Propos recueillis par Sihem Bounabi
Reporters : Comment vous est venue l’initiative d’aller en Kabylie, ravagée par les incendies, apporter votre aide ?
Leïla Touchi : Dès que j’ai vu les images des ravages des incendies et le nombre important de blessés, étant donné que j’ai une formation de secouriste au Croissant-Rouge algérien, on a décidé de nous rendre sur place avec le groupe de bénévoles. On s’est dit que c’est notre devoir d’aller sur les lieux sinistrés car c’est là où on peut être utile et aider la population en détresse.
Il faut savoir que notre groupe de bénévoles s’est déjà mobilisé dans le cadre de la crise de l’oxygène et du manque de médicaments de la 3e vague de coronavirus. Nous participons à d’autres actions pour aider les plus démunis depuis que l’on s’est réuni en un groupe pour être plus efficaces dans le bénévolat. Et c’est donc en toute logique que face à cette situation catastrophique, dès la soirée de lundi, on a lancé un appel aux dons à travers notre page facebook aux habitants de Fouka, où j’habite, et à toute la région de Tipasa et d’autres localités, bien sûr. Mardi, en fin de matinée, on a réuni tous les dons et on a démarré à destination de Larbaa Nath Irathen.
Une fois arrivé sur place, quel est le constat de la situation ?
C’est vraiment une situation catastrophique et des images apocalyptiques. Les incendies continuaient à s’embraser, les flammes étaient impressionnantes, de 20 à 25 mètres de haut… Il y avait aussi beaucoup de blessés à l’hôpital, des brûlés à différents degrés, des malaises à cause de la fumée, des fractures et des personnes en état de choc. Tout au long de la nuit de mardi à mercredi, les habitants étaient aux côtés des pompiers et des forces de sécurité pour lutter contre le brasier, et c’est un miracle que le village ait été épargné. En fin de cette matinée de mercredi, le feu est plus ou moins maîtrisé même si le vent n’arrange pas les choses, car il y a encore des départs de feu et tout le monde est très vigilant malgré l’épuisement. Je tiens à témoigner et à rendre hommage à la bravoure et la mobilisation de tous, que ce soient les pompiers, les policiers, les services de santé, les habitants de la région. Malheureusement, ils sont épuisés et se battent à bout de force. Ils ont vraiment besoin de renfort et je lance un appel à tous les bénévoles qui peuvent aider, surtout ceux qui sont formés en secourisme et en premiers soins.
Justement, comment peut-on aider ?
Sincèrement, il y a autant besoin de bénévoles que de matériel médical et de denrées alimentaires, tout ce qui peut aider les gens au quotidien. En termes de besoins de médicaments, tout ce qui concerne les premiers secours pour les blessés, c’est-à-dire, Biafine, tulle gras, compresses, sérum pour les yeux, doliprane… Dans le contexte de la pandémie, il faut penser aussi au savon, javel, lingette, masque et gel désinfectant. Beaucoup de personnes ont quitté leur maison en laissant tout derrière elles. Il faut penser aussi aux couches bébé, serviettes et papiers hygiéniques, vêtements pour adultes et enfants, matelas, draps et oreillers. Il faut aussi penser au lait pour bébé, du lait en poudre, des repas froids, du pain de mie, thon, fromage, et de l’eau, beaucoup d’eau potable, car il fait très chaud et c’est la canicule. A cause des coupures d’électricité, les habitants ont aussi besoin de bougies, de lampes torches. Power Bank pour recharger leurs téléphones et rassurer leurs familles, et des groupes électrogènes, surtout pour les malades qui sont sous oxygène. Je remercie à l’avance tous ceux qui peuvent aider, même avec une bouteille d’eau ou un seul tube de Biafine… toute aide est la bienvenue.