Par Feriel Nourine
Partie prenante dans la stratégie des exportations hors hydrocarbures, le ministère des Transports semble vouloir tirer profit de la forte production de ciment, dont les moyens d’acheminement outre-mer nécessitent une logistique qui puisse prendre en charge la particularité de ce produit.
La demande en ce sens ne cesse de grandir de la part des entreprises du ciment et le secteur des transports se trouve de plus en plus sollicité pour participer à son exportation. C’est pourquoi le ministre de tutelle, Aïssa Bekkaï, a réuni les PDG des Groupements de transports logistiques et les opérateurs économiques, en présence des cadres de son département ainsi que les directeurs des entreprises de fabrication des ciments à l’instar du Groupe GICA, Lafarge Algérie, El Biskria Ciment et CILAS Ciment, indique un communiqué du ministère.
En ce sens, M. Bekkaï «instruit les PDG des Groupements de transports logistiques sous tutelle à l’effet de mettre en œuvre tous les moyens possibles afin d’accompagner les fabricants (de ciment) dans l’opération de l’export», souligne le document. Il a également appelé les entreprises relevant de son secteur à «œuvrer en coordination avec les producteurs de ciment et de clinker à l’élaboration d’une feuille de route commune en vue de développer cette activité», ajoute la même source.
Il a mis en exergue le rôle efficient du secteur des transports dans la réussite de l’opération d’exportation, toutes étapes confondues. Une opération qui voit les volumes augmenter d’année en année, à la faveur de l’excédent enregistré par le marché.
En 2021, 6,4 millions de tonnes de ciment et de clinker ont été transportées et exportées à travers les ports nationaux. Pour l’année en cours, les entreprises productrices comptent atteindre 10 millions de tonnes d’exportation. Des objectifs qui ne peuvent se réaliser sans moyens de transports et de logistique adéquats, a insisté M. Bekkaï.
De leur côté, les producteurs de ciment et de clinker ont mis en avant les capacités nationales de production de ces deux matériaux et les perspectives de leur développement à la faveur de la demande mondiale croissante, soulevant les difficultés qui se posent à eux en matière d’exportation (transport, déchargement et expédition).

Transport routier les cimentiers crient au «chantage»
Hier, cinq producteurs de ciment sont revenus à la charge pour exposer une partie des obstacles de transport qui entravent leur chemin vers l’exportation et mettent en danger leurs contrats avec leurs clients à l’étranger. Ils ont mis en avant le «chantage» des transporteurs routiers depuis que les pouvoirs publics ont décidé d’appliquer la loi relative à la surcharge des camions qui a été mal accueillie par ces transporteurs. Sauf que la réaction de ces derniers ne s’est pas limitée à l’insatisfaction, mais s’est traduite par des mouvements de protestation qui seraient en train de mettre en danger les efforts d’exportation de ciment des entreprises productrices.
«Depuis le début du mois de février, et suite à la décision des autorités algériennes de l’application stricte de la loi relative à la surcharge des camions (décision que nous saluons et que nous appuyons fortement), des mouvements de protestations et de blocage des routes se sont rapidement mis en place sur l’ensemble des trajets menant aux ports (spécialement à l’est du pays) afin de réclamer une augmentation des prix de transport», alertent ces producteurs, ajoutant que ces blocages de routes sont «accompagnés de menaces, d’intimidation et de violence à l’égard des chauffeurs qui souhaitent reprendre leur activité». Les choses se passent de la sorte, alors que producteurs de ciment «ont accepté d’augmenter le prix du transport pour compenser proportionnellement la baisse de charge après les négociations avec les transporteurs», affirme la même source. «Les différentes réunions tenues avec les représentants des transporteurs se sont soldées par une acceptation et une satisfaction totale de leur part», précisent-ils à ce propos, non sans alerter sur les conséquences que pourrait avoir ce scénario sur leur activité. «Nous tenons à partager notre incompréhension et indignation par rapport à cette situation qui perdure depuis presque une semaine mais surtout notre crainte pour l’avenir des exportations de notre pays, du fait que nos clients à l’étranger, très mécontents de cette situation, se dirigent rapidement vers d’autres producteurs voisins concurrents qui seront ravis de les récupérer et les servir avec un bien meilleur service», écrivent-ils.