PAR MILINA KOUACI
Reporters : La campagne de vaccination a été relancée dans le secteur de l’Education en parallèle à la suspension des cours et dans un contexte où la courbe des contaminations poursuit sa tendance haussière…
Zoubir Rouina
: Il ne suffit pas de lancer des campagnes de vaccination sans chercher à connaître les raisons du refus de la vaccination. Outre la Covid-19 qui survient chez des personnes vaccinées, nous avons les mutations du coronavirus qui dissuadent les récalcitrants. Il ne faut pas oublier également que la réticence n’est pas propre au secteur de l’Education, c’est un problème de société. Le taux de vaccination est faible dans tous les secteurs de la Fonction publique. Les pouvoirs publics doivent communiquer davantage, vulgariser afin de convaincre les personnes hésitantes à se faire vacciner.

Que faire si la situation sanitaire ne se stabilise pas d’ici dimanche prochain, date de la reprise des cours ?
C’est au Comité scientifique de s’exprimer là-dessus. De toute façon, la décision de suspendre les cours pour dix jours a été une décision judicieuse, on ne travaillait pas dans de bonnes conditions. Nous avions beaucoup de contaminations et d’absentéisme parmi les enseignants et les élèves, il a fallu suspendre les cours pour casser la chaîne de transmission.
Maintenant, suivant les données et statistiques de l’autorité sanitaire, le bilan des contaminations augmente d’un jour à l’autre, sachant que le pic n’est pas encore atteint. Mais si toute la société et la communauté éducative s’entraident et observent les mesures préventives, on va reprendre les cours la prochaine semaine. En revanche, si la situation sanitaire ne s’améliore pas dans le milieu scolaire et que la suspension des cours se prolonge, je pense qu’il faut fixer les examens en deux phases pour les trois paliers. C’est de cette manière qu’on pourra rattraper le retard et les cours perdus, car l’organisation des devoirs, des examens et la correction des copies prennent jusqu’à trois semaines. Il faut rappeler également que nous ne sommes pas en vacances, mais les enseignants ne doivent pas faire de cours particuliers pour ne pas toucher d’abord à la crédibilité de l’Ecole publique et aussi éviter tous rassemblements

Vous avez plaidé pour la gratuité de dépistage de la Covid-19 en faveur du personnel de l’Education et des élèves…
Absolument, nous avons des élèves qui se présentent aux écoles quotidiennement, alors qu’ils avaient des cas d’infection à la Covid-19 chez eux et les chances qu’ils soient contaminés étaient fortes, mais ils ne le disaient pas parce qu’ils savaient que l’enseignant ou l’administration allait leur demander un test négatif de coronavirus pour pouvoir rejoindre la classe.
Et comme ils n’ont pas les moyens de se faire dépister, ils cachent la maladie des leurs pour ne pas rater les cours. Idem pour un enseignant atteint de Covid, il ne peut se permettre de faire des tests de détection à toute sa famille dans le contexte actuel de dégradation de pouvoir d’achat.
C’est pour cela que nous avions appelé à mettre à la disposition des écoles les moyens de dépistage de la Covid-19. Il ne suffit pas de remettre un document aux écoles contenant les règles du protocole sanitaire sans leur donner les moyens de le matérialiser sur le terrain. Il faut être proactif et ne pas attendre à ce que le coronavirus gagne du terrain dans les écoles pour agir.
Il faut savoir également que la Commission nationale des œuvres sociales des travailleurs de l’Education (Cnoste), qui avait pris la mesure d’instaurer des primes et indemnités estimées à 50 000 DA au profit du personnel touché par le coronavirus, n’a pas indemnisé un nombre conséquent du personnel. Près de 20 000 dossiers ont été déposés au niveau de la Cnoste et des commissions de wilaya sans que les travailleurs soient indemnisés.

Quid du statut particulier du personnel de l’Education ?
Nous avons 33 syndicats agréés dans le secteur de l’Education. Le ministère continue de recevoir le partenaire social pour des séances de travail bilatérales qu’il a entamées le 25 octobre dernier afin d’étudier ses propositions. Ces séances devaient durer un mois mais elles se poursuivent jusqu’à aujourd’hui. Nous souhaitons que ce projet de statut particulier traduise les attentes des travailleurs du secteur et corrige les inégalités et injustices décriées par les différentes corporations du secteur.

Qu’en est-il de la révision de la loi modifiant la loi 90-14 qui encadre les modalités d’exercice du droit syndical ?
J’espère que la nouvelle loi garantira et consolidera effectivement le libre exercice syndical, lèvera les entraves à l’exercice syndical et empêchera l’instrumentalisation de la justice contre les syndicalistes. S’agissant du seuil de représentativité de 20% imposé par les pouvoirs publics, il faut se concerter avec la tutelle et lancer des appels à des actions de protestation. Nous avons 50% de travailleurs des différents secteurs de la Fonction publique qui ne sont pas syndiqués, et dans le secteur de l’Education, nous avons 33 syndicats agréés. Je suis persuadé qu’aucun syndicat autonome ne peut justifier 20 % de représentativité. <