La pépinière Paulownia Khermouche, -l’arbre à croissance la plus rapide au monde-, située à Chéraga, non loin de sa consœur Garden, est spécialisée dans la production d’arbres Paulownia, la multiplication des plantes tout en offrant une gamme complète de services pour la mise en place, l’entretien, des plantations pour l’obtention du bois de la biomasse. Lors de la célébration de la Journée nationale de l’arbre dans la wilaya de Tipasa, le Conservateur des forêts semblait réjoui de faire découvrir de nouvelles variétés, dont le Paulownia, une espèce à croissance très rapide dotée de nombreux bienfaits pour l’ornementation, pour l’écologie et pour l’économie puisqu’on peut, en cinq années, commencer à exploiter son bois. D’après le promoteur de la pépinière Paulownia, qui est à l’origine de l’introduction de plusieurs variétés d’arbres, Abdellah Khermouche, celles-ci se sont très bien adaptées en Algérie et offrent de nombreux avantages dont celui de protéger la biodiversité citant le Paulownia qui absorbe 22 kg de CO2 et rejette 6 kg d’oxygène.
Reporters : Comment êtes-vous venu à ce métier de pépiniériste et de découvreur de nouvelles variétés, vous qui étiez un cadre dans les finances ?
Khermouche Abdellah : C’est à la suite de mes voyages à l’étranger que j’ai découvert ces variétés dont l’arbre Paulownia qui a déjà fait ses preuves au Maroc, où sont plantés plus de 1 000 ha.
L’expérience a bien donné, pas seulement au Maghreb, mais même en Algérie puisque nous avons planté des centaines de spécimens de cet arbre dans plusieurs wilayas, dont Alger, Sétif dans la région de Babors, à Béchar et à Adrar. On a dépassé le stade de lancement de l’expérience car, à ce jour, cela fera en tout près de 6 000 plants mis en terre, qui se sont très bien acclimatés aux différentes régions citées.
L’expérience est d’autant plus intéressante que c’est un arbre qui s’adapte bien sur les sols pauvres, dans les régions chaudes aussi. Nous n’avons pas que le Paulownia dans notre pépinière qui se trouve à Chéraga, nous avons introduit d’autres plantes exotiques comme la Stévia et le Moringa Oleifera.
Est-ce qu’on peut dire que l’expérience, c’est-à-dire l’introduction de cet arbre venu d’Asie en Algérie, a donné les résultats escomptés ?
Absolument, on est très satisfait du résultat et la preuve est là avec nos plants exposés et plantés ici dans la forêt. Concernant la Stévia, nous travaillons actuellement avec l’Institut national de recherche forestière (INRF) de Bainem où nous avons développé l’extraction du sucre de cette plante. Pour la Stévia, je peux dire que nous avons dépassé le stade expérimental aussi, car elle pousse bien et nous avons des plants qui font déjà plus d’un mètre. C’est une plante qui se développe très bien en Algérie et d’ailleurs mieux qu’en Europe. En plus, il faut ajouter qu’il y a beaucoup d’investisseurs étrangers, dont des Tunisiens, qui viennent l’acheter ici pour la revendre en Europe. Du côté de Ghardaïa, aussi, les gens ont commencé à la consommer en remplacement du sucre blanc. Un kilo de Stévia dépasse les 300 kg d’aspartame. De plus, cette plante est naturelle et contient zéro calorie. Nous allons, bientôt, commencer la production de sucre de Stévia, nous avons signé une convention avec une société qui va installer un atelier de production, incessamment, car nos démarches ont abouti et nous avons obtenu l’autorisation de production.
L’autre nouveauté, exposée ici à Sidi Slimane, est le Moringa. Alors, dites-nous quel est l’intérêt de cet arbre, qualifié de plante médicinale ?
Oui, c’est exact, on peut la prendre en tisane, consommer ses graines et surtout utiliser son tourteau pour le traitement, l’épuration et la purification des eaux.On produit, également, à partir de cet arbre, une huile essentielle qui est très prisée pour ses vertus en matière de soins et autres traitements de beauté…
Son huile coûte très chère en Europe. Le flacon d’huile de 100 mg est vendu à 180 euros pour la fabrication de cosmétiques et autres préparations médicinales. Chez nous, son exploitation est à titre expérimental avec l’INRF.
Pour revenir à cet arbre majestueux qu’est le Paulownia, pensez-vous que son introduction en Algérie vaut la peine d’être tentée ?
Absolument et sans hésitation, car les premières plantations se sont très bien adaptées et sont en pleine croissance. L’intérêt de cet un arbre est qu’il peut être utilisé comme fertilisant de la terre, sa feuille dépasse parfois les 85 cm et absorbe 22 kg de CO2 et rejette 6 kg d’oxygène par jour.
De plus, c’est un excellent arbre anti-feux, les Portugais l’ont planté comme une ceinture anti-incendie, en alignement dans les tranchées pare-feu à l’intérieur des forêts. De plus, son poids est super léger et peut remplacer l’aluminium et, de surcroît, très solide. Il peut résister aux feux et aux incendies jusqu’à 400 degrés. Son implantation dans la ville peut être d’une grande valeur écologique, car il peut constituer un poumon vert. Au bout de 2 à 3 années, on peut utiliser quelques parties de l’arbre dans les parfums, également. A Jijel et à Sétif, du côté de Kherratta, nous l’avons planté surtout dans les montagnes à plus de 1 400 mètres d’altitude où il se porte bien.
Alors, Messieurs les forestiers, les agriculteurs, les responsables de l’environnement, des travaux publics, il faut sortir des sentiers battus et oublier les acacias et autres palmiers qui périssent à vue d’œil. Ces derniers sont loin d’avoir fait leurs preuves et font l’objet d’un gaspillage énorme, comme c’est le cas à Tipasa à l’entrée de l’autoroute où, pour la seconde fois consécutive, plus de 200 palmiers sont en train de périr faute d’adaptation ou de soins !
Voici un arbre à planter, qui peut être bénéfique à tous d’autant qu’on sait que Tipasa a perdu, cette année 2 200 ha de forêt, détruits par le feu depuis le 1er juin. n