L’artiste plasticienne Asma Hamza et le photographe Mohamed Fouad Belkacem, qui ont présenté une cinquantaine d’œuvres à l’occasion de l’exposition «la Croisée de deux arts » organisée par l’Agence algérienne du rayonnement culturel (Aarc), abordent dans cet entretien croisé leur parcours, leurs démarches artistiques ainsi que leurs projets…

Reporters : Vous avez présenté une exposition intitulée « la Croisée de deux arts». Avant d’en parler, pouvez-vous revenir en quelques mots sur vos parcours et sur votre rencontre avec les arts ?
Mohamed Fouad Belkacem :
Entre la photographie et moi, je dirais qu’il y a une « histoire » de près de 20 ans. En fait, pour être plus précis, quand j’étais enfant j’avais débuté avec d’autres arts, le dessin et la peinture notamment. Cependant, étant de nature très pressé, avec toujours la volonté de faire beaucoup de choses en même temps, j’ai rapidement trouvé que la photographie était plus adaptée pour figer le mouvement, pour essayer de parler artistiquement. Mais je reste toujours passionnée par la peinture et les arts, en général. Et plus encore, c’est même grâce à la lecture de livres sur de grandes figures de la peinture que tout a  commencé pour moi.
Asma Hamza : Personnellement, j’avais exposé en août 2013 à Alger au Centre culturel Mustapha-Kateb, par la suite, je me suis orientée vers un parcours plus classique, la banque, où j’ai travaillé durant quatre ans. Mais, bien sûr, le travail quotidien a pris le dessus sur les arts. Mais, j’ai néanmoins réussi à changer de vie grâce au soutien de Fayçal Chaib, qui a cru en moi. Il m’a encouragée et, aujourd’hui, je me consacre à la peinture ainsi qu’à la musique, une autre de mes passions.

On remarque que l’exposition « la Croisée de deux arts » – visible jusqu’au 22 janvier prochain à la galerie  Ezzouar’Art » – met en avant une sorte de dialogue entre les deux modes d’expression. Par exemple, l’une des photos, un portait, est reproduite en peinture…  
Asma Hamza : Oui, l’exposition est un croisement de deux arts, deux mondes, deux vies… Cela a été dès le départ un travail commun. Et la toile à laquelle vous faites allusion symbolise ce croisement. Mohamed Fouad Belkacem a réalisé le portait et moi je l’ai travaillé à travers la technique de la calligraphie. En fait, toute la disposition de l’exposition marque également ce dialogue. Nous avons volontairement placé les œuvres dans deux couloirs : ce sont les deux mondes artistiques et le portrait fait la jonction entre les deux.
Mohamed Fouad Belkacem : Pour moi, le travail a commencé en 2014, l’année où j’ai réalisé les plus anciennes photos exposées. A ce moment-là, cet art a été une bouée de sauvetage. Je suis informaticien de métier et la photo m’a aussi « sorti » de ce milieu professionnel stressant. Et aujourd’hui, j’essaie de transmettre tout ce que je vois durant mes voyages. Et comme vous avez pu le voir, je reste essentiellement dans le minimalisme, cela permet d’attirer le regard sur le détail.

Justement pouvez-vous nous parler de votre technique et de vos projets où le Sahara reste très présent ?
Mohamed Fouad Belkacem : En fait, l’étymologie du mot photographie est  photo, c’est-à-dire lumière, et graphie, écriture. L’idée est donc d’écrire avec de la lumière, de rechercher son effet sur les surfaces, les humains, les objets, les formes la nature… C’est ce que j’essaie de faire à travers les œuvres que j’expose. Et pour le  Sahara, j’ai aussi une histoire particulière avec lui. Enfant, j’y ai vécu durant sept ans, je connais très bien le Sud-Ouest, il me restait encore le Sud-Est. J’ai donc fait le Tassili, je suis parti jusqu’au Niger à la frontière avec la Libye. Mais il me reste encore beaucoup à faire, le « Sefar»,  notamment et j’ai actuellement plusieurs projets.

Et pour vous, Asma Hamza ? Je crois savoir qu’en plus de peindre, vous préparez également une « galerie virtuelle », un projet qui pourrait profiter aux artistes. Pourriez-vous nous en dire plus ?  
Asma Hamza : Oui, c’est bien le but du projet de  ma galerie virtuelle, que j’ai baptisée Galdi, celui de donner plus de visibilité aux artistes. En fait, chaque fois que je visitais les galeries d’art d’Alger, je remarquais que, dès le lendemain, des vernissages, il n’y avait que très peu de visiteurs. L’idée est donc de permettre aux œuvres d’aller elles-mêmes à la rencontre du public, chez eux.  Et c’est encore Fayçal Chaib qui, de son côté, a lancé la start-up et l’application «Nbatou», qui m’a aidé à créer Galdi. Dans un premier temps, je présenterais mes tableaux avec pour objectif de lancer le projet, de comprendre et d’étudier le rapport du public avec les artistes. Puis, Galdi sera ouvert à tous les artistes, peintres, photographes, à terme, j’espère que ce sera une façon de promouvoir l’art et les artistes.