La flambée des cours du pétrole, couplée à la hausse des quantités produites, permettra à l’Algérie d’encaisser d’importantes recettes en devises, de rééquilibrer sa balance de paiements et d’alimenter les réserves de change qui ont accusé une perte d’environ 150 milliards de dollars depuis 2014.

Par Hakim Ould Mohamed
Les cours du pétrole et du gaz ont flambé davantage, vendredi, en Europe, faisant craindre des conséquences à long terme sur l’économie du Vieux Continent. Le Brent a clôturé la semaine à son plus haut niveau depuis 2012, alors que l’indice américain, le WTI, est au plus haut depuis 2008, alors que le conflit opposant la Russie à l’Ukraine s’intensifie et que les acheteurs de pétrole évitaient les barils du deuxième exportateur mondial de brut.
Le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en mai a clôturé à 118,11 dollars, galvanisé par l’arrêt de facto des exportations russes.
A New York, le baril de West Texas Intermediate (WTI), avec échéance en avril, a lui fait un bond de 7,43%, vendredi, pour terminer à 115,68 dollars, une première depuis septembre 2008. Le Brent a ainsi grimpé de 21% sur la semaine, alors que le WTI a bondi de 26%. Il s’agit de l’une des semaines les plus folles que les marchés pétroliers aient connu depuis plusieurs années. Le risque que les barils russes soient exclus des marchés pétroliers a poussé les prix à leur plus haut niveau depuis 2008. La guerre fait toujours rage en Ukraine et, malgré l’espoir d’un accord imminent sur le nucléaire iranien, de nature à libérer une capacité de production de 4 millions de barils/jour, il reste encore du travail à faire pour finaliser les discussions.
Dans le même temps, l’Opep+, dont les membres se sont réunis mercredi, n’a concédé que 400 000 barils/jour supplémentaires, malgré les appels à produire davantage. La combinaison de tous ces facteurs a poussé les prix du pétrole brut, vendredi, vers des sommets inégalés depuis plusieurs années. Mais cette forte volatilité est alimentée particulièrement par les craintes d’une perturbation des exportations de pétrole russe face aux sanctions occidentales. Le marché gazier n’a pas été non plus épargné par cette tendance haussière des cours. Le conflit en Ukraine a fait grimper, vendredi, le prix du gaz naturel à un nouveau record historique en Europe. La crainte de perturbation des exportations russes, qui fournissent 40% des importations de gaz européen, faisait grimper la référence du marché européen, le TTF néerlandais, à un nouveau record, 213,895 euros le mégawattheure (MWh).

Des recettes en hausse
Bien évidemment, cette flambée des cours du pétrole et du gaz ne fait pas que des malheureux, puisqu’elle alimente les caisses des pays producteurs, convaincus que le marché réagit plutôt aux conséquences de la crise ukrainienne et que ses fondamentaux ne plaident aucunement en faveur d’une hausse de la production. Cette hausse des prix devrait se traduire, pour l’Algérie, par une augmentation des recettes en devises. Quatrième producteur africain de pétrole de par les volumes pompés, l’Algérie produit près d’un million de barils par jour après la hausse de son quota autorisé par l’Opep+. Rappelons à ce propos que le ministre de l’Energie et des Mines, Mohamed Arkab, avait annoncé mercredi dernier en marge de la 26e réunion ministérielle Opep-non Opep que la production pétrolière de l’Algérie dépassera au mois d’avril prochain un (1) million de barils par jour (mb/j), soit une hausse de 10.000 barils/jour par rapport au mois de mars. « La production pétrolière de l’Algérie atteindra 1.002.000 mb/j au mois d’avril prochain », avait-il précisé.
Cette flambée des cours, couplée à une hausse des quantités produites, permettra au pays d’encaisser d’importantes recettes ; éventuellement, les plus importantes depuis 2014, date d’un contre-choc pétrolier qui aura été dévastateur pour les finances publiques.
Le budget du pays a essuyé un coup dur après l’effondrement des prix du pétrole depuis 2014 et la rechute, en 2020, en raison de la crise pandémique qui a secoué le monde. Grâce à cette envolée des prix, l’Algérie devrait pouvoir rééquilibrer sa balance de paiements après avoir dégagé un excédent commercial à la fin du précédent exercice. En plus de cet espoir, le premier depuis plusieurs années, la hausse des prix contribuera à alimenter les réserves de change qui ont accusé une perte sèche d’environ 150 milliards de dollars depuis 2014. Demeure, néanmoins, l’urgence d’accélérer les réformes structurelles et les ajustements budgétaires de fond pour rétablir durablement la balance des paiements, dont le déficit de ces dernières années, avait alimenté la courbe baissière du stock en devises. Cette conjoncture plutôt favorable pour la résorption des déficits extérieurs ne devrait pas occulter le besoin de réforme, d’autant plus que l’équilibre du budget est loin d’être garanti même avec les cours actuels du pétrole. D’où la nécessité de reprendre de plus belle les opérations d’assainissement des finances publiques, lesquelles passent par l’amélioration des recettes ordinaires, la révision du dispositif d’allocation des ressources, etc. n