Propos recueillis par Khaled Remouche
Reporters : Que pensent les industriels de la filière concernant le retard pris par le projet Solar 1000 MW ?
Mehdi Bendimerad :
Nous, industriels de la filière énergie solaire, sommes prêts à contribuer à la réalisation de centrales photovoltaïques. Cette industrie a besoin de signaux forts si on veut qu’elle investisse et continue à investir dans la filière. On est à l’arrêt. Le cahier des charges est sorti en décembre 2021, cela fait un an. Depuis un an, il n’y a aucune lueur. On n’a pas de réponse par rapport à l’ouverture des plis techniques concernant le projet Solar 1000 MW. On voit bien que le monde attend l’hydrogène vert. Or, l’hydrogène vert est produit à partir de l’énergie renouvelable. Il faut mettre le pied sur l’accélérateur. Les opérateurs de la filière sont prêts à investir, il faut qu’on donne des signes d’encouragement à ces investisseurs à continuer à investir. Pour l’instant, la filière énergie solaire est à l’arrêt. On doit en second lieu faire beaucoup de travail pour inciter les opérateurs étrangers à investir en Algérie, en plus de l’industrie locale dans la production de panneaux, de câbles. Pas seulement pour l’industrie algérienne, mais aussi pour l’Europe. L’Europe, en 2025, aura besoin de 300 000 MW d’énergie. On pourra donc fabriquer en Algérie ces équipements pour l’Europe. Avec tous les avantages comparatifs dont nous disposons, nous serons compétitifs. Nous avons signé des accords de libre-échange avec l’Europe. Nous devons en profiter. Il faut inverser la vapeur. Les entreprises allemandes doivent venir en Algérie pour fabriquer des panneaux photovoltaïques à destination de l’Europe. Avec ces produits, nous augmenterons la valeur de nos exportations.

Que pensez-vous du partenariat Enie-société italienne dans la production d’onduleurs en Algérie?
Toute société qui fabrique des produits de bonne qualité est la bienvenue en Algérie. C’est une avancée parce qu’on transfère un savoir-faire. Mais il faut que ce soit avec des entreprises qui ont justement un savoir-faire.

Quel est le niveau d’intégration de l’industrie locale ?
On est à 50-55%. Pour les structures, on est à 100%. Le câble est fabriqué en Algérie. Pour le silicium, c’est la Chine qui domine. L’intégration se fait progressivement. Pour information, MFG, la filiale de Cevital, va investir dans le verre pour panneaux photovoltaïques.

Quelle est votre appréciation sur cette rencontre?
Les Allemands ont montré qu’ils ont des besoins ; ils sont acheteurs d’énergie algérienne. Ils ont besoin de l’Algérie. Eux-mêmes mettent en relief le potentiel algérien. Le soleil est en Algérie. Le gaz naturel est en Algérie. Ils ont besoin de se diversifier. Ils ont fait une erreur stratégique en s’approvisionnant à partir d’une seule source. Ils ont besoin maintenant de sources d’approvisionnement différentes. Ils ont besoin de la source algérienne.

La meilleure source à court terme est-elle l’exportation de l’ammoniac vert vers l’Allemagne?
C’est là où on a des avantages comparatifs énormes. C’est là où on doit le mettre en valeur. Les Allemands sont demandeurs, nous avons les capacités de production.

Un dernier mot sur la coopération algéro-allemande…
Cela augure un futur positif avec le développement de l’hydrogène vert et donc de l’ énergie renouvelable. Et avec un pays fort comme l’Allemagne, qui est demandeur de produits algériens, c’est un gage de débouchés et un gage de solvabilité et de confiance qu’ont les Allemands envers notre pays, surtout dans l’énergie.