Par Feriel Nourine
Après avoir entamé une nouvelle semaine, hier, dans la même tendance haussière, vécue par le marché pétrolier à sa clôture hebdomadaire de vendredi, les prix du pétrole n’ont pas tardé à renouer avec le sens baissier.
En dépit des risques de réduction de l’offre russe, qui se pèsent en ce premier anniversaire de la guerre en Ukraine, sur fond d’une reprise en Chine, l’or noir peine à retrouver des couleurs et les séances de change continuent à évoluer en mode yoyo.
Alors que vers 10H, le Brent de la mer du Nord et le West Texas Intermediate (WTI) s’échangeaient à respectivement 83,50 dollars (+0,4%) et 76,68 dollars (+0,5%), les deux références européenne et américaine ont clôturé la matinée en recul. Le Brent s’échangeait alors à 82,97 dollars le baril (-0,23%) contre 76,20 dollars pour le WTI (-0,16%).
La stagnation des cours du brut est due aux « signaux contradictoires sur le marché », selon des spécialistes. Ces derniers évoquent la hausse des prix qui persiste aux Etats-Unis, avec un indice des prix des dépenses de consommation personnelle (PCE), indicateur privilégié par la Réserve fédérale américaine (Fed) qui a augmenté en janvier par rapport au mois précédent. Le PCE a, en effet, bondi de 0,6 % le mois dernier après avoir gagné 0,2 % en décembre.
« La forte inflation a exacerbé les craintes que la Réserve fédérale ne soit obligée de maintenir les taux plus élevés », souligne-t-on du côté des analystes, expliquant que ceci pourrait alors peser sur la croissance du premier pays consommateur de brut au monde, et donc sur sa demande.
Parallèlement, l’approvisionnement venant de Russie reste scruté par les investisseurs. Ces derniers affichent leurs inquiétudes face à la politique de production de ce pays et craignent que le premier anniversaire de la guerre en Ukraine déclenche une rupture d’approvisionnement.
« On parle d’une réduction de l’offre de pétrole russe depuis que les sanctions et les boycotts occidentaux sont entrés en vigueur après l’invasion de l’Ukraine », lancée il y a tout juste un an, rappelle-t-on à ce propos, prévoyant que « les réductions de la production russe vont commencer sérieusement au cours de la semaine et des mois à venir ».
Ces craintes ont gagné en intensité depuis samedi, lorsque le groupe pétrolier polonais PKN Orlen a annoncé que son partenaire russe avait cessé de lui livrer du pétrole par l’oléoduc Droujba, dans le cadre du dernier contrat en vigueur, qui couvrait environ 10% des besoins du groupe.
Cet arrêt survient au lendemain de l’approbation par l’Union européenne d’un nouveau train de sanctions destinées à frapper l’économie de la Russie et des entreprises iraniennes accusées de soutenir son invasion de l’Ukraine. Avant le cas de PKN Orlen, la Russie avait annoncé son intention de réduire les exportations de pétrole de ses ports occidentaux jusqu’à 25 %, en mars, par rapport à février, dépassant ses réductions de production de 5 % précédemment évoquées. Si Moscou va jusqu’au bout de son intention, une baisse de l’offre mondiale s’en suivra et fera monter les prix du pétrole.
Ceci d’autant que la Chine est appelée à alimenter sa reprise en renforçant ses importations. <