Le budget global, ainsi que les multiples dépenses allouées à l’Enseignement supérieur auraient atteint, cette année, leur plus haut niveau « depuis l’Indépendance » avec près de 468 milliards de dinars pour le «fonctionnement» et «l’investissement».
Par Nadir Kadi
Un montant record, que le Directeur des Finances au ministère de l’Enseignement supérieur, Abdelhakim Djebrani, a commenté hier en expliquant qu’il s’agissait principalement d’accompagner l’augmentation du nombre d’étudiants, l’Algérie comptant aujourd’hui «1 669 000 étudiants dans les différents cycles de formation, y compris dans la formation continue». Abdelhakim Djebrani, qui s’est exprimé sur les ondes de la Radio nationale Chaîne III, déclare qu’en 2022 «le budget de fonctionnement du secteur a atteint, et pour la première fois depuis l’Indépendance, le seuil des 400 milliards de dinars», le budget d’investissement serait pour sa part à «68 milliards de dinars». Des enveloppes, qui représentent entre «6 et 7%» du budget de fonctionnement de l’État : «C’est très important et cela dénote de l’importance que revêt ce secteur pour les pouvoirs publics.» Elles s’expliqueraient par ailleurs, selon le même responsable, par la population estudiantine qui «n’a cessé de progresser (…) depuis l’année 2000, elle a été multipliée par 4». Cette évolution nécessite l’augmentation des dépenses pour maintenir «une prise en charge qualitative». En ce sens, annonçant hier que le travail d’investissement du secteur devrait aboutir à l’ouverture de «15 nouvelles résidences» d’ici la prochaine rentrée. Trois nouvelles écoles nationales supérieures devraient également être ouvertes à Alger, Sidi Abdellah, pour les technologies avancées et à El Oued et Adrar pour les technologies d’agronomie saharienne. Abdelhakim Djebrani rappelle que le pays compte aujourd’hui «111 établissements sous tutelle». Cependant, et bien que l’effort financier est notable, le responsable du secteur de l’enseignement supérieur reconnaît que le budget est en grande partie consacré aux salaires. «Il est vrai qu’à cause des difficultés financières qu’a connu le pays dès 2016, le ratio entre les frais liés à la masse salariale et la partie liée au fonctionnement pédagogique est passé à peu près de 80%-20% à environ 90%-10% (…) Mais c’est une moyenne, ce n’est pas le cas au niveau de tous les établissements d’enseignement supérieur. Par ailleurs, nous travaillons à réduire cet écart pour nous rapprocher des normes universellement admises, c’est-à-dire environ 75% pour la masse salariale et 25% pour les autres frais, dont l’activité pédagogique». Quant à la délicate question du «coût» du secteur pour l’Etat, mais surtout de la capacité du pays à continuer à accompagner la hausse annuelle, Abdelhakim Djebrani explique : «A l’heure actuelle, les budgets des établissements d’enseignement supérieur sont à 99%, du fait de subventions directes de l’Etat», le 1% restant «revient aux ressources propres». Dans ce contexte, le secteur travaille à l’élaboration de nouveaux textes juridiques pour «permettre d’autres sources de financement» et notamment par «la création de filiales au sein des établissements» ou encore en prodiguant des «missions d’expertise, d’études ou de formation continue pour les autres secteurs». Pour rappel, le coût de la formation «peut aller de 80 000 dinars par étudiant et par an jusqu’à plus de 1 million de dinars par étudiant et par an». Une moyenne plus juste serait, cependant, de 240 000 dinars par étudiant et par an «si l’on ajoute le coût de certains moyens pédagogiques» et de «280 000 dinars en intégrant les coûts des investissements» du secteur. Et dans le détail, il apparaît que les formations liées aux filières scientifiques restent les plus onéreuses par leur nature mais également par leur durée, ainsi Abdelhakim Djebrani explique : «Toutes ces formations exigent un volet pratique qui accompagne la formation théorique (…) cela nécessite des moyens.» Le même responsable, en prenant l’exemple des formations en médecine, fait savoir que le coût de formation y est en moyenne de 400 000 dinars, notamment à cause des «rangs magistraux qui entraînent l’augmentation de la masse salariale». L’investissement y serait également important, depuis «3 ou 4 ans», souligne M. Djebrani. Le secteur met en place des «centres de simulation médicale (…) Une nouveauté qui coûte chère, qui est déjà effective au niveau de certains centres et le programme est en cours avec d’autres acquisitions pour d’autres facultés». n