirée d’avant-hier, jour du scrutin. Les résultats définitifs seront annoncés par le Conseil constitutionnel une fois qu’il aura validé ceux de l’ANIE.
La question sur l’estimation du taux de participation national de 23,72% est revenue plusieurs fois lors de la conférence de presse qu’a donnée Mohamed Charfi hier à Alger. Un taux que d’aucuns ont qualifié de faible. «Au vu des conditions notamment sanitaires dans lesquelles s’est déroulé le scrutin, j’estime que le taux de 23,72% est une preuve de l’adhésion du peuple au changement proposé. Ce taux ne pose pas de problème, ni sur le plan juridique ni sur le plan constitutionnel. La loi ne détermine pas un seuil minimum qui valide ou annule un scrutin», a-t-il déclaré, soulignant que l’ANIE travaille selon les références législatives et constitutionnelles et non sur des références ou estimations politiques. «Notre objectif est de bâtir une Algérie nouvelle, authentique et où le dernier mot revient au peuple, et c’est ce qui a été fait à travers ce référendum», a encore affirmé M. Charfi.
A la remarque que le taux de participation est considéré faible comparativement aux élections précédentes et qu’il y aurait eu quelques dépassements, le président de l’ANIE a encore défendu et le déroulement du vote et le taux. «Le référendum est une consultation populaire où généralement le taux est plus bas que lorsqu’il y a une compétition de plusieurs acteurs. Mais je défie qu’on dise que le scrutin ne s’est pas déroulé de façon correcte et dans la transparence par rapport à d’autres élections qui, même si elles auraient enregistré 90% de participation, n’étaient ni honnêtes ni transparentes. Avaient-elles alors plus de légitimité ? Je ne le pense pas. Aujourd’hui, nous donnons les vrais taux quels qu’ils soient et cela est un acquis. Pour l’ANIE, c’est cela la démocratie ; et la démocratie veut que le suffrage majoritaire l’emporte», a-t-il répondu.
Outre le taux de participation nationale, M. Charfi a indiqué que le projet d’amendement de la Constitution a été approuvé par 66,80% des voix des électeurs inscrits lors du référendum, avec un nombre de votants s’élevant à 5.636.172, dont 45.071 inscrits résidents à l’étranger, sur un total d’électeurs de 24.475.310. Les voix exprimées lors de ce référendum s’élèvent à 5.023.385, a révélé M. Charfi, précisant que le nombre de votants par «oui» sont de 3.355.518 électeurs (66,80%) et celui des votants par «non» est de 1.676.867 (33,20%). Les voix annulées sont de 633.885, alors que les voix objets de litige s’élèvent à 407.
«Transparence» dans la publication des taux
Commentant le faible taux de participation à l’étranger qui a atteint 4,9%, M. Charfi a expliqué ce résultat notamment par «les restrictions de déplacements imposées par les pays hôtes où les contaminations au coronavirus sont très élevées, surtout dans les pays où il y a une communauté algérienne importante qui n’a appris que la veille du scrutin qu’elle pouvait se déplacer». «Notre émigration a voté partout dans le monde, mais le taux de participation a été en-deçà de ce qu’elle nous a habitués. Ce taux de participation de 4,9% est honorable pour notre émigration», a-t-il souligné.
Concernant les wilayas du Sud, à propos desquelles la participation au référendum constitutionnelle a été estimée «faible», le président de l’Autorité électorale a, pour sa part, estimé que le taux qui y a été «enregistré de façon globale est le même que celui des scrutins passés si on prend en compte le taux national de participation qui a atteint 23,72%». Pour M. Charfi, «c’est un signe de bonne santé pour la démocratie. Le changement se concrétise sur le terrain et l’ANIE rend publics tous les taux de participation, même les plus faibles». A ce propos, il a répondu à une question relative au déroulement du scrutin dans les wilayas de Tizi Ouzou et de Béjaïa et qui a connu une participation quasi-nulle. «Nous publions les résultats par wilaya quel que soit le taux de participation et même s’ils sont nuls. Nous sommes avec la transparence totale. Nous ne faisons aucune différence entre une région et une autre. Le citoyen a exprimé son opinion en toute liberté», a-t-il assuré.
Le président de l’Autorité des élections a, par ailleurs, été interpelé par les médias sur des dépassements qu’il y aurait eu durant le déroulement du scrutin. Il a assuré qu’il n’a été enregistré que «deux dépassements distincts», l’un à El-Bayadh et l’autre à Mascara. «Ce sont seulement deux cas de dépassement commis à titre individuel», a-t-il indiqué, révélant que «c’est d’ailleurs les coordinateurs régionaux de l’ANIE qui ont signalé ces cas» et qu’il y aura une enquête.
Bon point pour la société civile
Revenant sur le déroulement de la campagne référendaire, M. Charfi a rappelé que les représentants de la société civile ont animé 965 meetings et 137 activités de proximité, les partis politiques 220 meetings et 33 activités de proximité, les personnalités nationales 48 meetings et 10 activités de proximité, et les membres du gouvernement 57 meetings et 12 activités de proximité, exprimant par la même occasion sa gratitude à tous ceux qui ont pris part à la campagne, que ce soit ceux qui ont fait la promotion du oui ou la promotion du non parmi les partis politiques.
Il a ainsi loué la société civile qui s’était fortement impliquée durant la campagne. «Pour la première fois, la société civile a participé avec force» dans la campagne référendaire. «Ce sont des citoyens qui n’ont que l’ambition de participer au développement du pays et c’est de la sorte qu’on arrivera à la démocratie participative», a-t-il dit. Les déclarations et louanges envers la société civile semblent être un prélude pour les prochaines joutes électorales, à savoir les élections législatives dans lesquelles elle serait partie prenante à part entière, au même titre que les partis politiques. C’est d’ailleurs ce qui est prévue dans la Constitution amendée, sachant que la dissolution du Parlement devrait être prononcée selon les procédures d’usage après l’adoption de la nouvelle Loi fondamentale du pays.
Pour rappel, en vertu de la loi organique n 19-07 du 14 septembre 2019 relative à l’Autorité nationale indépendante des élections, l’ANIE est chargée d’annoncer les résultats provisoires des élections. La proclamation définitive des résultats du référendum relève des prérogatives du Conseil constitutionnel qui devra se prononcer dans un délai de 10 jours. n