Le Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed a annoncé hier mercredi regagner son bureau dans la capitale Addis-Abeba après avoir passé au front deux semaines qui ont «humilié» les rebelles tigréens et «redressé l’Ethiopie». «Je retourne au bureau car j’ai terminé la première phase» du conflit, a déclaré le Premier ministre dans un communiqué, affirmant que les dernières semaines ont «humilié l’ennemi et redressé l’Éthiopie». «La lutte n’est pas encore terminée. Il y a des zones qui n’ont pas été libérées. Nous devons proposer une solution durable pour nous assurer que l’ennemi qui nous a mis à l’épreuve ne redevienne pas un danger pour l’Éthiopie», a-t-il ajouté.

Synthèse Anis Remane
Le 24 novembre dernier, rappelle l’AFP, les médias d’Etat avaient annoncé que le Premier ministrre Abiy Ahmed avait laissé la gestion des «affaires courantes» à son vice-Premier ministre pour se rendre sur le champ de bataille et mener une «contre-offensive» face aux rebelles du Front de libération du peuple du Tigré (TPLF), qui revendiquaient d’important gains de territoires depuis plusieurs semaines. Depuis, ces médias ont régulièrement diffusé des images d’Abiy en uniforme aux côtés de militaires, tandis que le gouvernement a annoncé avoir repris du terrain aux rebelles, notamment le site de Lalibela, classé au patrimoine mondial de l’Unesco, et les villes de Dessie et Kombolcha, carrefours stratégiques sur la route vers la capitale.
Le TPLF, par la voix de son chef politique Debretsion Gebremichael, a démenti que le gouvernement reprenait l’avantage militairement, affirmant que l’armée avait repris des zones abandonnées après des retraits stratégiques opérés par les rebelles. Les communications sont coupées dans les zones de combats et l’accès des journalistes y est restreint, rendant difficile toute vérification indépendante. La guerre qui dure depuis plus d’un an dans le nord de l’Ethiopie a éclaté en novembre 2020 après qu’Abiy Ahmed a envoyé l’armée dans la région septentrionale du Tigré afin d’en destituer les autorités locales, issues du TPLF, qui défiaient son autorité et qu’il accusait d’avoir attaqué des bases militaires. Abiy Ahmed avait proclamé la victoire trois semaines plus tard, après la prise de la capitale régionale Mekele. Mais en juin, le TPLF a repris l’essentiel du Tigré et poursuivi son offensive dans les régions voisines de l’Amhara et de l’Afar.
En près de 13 mois, la guerre a fait plusieurs milliers de morts, plus de deux millions de déplacés et plongé des centaines de milliers d’Ethiopiens dans des conditions proches de la famine, selon l’ONU. L’Union africaine, par l’intermédiaire de son émissaire pour la Corne de l’Afrique Olusegun Obasanjo, est à la tête d’une campagne internationale pour tenter de négocier un cessez-le-feu. M. Obasanjo était présent mercredi au Kenya, pays voisin de l’Ethiopie dont le président Uhuru Kenyatta est impliqué dans les efforts de médiation régionale.
Depuis la mi-novembre, des émissaires de l’Union africaine (UA) multiplient les contacts pour négocier un cessez-le-feu. A la même période, l’ancien président nigérian s’est rendu à deux reprises à Mekele, la capitale du Tigré pour y rencontrer des dirigeants du TPLF. Le Kenya, qui a joué un rôle actif dans les efforts de médiation pour tenter de mettre fin au conflit, croit «qu’un cessez-le-feu est possible», a assuré sa ministre des Affaires étrangères Raychelle Omamo. Ce n’est pas encore le cas actuellement. n