Par Hakim Ould Mohamed
Le Président défend des importations d’appoint et la primauté de la couverture des besoins sur l’acharnement à vouloir réduire la facture d’importation de quelque manière que ce soit, véritable marqueur de la stratégie en matière de commerce extérieur.
En effet, lundi soir, en Conseil des ministres, le Président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a donné ses orientations pour garantir un approvisionnement stable et en volumes suffisants des marchés durant le mois de Ramadan. Après avoir écouté un exposé sur les mesures prises en prévision du mois de Ramadhan, le chef de l’Etat a demandé à son gouvernement de procéder à la création, cette semaine, «d’un dispositif minutieux de veille, en coordination entre les ministères de l’Intérieur, de l’Agriculture et du Commerce, chargé de contrôler et de suivre quotidiennement l’approvisionnement du marché en différents produits de base, exploités désormais par des bandes pour saper la stabilité sociale». Le Président Tebboune a souligné à la même occasion que «la réduction de la facture d’importation ne doit pas se faire au détriment des besoins du citoyen, mais en tenant compte de la disponibilité de la production nationale, quantitativement et qualitativement».
Ainsi, le Président défend des importations d’appoint et la primauté de la couverture des besoins sur l’acharnement à vouloir réduire la facture d’importation de quelque manière que ce soit, véritable marqueur de la stratégie en matière de commerce extérieur. Malgré sa volonté constamment affichée en faveur d’une régulation plus stricte des opérations de commerce extérieur afin de réduire les fléaux qui y gravitent et rétablir durablement la viabilité de la balance des paiements, le Président Tebboune a insisté comme souvent sur le fait que «la réduction de la facture d’importation ne doit pas se faire au détriment des besoins du citoyen».
Pour le chef de l’Etat, il n’est pas question que l’objectif de réduire la facture d’importation vienne perturber l’ambition de stabiliser les marchés et les prix à travers un approvisionnement permanent et en quantités suffisantes. Ce n’est pas la première fois que l’Exécutif recadre la stratégie de l’Etat en matière de commerce extérieur. Il y a quelques semaines, le Premier ministre, Aïmene Benabderrahmane, a souligné, lui aussi, à l’occasion de la tenue d’un forum dédié à l’export, organisé par le Conseil du renouveau économique algérien (CREA), que «l’Etat ne s’oppose pas à l’importation qui complète la production nationale et qui permet à l’économie nationale d’accéder aux chaînes de valeurs et de contrôler les techniques de production, mais lutte contre l’importation qui épuise les devises et qui a failli entraîner le pays vers l’endettement international». Ces derniers mois, certaines mesures dites de régulation des importations, dont la décision de geler les dérogations d’importation de la poudre de lait et d’autres concernant des produits pharmaceutiques et des intrants nécessaires au fonctionnement de l’industrie du médicament, ont fait grincer des dents. La parenthèse qui avait fait couler beaucoup d’encre s’était aussitôt refermée après l’intervention des deux ministères de tutelle. Depuis toujours, la stratégie de l’Etat en matière de contrôle du commerce extérieur consistait en la régulation et l’assainissement de ce marché et la protection de la production nationale. Il s’était agi également de la lutte contre la surfacturation, le transfert illicite des devises et la submersion du marché par des produits inutiles pour l’économie nationale. Depuis peu, alors que les prix des produits alimentaires poursuivaient un mouvement haussier ininterrompu sur les marchés mondiaux, l’Etat a fait de la couverture des besoins nationaux et la lutte contre l’inflation importée une de ses priorités.
Dans ce cadre, le gouvernement a recouru à des mesures de sauvegarde et de protection de la production nationale face à des importations anarchiques et non essentielles. Cependant, certaines mesures ayant affecté les stocks des entreprises en matières premières ont fini par provoquer le courroux de certains opérateurs, à l’instar des opérateurs de pharmacie et les fabricants de produits laitiers, pour ne citer que ceux-ci. Fort heureusement que cet épisode a été de courte durée, puisque des dérogations ont été octroyées aux fins d’importer les intrants manquants. A quelques semaines du mois sacré de Ramadan, le Président de la République est revenu à la charge sur l’utilité de préserver l’approvisionnement et la stabilité des marchés, soulignant, à nouveau, que la réduction de la facture d’importation ne doit pas se faire au détriment des besoins du citoyen. n