Les prix du pétrole ont perdu près de 15 dollars en moins d’un mois, après avoir culminé début octobre à leur plus haut niveau depuis deux ans et demi, avec un baril de Brent à plus de 85 dollars.

Cette évolution plutôt imprévue a de quoi susciter des interrogations, d’autant qu’elle a été provoquée à l’approche l’entrée en vigueur des sanctions américaines contre les exportations pétrolières de l’Iran, en sa qualité de troisième producteur de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) et acteur clé du marché mondial.
Ces sanctions sont effectives depuis hier, mais les marchés étant fermés samedi et dimanche, la réaction des cours était attendue pour ce lundi, jour d’ouverture hebdomadaire, sur fonds d’analyses qui augurent d’un retour à la hausse des prix, et même d’une flambée qui porterait le baril encore plus haut que les 85 dollars affichés début octobre dernier.
Or, même si le marché va être complètement focalisé sur les exportations de l’Iran, et que les Etats-Unis Unis vont viser les acheteurs de pétrole iranien afin de priver Téhéran de sa principale source de revenus, la flambée redoutée risque de ne pas avoir lieu, sachant que Washington a déjà octroyé des exemptions pour huit pays, selon l’annonce faite vendredi par le chef de la diplomatie américaine Mike Pompeo, sans nommer ces Etats.
Une démarche qui permettrait à des quantités de brut iranien de quitter le pays et de réduire, même légèrement, de l’impact de l’interdiction des exportations faite à ce pays. Visiblement, Donald Trump ne veut pas risquer l’aventure de sanctions qui réduiraient les exportations iraniennes à zéro baril, préférant jouer la carte de l’ambiguïté et autoriser certains pays s’approvisionner chez son «ennemi» que de voir une flambée des cours avoir ses effets sur les prix de l’essence et affecter le moral des Américains. Pareil scénario représente sans doute un danger pour le président américain à la veille des élections de mi-mandat. «Si les prix recommencent à grimper ou qu’un autre grand producteur a des difficultés, cela pourrait mettre les États-Unis sous pression et faire émettre de nouvelles exemptions», a jugé Riccardo Fabiani, d’Energy Aspects.
Parmi les pays qui pourraient augmenter leur production afin de compenser la baisse prévue de pétrole iranien, l’Arabie saoudite se trouve en tête de la liste. Riyad a d’ailleurs déjà émis plusieurs fois des assurances dans ce sens à destination de l’administration américaine. Sauf qu’en voulant satisfaire l’allié américain, le Royaume risque d’épuiser ses capacités de réserves, font remarquer les acteurs du marché.
«L’Arabie saoudite peut produire 12 millions de barils par jour, mais à condition d’investir», estime M. Hancock, alors que le pays produit actuellement un peu moins de 11 millions de barils par jour. Selon lui, Riyad ne peut toutefois compter pour l’instant que sur 300 000 barils par jour de capacité de réserve, c’est-à-dire dont l’extraction peut être lancée en moins de 30 jours. Le même analyste considère que «la vraie hausse, c’est l’Irak, qui exporte
4,2 millions de barils par jour». Un volume qu’il dit n’avoir «jamais vu»