Un an après le début du conflit ukrainien, l’heure de la désescalade ne semble pas encore sonner et les tensions sont plus vives que jamais. Cette escalade agite à nouveau le spectre d’un retournement de situation sur les marchés mondiaux des matières premières agricoles et énergétiques…

Par Hakim Ould Mohamed
Alors que le conflit ukrainien boucle sa première année, la tension est montée d’un cran entre Russes et Occidentaux et la menace d’une escalade n’a jamais été aussi sérieuse. Hier, le président russe Vladimir Poutine a déclaré que son homologue Chinois Xi Jinping se rendrait en Russie, affirmant que les relations avaient atteint de «nouvelles frontières» alors que les Etats-Unis craignaient que Pékin puisse apporter un soutien matériel à la Russie. Vladimir Poutine a accueilli, hier, le chef de la diplomatie chinoise, Wang Yi, au Kremlin, soulignant, à l’occasion, que le commerce bilatéral était meilleur que prévu et pourrait atteindre 200 milliards de dollars par an cette année, contre 185 milliards de dollars en 2022. «Nous attendons une visite du président de la République populaire de Chine en Russie, nous nous sommes mis d’accord là-dessus», a déclaré Vladimir Poutine lors de sa rencontre avec le chef de la diplomatie chinoise, Wang Yi. Plus tôt cette semaine, le secrétaire d’Etat américain Antony Blinken a averti Wang Yi des conséquences d’un éventuel soutien matériel de la Chine à la Russie dans le conflit qui l’oppose à l’Ukraine, affirmant dans une interview que Washington craignait que Pékin envisage de fournir des armes à Moscou. Un an après le début du conflit ukrainien, l’heure de la désescalade ne semble pas encore sonner et les tensions sont plus vives que jamais, faisant planer le risque d’un conflit qui menace de durer dans le temps. Signe d’une escalade qui ne trompe pas, le président américain Joe Biden devait rencontrer, hier, à Varsovie, en Pologne, le groupe de neuf dirigeants des pays de l’Otan d’Europe centrale et de l’Est, en présence du secrétaire général de l’Alliance atlantique, pour les assurer du soutien de Washington face à Moscou au lendemain d’un discours qualifié de belliqueux du président russe Vladimir Poutine. Ce dernier a juré de poursuivre «méthodiquement» son offensive en Ukraine et a annoncé le retrait de la Russie du traité russo-américain New Start sur le désarmement nucléaire. Cette escalade agite le spectre d’un conflit qui menace de s’éterniser avec, comme conséquences, un éventuel retournement de situation sur les marchés mondiaux des matières premières agricoles et énergétiques, après que ces derniers semblent avoir retrouvé une certaine accalmie, un an après le début du conflit ukrainien. En effet, les cours mondiaux des céréales, dont l’Ukraine et la Russie en sont les plus grands producteurs mondiaux, sont retombés à leur niveau d’avant le conflit, un point d’équilibre précaire dans une «ambiance de guerre froide».
Alors que le président russe Vladimir Poutine promet de poursuivre «méthodiquement» son offensive, «les craintes d’une réduction significative des livraisons de blé de la mer Noire refont surface», alerte Jack Scoville, analyste chez Price Futures Group. Les marchés des produits de base restent fébriles. De son côté, Edward de Saint-Denis, courtier chez Plantureux & Associés, estime que «depuis la guerre froide, on n’a pas connu une telle tension. Les marchés pourraient s’emballer à tout moment dans cette conjoncture de forte tension géopolitique. Le marché pétrolier et gazier n’est pas en reste, puisque, même si les alertes ont cessé de retentir, la situation pourrait changer et les prix pourraient remonter. Durant la première année du conflit opposant Russes et Occidentaux, les prix du pétrole et du gaz ont atteint des niveaux jamais vu depuis près d’une décennie, permettant aux pays exportateurs, dont l’Algérie, de grappiller des gains importants qui étaient, en partie, responsables d’une contraction importante des déficits. Le déficit de la balance des paiements a cédé le terrain à un excédent, tandis que les réserves de change du pays ont cessé de fondre et renouent désormais avec les plus-values. Si la guerre en Ukraine venait à durer, il est possible que les prix du pétrole et du gaz reviennent à leurs niveaux élevés de 2022, d’autant plus que l’Opep+, dans laquelle siège la Russie et l’Arabie Saoudite, entend maintenir le statu quo en matière de politique de production. Pour l’heure, il est difficile de se prononcer sur l’évolution du marché pétrolier au cours des semaines ou mois à venir, étant donné la situation de l’économie mondiale et de la demande au pétrole. Néanmoins, compte tenu des facteurs géopolitiques ou des éléments de contexte donnant des indications sur des événements majeurs susceptibles de peser sur le marché, il est possible que le marché s’emballe à nouveau sous l’effet des tensions géopolitiques autour du conflit ukrainien. Cela conduirait à une hausse des prix du pétrole au cours des prochains mois. n