L’ex-président-directeur général de la Sonatrach, Abdelmoumen Ould Kaddour a comparu, dans la matinée d’hier, devant le juge d’instruction du tribunal de Sidi M’hamed. L’ancien patron de la principale entreprise du pays a été extradé vers l’Algérie, le 4 août, par les autorités des Emirats arabes unis dans le cadre du mandat émis par la justice algérienne.

Par Nadir Kadi
Les principales charges retenues seraient, selon le recoupement des sources et des déclarations officielles, des actes qualifiés de «corruption», «dilapidation de biens publics» de «mauvaise gestion» mais, également, d’octroi d’avantages injustifiés… Des soupçons particulièrement lourds et qui seraient notamment apparus suite aux investigations menées par la justice au sujet de ce qui est communément appelé «l’affaire de la raffinerie Augusta». Une installation industrielle en Sardaigne (Italie) acquise en 2018 par la Sonatrach pour près de 700 millions de dollars, en plus du coût de sa «réfection» estimé à 250 millions de dollars.
L’ancien PDG de Sonatrach avait, pour rappel, été placé en détention provisoire à la prison d’El Harrach dès son arrivée sur le sol algérien. Ces nouveaux démêlés avec la justice ont dans les faits débuté pour Abdelmoumen Ould Kaddour dès le lendemain de son limogeage de la Sonatrach, en avril 2019, dans le contexte des manifestations populaires.
L’ex-responsable nommé à la tête de l’entreprise nationale des pétroles depuis 2017 aurait, en effet, immédiatement pris la «fuite» vers la France avant de rejoindre les Emirats arabes unis en mars 2021. Un voyage au cours duquel il a été, cependant, rattrapé par le mandat d’arrêt émis par la justice algérienne. Le premier ministre de l’époque, Abdelaziz Djerad, avait en effet fait savoir quelques semaines plus tôt, en février 2021, qu’un «mandat d’arrêt international a été émis contre le principal accusé» dans l’affaire Augusta. Une référence directe, mais sans le nommer, à Abdelmoumen Ould Kaddour.
Quant à «l’affaire» elle-même, il s’agit pour la justice d’éclaircir les conditions d’acquisition de la raffinerie pourtant considérée comme vétuste, vieille de près de 70 ans. Le coût de l’achat auprès de l’opérateur Exxon Mobil est en ce sens jugé «excessif» par les spécialistes du domaine et au regard des équipements et des réfections nécessaires pour sa remise en exploitation ; près de 740 millions de dollars avaient été réunis pour l’achat et 250 millions de plus pour les travaux de remise en état de fonctionnement. Quant au montage financier de la transaction, il aurait également fait appel à des emprunts externes, des accords qui devront être éclaircis par la justice et l’enquête en cours. Cette acquisition avait mis en avant un aspect plus «politique» relatif à l’intérêt national ; plusieurs experts mettant alors en avant la nécessité de renforcer les capacités de raffinage sur le sol algérien avant de développer «l’ancrage» international de la Sonatrach.
Par ailleurs, il est également à préciser que Abdelmoumen Ould Kaddour serait, selon certaines informations, sous le coup d’une nouvelle instruction dans le dossier de l’entreprise algéro-américaine BRC. Un dossier en instance au niveau de la première chambre du pôle économique et financier auprès du tribunal Sidi M’hamed où apparaîtrait le nom de l’ancien PDG dans l’octroi de marchés de construction de gré à gré. Des contrats qui posent question, d’autant que la législation de l’époque demandait dans pareil cas, non urgent, le lancement «d’un avis d’appel d’offres ouvert». n