Par Bouzid Chalabi
A la faveur de la visite de trois jours en Algérie du président de la République islamique de Mauritanie Ould Cheikh El Ghazouani, de nombreux accords bilatéraux seront certainement conclus. Entre autres, celui relatif à la zone de libre-échange entre les deux pays. Dans ce domaine précis, de sérieuses avancées ont été enregistrées ces deux dernières années, mais, toujours est-il, les exportateurs nationaux qui visent les marchés d’Afrique occidentale et, plus particulièrement, le Nigeria, sont d’avis que la traversée de la Mauritanie, c’est-à-dire à partir du poste frontalier algérien vers Nouakchott, en passant par Zouérate, un itinéraire de plus de 5 000 km, soit moins contraignante afin de diminuer la durée de passage. Sur ce dernier point, le président de l’Association nationale des exportateurs algériens (Anexal), Ali Bey Nasri, contacté par nos soins hier, juge qu’il serait plus intéressant de lever les contraintes logistiques. «Au vu de la distance à traverser, il serait préférable de créer des points de ralliement, c’est-à-dire des zones de relais, notamment en ce qui concerne le carburant, car jusqu’ici, le litre de gasoil est fixé à 1 euro, ce qui n’est pas en faveur des exportateurs nationaux.» Comme il a soulevé que certaines zones sont encore très difficiles à franchir, car très souvent les camions sont pris dans le sable, ce qui cause des pertes de temps considérables». Poursuivant son argumentaire, Ali Bey confie : «Actuellement, dans le meilleur des cas, un convoi partant d’Alger vers le Sénégal met neuf jours. Une durée qui peut être de cinq jours si, un tant soit peu, les convois ne sont pas freinés par les formalités douanières et d’ordre sécuritaire. A notre question de savoir si le marché mauritanien est intéressant pour nos exportateurs, Ali Bey est catégorique : «Ils visent le marché nigérian, et c’est d’ailleurs tout à fait légitime, car ce pays représente un marché très porteur avec ses 120 millions d’habitants, contrairement à la Mauritanie et au Niger, où ils ne peuvent pas espérer grand-chose car ayant affaire à de petits groupes d’acheteurs beaucoup plus demandeurs en produits alimentaires conditionnés et surtout attirés par leur prix bas.» En somme, pour notre vis-à-vis, «l’idéal serait de faire en sorte que les autorités mauritaniennes puissent autoriser les autorités algériennes à créer des zones sous-douanes sur le territoire et ainsi nos exportateurs pourront décharger dans ses lieux précis, dans l’attente que leurs marchandises soient prises en charge par d’autres convoyeurs, d’autant plus que la période de dépôt en zone sous-douanes autorisée peut s’étaler sur un an». Toujours selon le président de l’Anexal «pour nos exportateurs désireux de gagner des parts de marché importants au Nigeria et autres pays limitrophes, il s’agira avant tout de réaliser une route reliant Tindouf à Zouérate car c’est sur ce tronçon que les contraintes logistiques sont nombreuses». A ce propos, il y a lieu de rappeler qu’à l’issue d’une réunion des deux ministères de l’Intérieur, qui s’est tenue en novembre dernier, les deux pays ont convenu de relancer le projet de réalisation de l’axe routier cité ci-dessus après recommandations des experts compte tenu de l’importance de sa mise en œuvre». A cet effet, la partie mauritanienne s’est engagée à mobiliser les ressources financières nécessaires afin de réactualiser l’étude réalisée. Notons que les exportateurs misent donc sur la concrétisation de ce projet car, selon eux, il est d’un grand intérêt au vu de son importance. En effet, pour Ali Bey, «pour faire connaître leur production, les patrons vont s’employer à multiplier leurs exportations par la voie terrestre, qui est la plus avantageuse sur le plan coût du fret, mais cela dépendra de la levée de la contrainte logistique surtout présente sur le territoire mauritanien. Il reste le passage obligé pour pouvoir se positionner sur les marchés suscités qui, jusqu’à preuve du contraire, sont très porteurs pour la production nationale». «Tout va donc dépendre de la volonté de résoudre les problématiques présentes lors de la traversée de la Mauritanie», a-t-il conclu.