Propos recueillis par Milina kouaci
Reporters : Une campagne de vaccination du personnel de l’Education nationale a débuté hier matin et se poursuivra jusqu’à jeudi prochain pour faire face à la flambée des cas de la Covid-19 dans les écoles. Comment évaluez-vous l’engouement du personnel au premier jour de cette campagne ?
Abdelkrim Gaïd :
Il faut savoir en premier lieu qu’il y a un manque de coordination entre les deux ministères qui n’ont pas été assez précis. L’organisation d’une deuxième campagne de vaccination au profit des travailleurs du secteur, après une première campagne amorcée en septembre dernier, n’est destinée que pour la consommation médiatique. Il faut savoir que le personnel, convaincu de la nécessité de la vaccination, l’a fait avant le lancement de la première campagne sans attendre une initiative ou une coopération entre les ministères de la Santé et de l’Education. Par conséquent, je pense que même si l’on organise d’interminables campagnes de vaccination, les personnes hésitantes ne se feront pas vacciner et les campagnes de vaccination n’auront pas les effets escomptés.

A quoi renvoyez-vous cette défiance ?
D’abord, nous n’avons cessé de déplorer la non-application du protocole sanitaire dans les écoles dû au manque de moyens de lutte et de prévention contre la propagation de coronavirus, dont les plus rudimentaires, comme l’eau courante en particulier, dans le cycle primaire. Les Assemblées communales n’honorent pas leurs engagements envers les écoles primaires, le ministère de l’Education se contente de nous envoyer une documentation sur l’application du protocole sanitaire, alors que nous n’avons pas les moyens de la matérialiser sur le terrain. Les écoles primaires sont délaissées par les APC et les responsables de l’Education refusent de les prendre en charge. Il ne faut pas se contenter de communiquer des chiffres à chaque rentrée scolaire sur le nombre d’écoles réceptionnées, les tables fournies ou le nombre d’élèves qui bénéficient de la prime de solidarité. L’école primaire n’est pas un dépôt, elle est la base de l’éducation et de la formation des enfants.
Et voilà que la tutelle décide de fermer les écoles sans aviser son partenaire social. La décision d’avancer les vacances d’une semaine est improvisée.

Quel impact pourrait avoir cette décision sur l’application du programme ?
L’élève en temps normal fait 30 heures par semaine. Mais depuis la propagation du coronavirus et la situation exceptionnelle qui prévaut, le ministère a adopté le mode d’enseignement par alternance de groupe. Ce mode d’enseignement a réduit le nombre de séances dispensées aux élèves, qui ne font que 10 heures par semaine. Maintenant que les vacances ont été avancées d’une semaine, les écoliers seront privés de 10 heures de cours avant la reprise du deuxième trimestre. Et je pense que la reprise dépendra de l’évolution de la situation sanitaire.

Le Cnapeste a annoncé la poursuite de son mouvement de grève à partir du 2e trimestre et la CSA, constituée entre autres par des syndicats de l’Education, menace de recourir à la grève pour faire valoir ses revendications. Quid des directeurs des écoles primaires ?
Pour l’instant, nous n’avons pas encore été reçus par la commission technique chargée de la révision du statut particulier. Le Snadep va tenir des assemblées générales et conseils régionaux dès qu’il sera reçu par cette commission, afin de décider des actions à entreprendre. Si la base militante est favorable pour une action de protestation, on renouera avec les actions de protestation.
Ce que je peux dire est que le premier trimestre est bouclé sans que le pouvoir d’achat ne s’améliore, sachant que le président de la République a instruit d’augmenter la valeur du point indiciaire et de réduire l’IRG.

Que pensez-vous de l’annulation de l’examen de 5e AP ?
C’est une décision qu’on applaudit. Un élève de 5e n’a pas l’âge de passer un examen officiel et national. Mais aucune note officielle ne nous est parvenue sur le remplacement de cet examen par un autre, comme l’a annoncé le ministre de tutelle jeudi dernier.
Des acteurs appellent à la révision des programmes. Le ministère a installé dernièrement un Conseil national des programmes (CNP), censé émettre des avis et faire des propositions sur les questions relatives aux programmes éducatifs…
Le système éducatif a besoin d’une restructuration. Les programmes, notamment ceux du primaire, sont chargés et non adaptés à l’âge et au niveau intellectuel des élèves qui n’arrivent pas à assimiler les cours.