De plus en plus de spécialistes de la santé affichent leurs prévisions quant à l’amélioration de la situation épidémiologique en Algérie, suite à la baisse consécutive, durant plusieurs jours, du bilan quotidien du nombre de nouveaux cas de contamination après le record historique de 2 521 nouveaux cas le 25 janvier dernier, mais également par rapport au variant Omicron.
Par Sihem Bounabi
Le Pr Ryad Mahyaoui, membre du Comité scientifique de suivi de l’épidémie du coronavirus en Algérie, a déclaré à ce sujet que «si la situation épidémique se stabilise avec la poursuite de la baisse des contaminations durant une semaine, cela voudrait dire que nous avons atteint le pic de la courbe épidémiologique de la quatrième vague et que cela sera suivie par une décrue du nombre de contamination à la Covid».
Le Pr Ryadh Mahyaoui s’est voulu rassurant quant à la forte propagation du variant Omicron, qui représente, selon les donnés du ministère de la Santé, 60% des cas de contamination en Algérie. Il continue à se propager à une vitesse impressionnante, mais moins dangereuse que le Delta. A ce jour, aucun décès des malades Covid n’est lié au variant Omicron et rares sont les cas de formes compliquées pour les personnes contaminées par le variant Omicron. Il précise à ce sujet que la majorité des 6 000 malades Covid hospitalisés actuellement ont été contaminés par le variant Delta qui est très virulent, d’autant plus que la majorité n’était pas vaccinée. Leur système immunitaire affaibli n’a pas la force de lutter contre le dangereux Delta. Il ajoute aussi que la majorité des cas des malades Covid en réanimation ainsi que tous les décès dus aux complications sont imputés au variant Delta. De son côté, le président de la Société algérienne d’immunologie, Pr Kamel Djenouhat, est intervenu sur plusieurs médias algériens afin de prêcher une vision optimiste quant à l’amélioration épidémiologique dans les prochains jours, en déclarant : «Avec la propagation rapide du variant Omicron, nous allons vaincre la Covid et, bientôt, la situation devrait se transformer d’une pandémie à une situation endémique. C’est-à-dire que la Covid devrait devenir un virus saisonnier comme celui de la grippe.»
Il a également souligné que «nous nous approchons de l’immunité collective grâce au variant Omicron et sa forte contagiosité avec des symptômes moins dangereux que le Delta», commentant que «le variant Omicron va réussir là où a échoué la campagne de vaccination à cause de la réticence des personnes à se faire vacciner». Estimant ainsi que «cela se confirme que l’Omicron est moins dangereux que le Delta même au sein de notre population peu vaccinée. On atteindra une immunité collective sans trop de dégât et on verra le bout du tunnel de la pandémie».
Toutefois, pour d’autres professionnels de la santé, la vigilance reste de mise, estimant qu’il y a une différence entre la contamination collective et l’immunité collective.
En effet, le Dr Lyes Merabet, président du Syndicat national des praticiens de santé publique (SNPSP) a déclaré au site électronique TSA que «la question fondamentale à laquelle personne ne répond : «Est-ce qu’on est en face d’une maladie immunisante» ? C’est-à-dire que le niveau de l’immunité acquis suite à l’infection induit-il une protection durable et efficace chez la majorité de la population contaminée ?»
Il argumente ses propos par le fait que dans la plupart des pays qui ont réussi à faire vacciner un fort taux de la population, l’immunité collective «a été réalisée grâce à l’immunité induite et renforcée par plusieurs doses de vaccins reçues. C’est une preuve que l’immunité acquise naturellement par l’infection n’était pas suffisamment efficace.
Pour sa part, le ministre de la Santé, Abderrahmane Benbouzid, relativise les possibilités de l’acquisition de l’immunité collective grâce à la forte propagation du variant Omicron, en déclarant sur la page officielle d’Ahcène Chemache, qu’«il est clair que si ce variant Omicron affecte 70% de la population ou moins, avec une partie qui est vaccinée, il se pourrait que l’on atteigne l’immunité collective. C’est ce qui est espéré et déclaré par d’éminents experts dans le monde. L’OMS ne l’écarte pas non plus, puisqu’en raison de la forte contagiosité constatée actuellement, elle espère une amélioration de la situation vers la mi-mars».