Le chef de l’Etat, Abdelmadjid Tebboune, a remis sur table, dimanche, la question de l’ouverture du capital des entreprises et des banques publiques, une année après avoir été soulevée, pour la première fois, lors de la Conférence nationale pour le plan de relance, par l’ex-ministre de l’Industrie, Ferhat Ait Ali. Si le Président de la République décide de ressusciter le projet, c’est parce que ce chantier, qui devait se concrétiser dès cette année avec, comme première phase, une introduction de deux banques publiques à la cotation boursière, n’a pas évolué d’un iota.

Par Hakim Ould Mohamed
Dimanche dernier, en Conseil des ministres, le Président de la République a instruit son gouvernement à l’effet d’ouvrir le capital des sociétés publiques, y compris les banques. Le chef de l’Etat a également ordonné au gouvernement, à la même occasion, de trouver des solutions efficaces pour la gouvernance des groupes et banques publics et de s’éloigner de la gestion administrative pour développer le secteur industriel. C’est ce qu’on peut lire en tout cas dans le communiqué rendu public à l’issue dudit Conseil des ministres. Pour ainsi dire, la privatisation partielle de certaines entreprises et banques publiques est sérieusement envisagée par l’Etat, en témoigne les recommandations, dimanche, du chef de l’Etat qui relance de plus belle l’option maintes fois abandonnée d’une privatisation partielle des banques et des entreprises publiques via le marché financier. L’option d’une privatisation partielle de certaines entreprises et banques publiques avait déjà émergé en 2014, lorsque le gouvernement de l’époque avait dit vouloir introduire en bourse huit (08) entreprises publiques après la validation du Conseil de participation de l’Etat. L’opération devait se concrétiser courant 2015 avant que le gouvernement de l’époque ne se retire sur l’Aventin. Il s’était agi de l’introduction en bourse du Crédit populaire d’Algérie (CPA), les trois cimenteries publiques relevant du groupe industriel des ciments d’Algérie (GICA), la compagnie d’assurance CAAR, Cosider Carrières, filiale du groupe public du BTPH Cosider, l’entreprise Hydro-aménagement et l’opérateur de téléphonie mobile Mobilis. Ces entreprises étaient soumises à un travail d’audit et d’évaluation des actifs, un processus préalable à leur introduction en bourse. Ce projet a été abandonné ensuite pour des raisons -jusqu’ici- inexpliquées. Ce n’est pas faute d’une législation autorisant de telles opérations que l’idée de l’ouverture du capital de ces entreprises a été étouffée dans l’œuf, puisque, faut-il le préciser, le cadre juridique relatif à l’ouverture du capital de certaines entreprises publiques à l’investissement privé, à raison de 66% pour ces dernières et de 34% pour celles relevant du secteur privé, existe depuis plusieurs années. Abandonné en 2015, faute de volonté politique réelle, le projet d’une privatisation partielle de certaines entreprises et de deux banques publiques a été repris vers la mi-2020. L’annonce a été faite par l’ex-ministre de l’Industrie, Ferhat Ait Ali, lors de la Conférence nationale pour le plan de relance, indiquant qu’une réflexion sur l’ouverture du capital de certaines entreprises publiques était engagée par le gouvernement. Aïmene Benabderrahmane, alors ministre des Finances, a aussitôt pris le relais pour annoncer que deux banques publiques étaient également concernées par l’option d’une privatisation partielle au moyen de la Bourse d’Alger. En effet, outre les entreprises publiques, deux banques devaient également ouvrir leur capital dès cette année. Début décembre 2020, Aïmene Benabderrahmane avait indiqué que l’ouverture du capital de deux (02) banques publiques aura lieu courant 2021 à travers la Bourse d’Alger dans le cadre des réformes gouvernementales du système financier national. Peu d’avancées ont été concrétisées depuis, ce qui a amené le Président de la République à intervenir en Conseil des ministres, en ordonnant à son gouvernement d’accélérer le projet. n