Elles espéraient un redémarrage plus franc de leurs activités, les entreprises algériennes se retrouvent aujourd’hui à compter les «absences pour maladie» parmi leurs effectifs et à scruter le bilan de l’autorité sanitaire sur les contaminations au coronavirus. Un tableau déprimant qui leur rappelle le sinistre scénario de 2020 et le péril pandémique qui menace leur santé économique et productive…

Par Hakim Ould Mohamed
La persistance de la crise sanitaire en raison de la diffusion du variant Omicron a poussé les administrations et les entreprises à apporter de nouvelles adaptations au rythme de travail. C’est ainsi que de nouvelles décisions ont été prises, dont l’annulation des jours de réception au sein des administrations, le report de certaines manifestations à caractère économique, dont les salons et les expositions, alors que les sociétés de loisirs et de l’évènementiel sont à nouveaux contraintes au régime sec suite à la hausse exponentielle du nombre des contaminations journalières. Plusieurs entreprises ont également ajusté leur régime du travail au profit du télétravail, après que des contaminations aient été déclarées dans leurs locaux. L’Omicron a rapidement remis au goût du jour les difficultés rencontrées par les entreprises en 2020, au plus fort de la pandémie et des séries de confinements décidées par le gouvernement en réponse à la propagation du Covid-19. Même si elles ne sont pas contraintes de réduire les horaires de travail et la circulation de leurs employés, certaines entreprises font face à un important nombre de contaminés parmi leurs travailleurs, ce qui les oblige à gérer des niveaux de production et de productivité inférieurs à la normale. En plus de la décision de suspendre les réceptions au niveau des administrations, les concours d’accès au grade de formateur enseignant aux métiers de l’artisanat, prévus mardi, ont été ajournés, alors que plusieurs manifestations économiques ont été reportées sine die. Signe de l’état d’alerte dans lequel se trouvent plusieurs secteurs d’activité, les entreprises et les organismes économiques prônent désormais ouvertement les notions d’agilité et de l’adaptabilité dans de pareilles situations pandémiques. Le recours instantané à la pratique du télétravail à la suite du premier confinement de 2020 a renforcé la résilience des entreprises face aux difficultés suscitées par la crise. Pour le moment, le niveau d’alerte n’a pas atteint celui de 2020, mais les autorités sanitaires n’excluent pas un recours à un nouveau confinement si la situation venait à connaitre une détérioration. Lors de la réunion consacrée à l’évolution de la situation épidémique dans le pays, présidée par le chef de l’Etat, Abdelmadjid Tebboune, le communiqué sanctionnant les travaux de cette entrevue fait remarquer «que certains vols à destination de l’Algérie ont enregistré un grand nombre de cas de contaminations au covid-19, ce qui oblige, dans l’immédiat, à resserrer davantage le contrôle, tout en réduisant le nombre de ces vols si nécessaire».
Même si l’option d’une (re)fermeture des frontières aériennes n’est pas à l’ordre du jour, une réduction des vols ne sera pas sans conséquences sur la trésorerie d’Air Algérie, une des entreprises les plus affectées par la première vague des contaminations. La vague Omicron est venue submerger plusieurs autres entreprises ; certaines fonctionnant déjà au ralenti, tandis que d’autres se sont mises à adapter le régime de travail en fonction des niveaux de contamination. Plus globalement, même si la vague Omicron est jugée moins violente que les précédentes, l’Organisation internationale du travail (OIT) a averti, dans une note, que la reprise du marché mondial du travail est lente et incertaine. Selon l’OIT, le chômage devrait rester au-dessus des niveaux d’avant la Covid-19 jusqu’en 2023. Cette mise en garde est la preuve on ne peut plus claire d’une tension sur le marché de l’emploi, alors que les entreprises continuent à faire face aux conséquences de la pandémie. La hausse ininterrompue des contaminations journalières pourrait inciter le gouvernement à prendre de nouvelles mesures en plus de celles déjà annoncées. Les restaurateurs, les artisans et les entreprises de loisirs et de l’évènementiel, les sociétés de transport retiennent d’ores et déjà leur souffle, craignant le recours à une nouvelle vague de fermetures pour cause de diffusion à grande échelle du virus.