La détermination des partis de la majorité à convaincre le président de la République, M. Abdelaziz Bouteflika, à se présenter à la prochaine élection présidentielle, prévue au printemps 2019, semble ne pas déranger l’opposition.

En effet, contrairement à 2014, les partis de l’opposition préfèrent dans leur majorité ne pas s’exprimer sur ce scrutin et l’éventuelle candidature du chef de l’Etat, laissant transparaître une sorte d’indifférence pour l’échéance à venir. A l’exception du Mouvement démocratique et social (MDS), aucune formation politique de l’opposition n’a exprimé sa volonté de prendre part à l’élection présidentielle, qui se déroulera dans moins d’une année.

Du côté des islamistes, le Mouvement de la société pour la paix (MSP) a posé à nouveau une condition impossible à satisfaire pour prendre part au rendez-vous électoral. Pour le bureau national de ce parti, réuni jeudi, en l’absence d’une commission indépendante d’organisation des élections, il ne peut y avoir de scrutin crédible. Ainsi, le MSP penche davantage vers le rejet de l’élection, sans toutefois dire quoi ce soit sur l’éventuelle candidature du président de la République. Les autres partis islamistes de l’opposition, à savoir Ennahdha et PJD d’Abdellah Djaballah, donnent aussi l’impression qu’ils ne sont pas intéressés par ce rendez-vous important pour l’avenir politique du pays.
Pour leur part, les partis de l’opposition démocratique préfèrent se focaliser sur les questions internes que sur la présidentielle. Pour le Front des forces socialistes (FFS), la solution aux problèmes que vit le pays ne viendra pas des élections. Seul un consensus national entre toutes les forces politiques du pays pourra mettre le pays sur les rails. Un consensus qui pourra se faire après l’élection présidentielle, a souligné l’instance présidentielle du parti dans son dernier communiqué. Avec cette déclaration, le FFS révèle que la présidentielle ne fait pas partie de sa stratégie politique à l’heure actuelle. Il laisse penser également que l’identité du prochain chef de l’Etat n’a pas vraiment d’importance.
Une position similaire est observée chez le Parti des travailleurs (PT). Ce parti, qui a pris part aux trois dernières élections présidentielles, a choisi de rester prudent et à concentrer ses efforts sur son projet politique visant à mobiliser la société algérienne autour de l’idée de provoquer une assemblée nationale constituante par le chef de l’Etat. La priorité pour la formation politique de Mme Louisa Hanoune est de collecter un maximum de signatures en faveur de son projet et mobiliser la société pour défendre le caractère social de l’Etat algérien. Favorable à l’ouverture des mandats présidentiels, Louisa Hanoune estime qu’il est prématuré de parler de la position du parti sur la prochaine élection présidentielle. Même son de cloche chez le parti de l’ex-chef du gouvernement Ali Benflis, Talaâ El Houriat. Le bureau politique de ce parti a évité dans son dernier communiqué, publié le 9 juin dernier, d’aborder la question de la prochaine élection présidentielle. Comme le FFS, le MSP et le PT, le parti appelle à une large concertation entre les acteurs politiques du pays, qu’ils soient du pouvoir ou de l’opposition en vue de trouver des solutions à la crise qui secoue le pays selon.

Jil Jadid et le RCD font l’exception

Une position totalement différente a été adoptée par les deux partis Jil Jadid et le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD). Ces deux formations politiques sont les seules de l’opposition à marquer leur hostilité directe à la volonté des partis de la majorité de voir le président de la République candidat à l’élection présidentielle du printemps prochain. Le RCD a publié, avant-hier, un communiqué après les appels adressés au chef de l’Etat pour briguer un nouveau mandat. «Les suppliques clownesques et ridicules adressées par les caudataires du régime à un chef de l’État grabataire pour qu’il viole encore une fois la Constitution en se présentant à un autre mandat ont fini d’humilier la nation entière aux yeux de l’opinion internationale», a affirmé le RCD dans un communiqué. Le parti Jil Jadid a choisi de créer un front avec d’autres personnalités pour tenter de barrer la route au projet du 5e mandat sans, toutefois, présenter d’alternative. <