Le secrétaire d’Etat américain Antony Blinken a entamé, depuis dimanche 7 août, une tournée africaine par l’Afrique du Sud.

Synthèse Kahina Terki
Ce déplacement, qui le mènera ensuite et jusque jeudi 11 août en République démocratique du Congo et au Rwanda, est le deuxième depuis sa prise de fonctions au Département d’Etat. Il a lieu dans une partie du continent parmi les plus pertinentes économiquement et stratégiquement. Il fait suite à celui effectué l’année dernière au Kenya, au Nigeria et au Sénégal, autre bout de l’Afrique qui se distingue par une vitalité économique certaine. Il représente un nouveau périple qui suscite l’attention et nourrit diverses interprétations. Ce qu’il y a lieu de relever, cependant, est que le chef de la diplomatie américaine se rend dans une partie du continent avec laquelle Washington a des relations traditionnelles importantes, voire décisives, à l’exemple de l’Afrique du Sud et du Rwanda, deux pays anglophones dont les sociétés politique et civile disposent de contacts et de relais aux Etats-Unis qui s’expriment sur les plans culturels, politiques, de l’enseignement supérieur et du business notamment. Dans cette partie de l’Afrique visitée par Anthony Blinken, il y a la République démocratique du Congo, RDC, où la situation politique sécuritaire mobilise les Etats-Unis proprement et à travers la Monusco, la mission onusienne pour laquelle Washington est le plus gros contributeur. La lecture selon laquelle la diplomatie américaine chercherait à appuyer la médiation angolaise en vigueur pour apaiser la tension entre la RDC et le voisin rwandais accusé d’appuyer militairement le mouvement congolais rebelle, le M 23, n’est à pas négliger. Après le retrait constaté durant les années Trump, un président qui ne considérait pas l’Afrique comme un continent stratégique et dont il avait qualifié les pays en termes scatologiques, l’administration Biden entend revenir aux fondamentaux de la politique étrangère américaine vis-à-vis du continent : renforcer les liens avec Pretoria et Kigali, œuvrer pour un rôle d’apaisement et de stabilisation dans la région des Grands Lacs et tenter de trouver une solution au contentieux entre Kigali et Kinshasa qui menace des territoires riches en ressources naturelles et en matières premières. La tournée africaine de M. Blinken, la deuxième depuis qu’il dirige le State Department, n’est donc pas surprenante mais s’inscrit pour une part importante aussi dans le jeu de compétition que lui livre désormais d’autres poids lourds internationaux intéressés de développer des liens stratégiques avec le continent. Il est question de la Chine, bien sûr, de plus en plus présente en Afrique australe et dans les Grands Lacs. Mais il est question de la Russie, également, moins déterminante économiquement – du moins pour l’instant – mais significativement active en termes géopolitiques depuis que la guerre qu’elle mène en Ukraine a montré chez de nombreux Etats africains un refus à se joindre aux condamnations et aux sanctions de Moscou par l’Occident. Pour rappel, la tournée africaine de M. Blinken, qui a évoqué hier avec son homologue sud-africaine Naledi Pandor, les « développements récents et en cours concernant la situation géopolitique mondiale » suit de peu celle du ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov, fin juillet dernier, au Congo-Brazzaville, l’Ouganda, l’Egypte et l’Ethiopie. Depuis 2011, l’Afrique du Sud est membre du groupe diplomatique des économies émergentes Brics, regroupant le Brésil, la Russie, l’Inde et la Chine. En juin, le président russe Vladimir Poutine a exhorté les Brics à coopérer face aux « actions égoïstes » des pays occidentaux, sur fond de sanctions sans précédent contre Moscou en raison du conflit ukrainien. Dimanche, le Secrétaire d’Etat américain aux Affaires étrangères a débuté sa visite en Afrique du Sud en se rendant au mémorial Hector-Pieterson à Soweto. Il a visité le musée bâti en hommage aux étudiants tués en 1976 lors d’une répression policière qui fut un tournant dans le combat contre le système sud-africain de l’apartheid. n