La Confédération algérienne du patronat citoyen (CAPC) milite pour une réorganisation du travail en milieu d’entreprise. Son président, Sami Agli, estime que cette réorganisation passe par la digitalisation et le télétravail.
Par Salim Benour
Son argument est que les technologies permettent de rendre aujourd’hui compatibles l’emploi à distance et la performance. En citant des spécialistes du monde du travail et des évolutions rapides qu’il connaît depuis un certain nombre d’années déjà, il considère que le travail à distance, quand il est bien coordonné autour d’un objectif, assure une meilleure rentabilité que de voir le personnel se rendre à l’entreprise ou à l’usine, perdant du temps et de l’énergie dans les transports. Mais la grande thèse qu’il a défendue à ce propos se tient dans la leçon de la Covid-19.
Sous le thème de la rencontre que la confédération a organisé, hier au Sofitel d’Alger, avec le cabinet Deloitte Algérie, « les enjeux du capital humain à l’ère de la Covid-19 », M. Agli a déclaré que nous ne sommes pas à l’abri de nouvelles menaces pandémiques et que l’enjeu, pour le monde de l’entreprise, est de s’adapter aux éventuelles crises sanitaires, en introduisant les TIC. Le président de la CAPC a indiqué, à ce titre, que le passage au télétravail, imposé par la crise sanitaire de la Covid-19, était une « exigence » pour la continuité des activités des entreprises, appelées, selon lui, à se préparer à de nouvelles crises, en adoptant ce mode de travail à distance en utilisant les nouvelles technologies. En 2020, a-t-il rappelé aux participants, de nombreuses PME/PMI algériennes ont recouru au télétravail, ce qui a permis de limiter l’effet négatif de la Covid-19 sur l’activité des services, du management et de l’administration. Le travail à distance a donné des résultats « probants », a-t-il affirmé. Damien Jacquart, responsable à Deloitte Algérie, a rappelé, pour sa part, que la crise sanitaire a accéléré le mouvement de digitalisation et imposé de nouveaux modes d’organisation du travail dans les entreprises.
Ainsi, Directeur général de Trust Assurance, Abdelhakim Hadjou a expliqué que la pandémie avait poussé la compagnie à réorienter sa stratégie d’organisation et son système de gestion. Aujourd’hui, dit-il, les assurances doivent s’orienter vers des systèmes de prestation sur le web en matière de production, de souscription de contrats ou encore en indemnisation des clients. M. Hadjou a avancé, qu’après les années difficiles 2019 et 2020, le chiffre d’affaires de l’entreprise a augmenté de 7% au 3e trimestre 2021. La nouvelle organisation au sein des compagnies d’assurance à travers leurs stratégies de digitalisation permettra de renforcer la prestation et de fournir plus d’effort à la clientèle en matière d’offres de souscription et d’indemnisation, a-t-il défendu.
Si la digitalisation du travail est en cours et qu’elle est accélérée par la généralisation de l’outil informatique, devenu la voie de secours pour sauver l’emploi au plus fort de la crise sanitaire, il reste que le droit du travail ne suit pas le même rythme. La législation dans ce domaine est donc appelée à changer, sauf que le débat sur ce changement, contrairement aux pays développés, n’est pas encore totalement à l’ordre du jour en Algérie. La rencontre organisée par la CAPC est un début.