Par Khaled Remouche
Le réseau de gazoducs dont dispose le pays nécessite une adaptation pour que l’hydrogène puisse être transporté dans les pipelines et exporté vers l’Europe. Une solution est mise sur la table, la réalisation du gazoduc Galsi reliant l’Algérie à l’Italie. Mais se pose le problème de son financement par la partie européenne. En attendant, Sonatrach compte exporter à court terme vers l’Europe, l’ammoniac vert et le méthanol vert.
Dans la stratégie de développement de la filière hydrogène vert, la feuille de route sur la question élaborée par le ministère de l’Energie et qui sera prochainement adoptée par le gouvernement, prévoit la production de l’hydrogène vert en Algérie et son exportation à partir de 2030.
Un grand chantier sera ouvert d’ici là avec la mise en oeuvre au départ de deux projets pilotes de production d’hydrogène, dont l’un avec le partenaire allemand DSN.
Cette feuille de route prévoit pour atteindre cet objectif à l’échéance 2030 la formation de ressources humaines, la mise en place d’une industrie locale d’équipements destinés aux installations de production d’hydrogène vert. Le plus sérieux problème que devra surmonter Sonatrach pour parvenir à exporter l’hydrogène vert est le transport de ce produit vers l’Europe.
L’Allemagne est très intéressée pour importer ce produit. Des opérateurs allemands sont très intéressés pour produire l’hydrogène vert en Algérie. Tout comme d’autres grandes compagnies pétrolières comme l’italienne ENI. Mais il convient d’adapter le réseau de gazoducs au transport d’hydrogène, en particulier les gazoducs transméditerranéens Medgaz et Enrico-Mattei reliant l’Algérie à l’Italie.
A court et moyen termes, Sonatrach, a souligné M. Kalach, Directeur des énergies renouvelables à Sonatrach, la compagnie pétrolière ne renoncera pas à l’exportation du gaz naturel à travers ces pipelines. Maintien des revenus d’exportation d’hydrocarbures ou leur croissance oblige. Puis introduirait bien plus tard un pourcentage estimé à 30% de quantités d’hydrogène vert dans les gazoducs. Le mélange de gaz naturel et d’hydrogène vert dans un pipeline pose aujourd’hui problème. En particulier, cela demande une adaptation des pipelines à ce type de produit. L’introduction de l’hydrogène vert dans le gazoduc réduit sa durée de vie selon un expert. A cela s’ajoute le problème de sécurisation de l’infrastructure transport : l’hydrogène est un produit plus dangereux, qui peut occasionner des fuites et peut s’enflammer.
La solution semble la construction d’un gazoduc dédié à l’hydrogène vert. Le ministre de l’Energie, Mohamed Arkab, a affirmé que le gazoduc Galsi pourrait servir à l’exportation de l’hydrogène vers l’Italie avant d’atteindre d’autres pays, d’autant que le réseau de pipelines européens pour le transport d’hydrogène dessert la partie sud de ce pays. Mais se pose le problème de son financement. Le premier responsable du secteur a invité les partenaires européens à financer ce nouveau gazoduc entre l’Algérie et l’Italie. Il faut savoir en ce sens que la partie algérienne de ce gazoduc, le GK3, reliant Hassi R’Mel à Skikda, a été réalisée. Il reste le tronçon sous-marin reliant l’Algérie à la Sardaigne. L’autre problème à régler est celui de la disponibilité de l’eau pour produire l’hydrogène vert. En effet, le procédé pour produire de l’hydrogène vert est l’électrolyse qui consiste, grâce à un électrolyseur, à séparer l’hydrogène de l’oxygène dans la molécule d’eau H2O, à partir d’une électricité produite par de l’énergie renouvelable. La grande nappe hydrique dans le Sud pourrait alimenter les installations de production d’hydrogène vert. Mais attention à l’exploitation irrationnelle de cette nappe qui risque de s’épuiser. Elle sert, n’oublions pas, à alimenter les populations du Sud du pays et à l’agriculture saharienne.
Quant à l’intérêt de l’hydrogène vert algérien, plusieurs spécialistes internationaux considèrent que l’Algérie pourrait être un acteur important sur le marché international avec ses installations industrielles dans la production de GNL, ses installations pétrochimiques, son réseau important de pipelines, son expérience dans la production d’hydrogène gris et son potentiel solaire.
Concernant ce dernier point, il faudrait que l’Algérie dispose à partir de 2030 d’une capacité importante de production d’énergie solaire. La Colombie, par exemple, prévoit une capacité de 1 500 MW à 4 000 MW d’énergie renouvelable pour développer la production d’hydrogène dans ce pays.
Sonatrach fait face donc à plusieurs problématiques, plusieurs défis qu’elle devra relever pour pouvoir exporter l’hydrogène vert. L’évolution de la technologie et les solutions internationales apportées à ces difficultés au cours des sept prochaines années pourraient accélérer la production de cet hydrogène vert. La coopération avec l’Allemagne et l’Italie et d’autres pays européens faciliterait l’atteinte de ces objectifs.
En attendant, Sonatrach compte exporter à court terme vers l’Allemagne et d’autres pays européens l’ammoniac vert ainsi que le méthanol vert. n